Attaque d'AnnecyBorne: «Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable»
ATS
9.6.2023 - 01:19
Un réfugié syrien armé d'un couteau a blessé jeudi matin six personnes, dont quatre très jeunes enfants, dans un parc à Annecy en France. L'attaque «sans mobile terroriste apparent» a suscité une vague d'émotion.
09.06.2023, 01:19
09.06.2023, 08:07
ATS
L'agresseur, «un réfugié politique qui serait sans domicile fixe, arrivé à Annecy à l'automne 2022» n'était «ni sous l'emprise de stupéfiant ni sous l'emprise d'alcool», a déclaré la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis au cours d'un point de presse.
«En l'état, on n'a pas d'éléments qui pourraient nous laisser entendre qu'il y a une motivation terroriste», avait-elle déclaré un peu plus tôt dans l'après-midi. «On essaie de comprendre son mobile», a-t-elle dit en fin de journée, «je ne peux pas exclure à ce stade un acte insensé».
France: une attaque sanglante sème l'épouvante dans un parc d'Annecy
Un réfugié syrien armé d'un couteau a blessé jeudi matin six personnes, dont quatre enfants de 22 à 36 mois dans un parc à Annecy, une attaque qui a suscité une vague d'émotion en Europe.
08.06.2023
Un examen psychiatrique est prévu vendredi matin, a précisé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, invité au 20H de TF1. «Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable», a pour sa part déclaré Elisabeth Borne qui s'est rendue sur place pour «exprimer tout le soutien et toute la solidarité de la nation».
Macron sur place
Agés de 24 à 36 mois, les quatre enfants blessés, dont un Britannique et un Néerlandais, ont été transférés à Genève et à Grenoble après des premiers soins sur place. «Leur état de santé est extrêmement fragile, ils sont toujours en urgence absolue», a indiqué la procureure.
Le président Emmanuel Macron se rend ce vendredi sur place, a indiqué l'Elysée. «A la suite de l'attaque survenue hier, le président de la République et son épouse se rendent aujourd'hui aux côtés des victimes et de leurs familles ainsi que de l'ensemble des personnes qui à Annecy ont contribué à leur apporter aide et soutien», a-t-il été communiqué.
«Lâcheté absolue»
Un adulte a été hospitalisé après avoir été blessé par l'agresseur puis touché par les tirs de la police pendant l'interpellation, un autre adulte a été touché plus légèrement. Le président français Emmanuel Macron a pour sa part dénoncé une «attaque d'une lâcheté absolue». «La Nation est sous le choc», a-t-il écrit sur son compte Twitter.
L'homme, de nationalité syrienne et né en 1991, avait obtenu l'asile en Suède en 2013 où il a vécu pendant 10 ans. «Il n'a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède», a confié son ex-épouse, jointe par l'AFP.
De même, sa mère, qui vit aux Etats-Unis depuis dix ans, a confié être «en état de choc». Selon elle, il souffrait d'une «grave dépression».
«Lui ne m'a rien dit. C'est ma belle-fille qui m'a dit ça», a-t-elle précisé. «Elle disait qu'il n'était jamais bien, toujours déprimé, avec des idées noires, il ne voulait pas quitter la maison, il ne voulait pas travailler...» «Il a demandé la nationalité, il a eu un rejet», a priori parce qu'il a fait l'armée syrienne, a-t-elle poursuivi: «ça l'a probablement rendu fou».
«Coïncidence troublante»
Ce père d'une enfant de 3 ans était en situation régulière quand il est arrivé en France, il y a quelques mois. Dans une nouvelle demande d'asile déposée en France en novembre 2022, il s'était déclaré «chrétien de Syrie», selon une source policière. Et il portait une croix chrétienne quand il a été interpellé.
Selon Gérald Darmanin, les autorités françaises lui ont notifié dimanche dernier, le 4 juin, qu'il ne pouvait obtenir l'asile en France puisqu'il l'avait déjà en Suède. Interrogé sur le lien possible entre ce refus et le passage à l'acte, il a parlé d'une «coïncidence troublante».
Ce dimanche, a-t-il ajouté, le réfugié avait été contrôlé par la police car «il se serait lavé dans le lac d'Annecy (....) une main courante a été faite, et il n'y avait rien à lui reprocher particulièrement».
«Au nom de Jésus!»
L'attaque est survenue vers 09h30 sur une aire de jeux, aux abords du jardin de l'Europe, dans le centre historique d'Annecy. L'homme vêtu d'un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, s'est attaqué aux enfants, selon des images du drame authentifiées par l'AFP. On le voit dans cette vidéo lever les bras au ciel et crier en anglais «au nom de Jésus!».
Ce cri ne justifie pas en soi une saisine du parquet anti-terroriste, selon une source proche du dossier, expliquant que ce choix a déjà été fait pour des individus criant «Allah akbar» en passant à l'acte, mais sans élément attestant d'une idéologie djihadiste.
D'autres images relayées par la presse le montrent en train de courir au milieu d'une pelouse, couteau à la main. «Un couteau pliable type Opinel», a indiqué la procureure. Selon différents témoignages, l'agresseur a tenté de s'enfuir et attaqué une personne âgée avant d'être interpellé par la police. Les secours ont été alertés à 09h41, l'intervention déclenchée immédiatement et l'homme interpellé quatre minutes plus tard, selon un chronométrage diffusé par la police.
«Effroyable»
L'attaque a semé l'effroi dans cette ville d'eau habituellement très calme. «Ce qui s'est passé est inacceptable, effroyable. Ce n'est jamais arrivé sur Annecy», a déclaré le maire écologiste François d'Astorg en faisant part de sa «colère». Une cellule de crise, une cellule de soutien psychologique et un dispositif d'information à destination du public ont été déployés.
L'aire de jeux a rouvert dans l'après-midi, rapidement fleurie par une dizaine de bouquets, en hommage aux victimes, puis des roses blanches, un papier avec un coeur dessiné et des messages aux enfants. L'attaque a suscité une avalanche de réactions dans le monde politique, des élus de droite et d'extrême droite mettant en avant l'origine et le statut de l'agresseur.
Un collectif d'extrême droite a manifesté dans la soirée à Annecy, malgré un décret d'interdiction publié par la préfecture. Entre 30 et 50 militants ont chanté la Marseillaise à l'heure du rendez-vous, avant de prendre la direction du parc puis de se disperser dans le calme sous la surveillance des forces de l'ordre.