«Tout à donner» En dix ans, des milliers d'objets ont trouvé preneur! 

Valérie Passello

5.5.2022

Créé il y a exactement dix ans, le groupe Facebook «Tout à donner région Chablais-Riviera» compte aujourd'hui près de 7600 membres. Le principe: mettre à disposition de la communauté des objets dont on ne veut plus, mais qui sont susceptibles de faire le bonheur d'autrui. Un système qui roule, à condition de respecter certaines règles. Retour sur une belle aventure.

La fondatrice de la page Marianne Lièvre (à g.) et l'administratrice actuelle Christèle Mettraux sont fières du succès de «Tout à donner région Chablais-Riviera».
La fondatrice de la page Marianne Lièvre (à g.) et l'administratrice actuelle Christèle Mettraux sont fières du succès de «Tout à donner région Chablais-Riviera».

Valérie Passello

L'une est factrice retraitée et heureuse grand-maman, l'autre est conseillère bien-être et mère de trois enfants. Marianne Lièvre et Christèle Mettraux ne se côtoyaient pas dans la vie, mais elles ont fait connaissance à travers une page Facebook: «Tout à donner région Chablais-Riviera». La première a créé le groupe le 13 mai 2012, la seconde en est aujourd'hui l'administratrice.  

Sur ce groupe, pas un jour ne passe sans que quelqu'un poste une offre. Ici, on donne une paire de rollers, là un frigo, plus loin un siège bébé, des vêtements, des meubles, etc... Le mois dernier par exemple, 241 publications s'y sont succédées. Autant d'objets qui sont passés dans de nouvelles mains au lieu d'échouer à la déchetterie. 

Marianne Lièvre se souvient: «Il y a dix ans, mon mari et moi vivions une période financière difficile. De plus, nous étions amenés à garder souvent notre première petite fille. Pour cela, il nous fallait du matériel.» Marianne se met alors en quête de réseaux où trouver des articles à petits prix ou même gratuits. Elle trouve un groupe à Lausanne, mais cela fait un peu trop loin pour elle. 

Alors elle se lance: elle crée son groupe Chablais-Riviera, en se disant: «On verra bien!» Et en dix ans, elle a bien vu le succès de son idée! Si les deux premières années ont été relativement calmes, la page a fini par «décoller», se réjouit sa fondatrice. Pas moins de de 7588 personnes y sont actives à l'heure où nous écrivons.

Des piscines et des voitures!

Parfois, les dons peuvent être surprenants, relate Christèle Mettraux: «Parmi les objets les plus fous, nous avons eu plusieurs piscines, des jacuzzis, des voitures ou encore des motos». La générosité des uns suscite d'ailleurs parfois l'émoi au sein de la communauté. «Lorsque les dons sont importants, on fait un peu plus attention au suivi», note Christèle Mettraux.  

À noter que, pour faire partie de la communauté, les membres doivent approuver une charte. Celle-ci fixe les règles à respecter afin d'éviter tout problème. Par exemple, une personne qui offre un bien doit attendre un certain laps de temps avant de l'attribuer et s'abstenir de publier son offre sur d'autres groupes.

«Au début, la règle était 'premier arrivé, premier servi'. Mais je n'arrêtais pas de recevoir des messages de gens se plaignant que c'étaient toujours les mêmes qui raflaient la mise», raconte Marianne. «Maintenant, les intéressés ont 12 heures pour s'annoncer et ensuite seulement, la personne choisit à qui elle souhaite attribuer son don», ajoute Christèle.

Gérer les susceptibilités, répondre aux questions et aux doléances, veiller au respect des règles, vérifier les inscriptions de nouveaux membres, valider les publications, tâcher d'éviter les désistements à répétition: administrer et modérer le groupe n'est pas de tout repos. Marianne a d'ailleurs lâché l'affaire en 2017, non sans garder une grande fierté pour ce qui reste un peu «son bébé».

«Je rempile pour dix ans»

Fan de la page, Christèle ne voulait pas la voir disparaître. C'est pourquoi elle a pris le relais, devenant administratrice -assistée par deux modératrices- après avoir été elle-même modératrice durant deux ans. «Je ne compte pas mes heures, même s'il est vrai que cela prend du temps. Mais parmi les messages que je reçois, il y a aussi de la reconnaissance, quand même», relève-t-elle.

S'il fallait établir un profil-type des membres de la communauté, les deux femmes évoquent les jeunes qui se mettent en ménage ou les couples fraîchement divorcés... des personnes qui, tout comme Marianne à l'origine du projet, ont momentanément besoin de toutes sortes d'objets du quotidien. Mais il existe aussi des utilisateurs qui n'aiment simplement pas jeter, ou qui apprécient de faire plaisir.

D'un «simple» groupe Facebook sont parfois nées de belles amitiés, notent encore Marianne et Christèle, toutes deux très fières de voir vivre un concept qui fait le bonheur de beaucoup.

Alors que Marianne se consacre aujourd'hui à l'organisation de marchés gratuits dans sa région, Christèle n'a pas l'ombre d'un doute: «Je rempile pour les dix prochaines années sans hésiter!»