Evasion en hélicoptère Le procès de Rédoine Faïd s'est ouvert

olpe

5.9.2023 - 20:00

Le procès du «roi de la belle» Rédoine Faïd, jugé au côté de onze personnes pour son évasion spectaculaire en hélicoptère de la prison de Réau en juillet 2018, s'est ouvert mardi matin devant la cour d'assises de Paris. L'homme risque la perpétuité.

Rédoine Faïd purgeait une sentence de 25 ans lors de son évasion en hélicoptère. Il comparaît jusqu'au 20 octobre notamment pour «récidive d'évasion en bande organisée» et «détournement d'aéronef» (archives).
Rédoine Faïd purgeait une sentence de 25 ans lors de son évasion en hélicoptère. Il comparaît jusqu'au 20 octobre notamment pour «récidive d'évasion en bande organisée» et «détournement d'aéronef» (archives).
KEYSTONE

5.9.2023 - 20:00

L'audience a débuté vers 10h30 dans la salle «grands procès» du palais de justice historique de Paris, sur l'île de la Cité, sous haute sécurité: avant l'évasion pour laquelle il est jugé, le braqueur multirécidiviste s'était déjà évadé cinq ans plus tôt, en 2013, en prenant des surveillants de prison en otage.

Rédoine Faïd, aujourd'hui 51 ans, est apparu dans le box crâne rasé et pull vert, et a énoncé depuis le box son prénom et nom avant que la présidente Frédérique Aline ne lui demande de répéter: «Articulez, ne parlez pas trop vite».

Accusé caché

Un paravent de bois a été installé pour cacher au public l'un des accusés comparaissant sous contrôle judiciaire, un ex-repenti jugé pour avoir fait le lien entre Rédoine Faïd et une figure du grand banditisme corse. Son cas devait être abordé à huis clos dans l'après-midi, après une matinée consacrée au tirage au sort des jurés et à la liste de témoins qui viendront déposer à la barre durant les sept semaines d'audience.

Un temps que les accusés ont mis à profit pour échanger des signes de la main et sourires entre eux (Rédoine Faïd est jugé aux côtés de deux de ses frères et trois neveux) et avec leurs proches installés sur les blancs clairsemés de la grande salle d'audience.

«Inhumanité»

«C'est quelqu'un qui vit seul en permanence, fouillé à corps à plusieurs reprises par jour», a déclaré à la presse l'un des avocats du braqueur, Me Yves Leberquier. «C'est une inhumanité. Il sort en promenade une heure par jour, c'est la solitude depuis 10 ans dont cinq ans à l'isolement total», a-t-il ajouté. «Il va se défendre, il attend d'être jugé sereinement.»

Rédoine Faïd comparaît jusqu'au 20 octobre notamment pour «récidive d'évasion en bande organisée» et «détournement d'aéronef», avec 11 autres personnes soupçonnées de l'avoir aidé à préparer ou réaliser cette évasion ou de l'avoir assisté lors des trois mois de cavale qui ont suivi.

Parmi elles, cinq membres de sa famille: Rachid, 65 ans, grand frère et chef supposé de l'organisation, et Brahim, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec son frère Rédoine Faïd le 1er juillet 2018 vers 11h00 quand le commando armé a fait irruption par les airs au centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne).

Sont également jugés trois neveux, dont un ayant été identifié par les enquêteurs comme membre de l'équipe venue exfiltrer le braqueur.

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Dix minutes

L'évasion avait duré dix minutes. Profitant de l'absence de filins de sécurité – ils ont depuis été installés -, un commando de trois hommes encagoulés s'était posé en hélicoptère, détourné au prétexte d'un baptême de l'air, dans la cour d'honneur de la prison.

Pendant qu'un homme était resté à bord de l'Alouette II, son arme braquée sur la tête du pilote, les deux autres étaient sortis en jetant des fumigènes.

L'un montait la garde, Kalachnikov au poing, alors que le second, muni d'un brassard «police», faisait sauter à la disqueuse les verrous du couloir des parloirs, où se trouvaient Rédoine Faïd et son frère Brahim.

Libéré, le braqueur, «très serein», avait marché «calmement» vers la sortie, selon les témoins. L'hélicoptère était reparti sans qu'aucun coup de feu n'ait été tiré.

Trois mois de cavale

Après trois mois de cavale et un renseignement sur une silhouette masculine sous un niqab (voile intégral) à Creil (Oise), la ville où il a grandi, Rédoine Faïd y sera arrêté le 3 octobre 2018 à 04h00 du matin chez l'amie d'un neveu. Celle-ci sera jugée à leurs côtés.

Avant même l'ouverture de ce procès, où Rédoine Faïd encourt la perpétuité au vu de l'état de récidive, sa sortie de prison était prévue en 2046.

Celui qui avait commencé les braquages vers 18 ans a été condamné à de nombreuses reprises pour des hold-up avec prises d'otages et des attaques de fourgons blindés, notamment pour celle qui a coûté la vie en en 2010 à une policière municipale.

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