Jean-Jacques Wenger, ex-directeur de la Société de navigation sur les lacs de Neuchâtel et de Morat (LNM), a été acquitté lundi par le Tribunal du Littoral et du Val-de-Travers à Boudry (NE). La juge a estimé qu'il n'y avait pas eu d'enrichissement illégitime.
L'accusé pouvait estimer avoir droit à ces avances de primes de 10'000 et 6000 francs en 2009, a déclaré la juge Nathalie Kocherhans. Celles-ci figuraient dans le contrat de travail et avaient été versées avec une certaine régularité avant 2009.
De plus, la LNM et sa filiale de restauration Cap Gourmand, ayant augmenté régulièrement leur chiffre d'affaires, le prévenu était convaincu du bien-fondé du versement, a ajouté la présidente. Jean-Jacques Wenger n'a pas cherché à cacher qu'il s'agissait d'avances et de transitoires qu'il fallait avaliser, a ajouté la présidente.
En outre, le prévenu avait la capacité de rembourser et il l'a fait dans les trois mois quand on lui a demandé. Il est «frappant» de noter que la LNM et Cap Gourmand n'ont pas déposé plainte en 2010 quand les faits ont été découverts et ne se sont pas constitués parties plaignantes, a expliqué la juge.
Certes, Jean-Jacques Wenger a reçu un blâme et une remise à l'ordre mais son employeur n'a pas résilié son contrat de travail et a continué de travailler avec lui pendant sept ans, a précisé Nathalie Kocherhans. La juge ajoute que l'on peine à voir «un dommage pour les deux sociétés», qui n'ont pas été soudainement en manque de liquidités, puisque la LNM avait plus de 1 million de francs sur le compte de La Poste et Cap Gourmand près de la même somme.
Olivier Arni pas atteignable
«Il n'était pas très habile de procéder à ces retraits mais on sentait un certain énervement du fait que l'ex-directeur n'arrivait pas à obtenir une rencontre» avec le président de la LNM de l'époque, soit Olivier Arni, a estimé la juge. Et c'était l'ex-conseiller communal de Neuchâtel, qui devait formellement décider d'octroyer une prime lors d'un entretien d'évaluation.
Lors de son audition, Jean-Jacques Wenger a déclaré que la porte d'Olivier «était toujours fermée» et qu'il était très difficile de rentrer en contact avec lui en 2009. «Il était aussi très occupé car c'était sa première année» à l'exécutif de la Ville de Neuchâtel.
Dans une ordonnance pénale du 13 août 2018, le Ministère public avait accusé l'ancien directeur d'utilisation frauduleuse d'un ordinateur et de gestion déloyale. Il réclamait une peine de 45 jours-amende à 100 francs, avec un sursis pendant deux ans. Il peut faire appel du jugement au Tribunal cantonal.
Le procureur général Pierre Aubert estimait que le quinquagénaire avait abusé de son pouvoir de représentation et porté atteinte aux intérêts pécuniaires de la société. Dans l'acte d'accusation, on peut lire que «rien n’indique que le prévenu aurait spontanément informé le conseil de ce prélèvement si l’organe de contrôle ne l’avait pas signalé».
Infos données spontanément
«J'étais étonné d'apprendre que les avances sur primes débouchent sur une ordonnance pénale car c'est moi qui en ai spontanément parler à la police quand j'ai été auditionné pour les documents anti-datés», a expliqué Jean-Jacques Wenger. En effet, la hausse de salaire de 2000 francs mensuel avec effet rétroactif avait été versée pour compenser les quelques années sans primes, à la suite du blâme octroyé par le conseil d'administration.
Dans l'ordonnance du 13 août 2018, le procureur général avait classé la procédure dans l'affaire des documents antidatés. Olivier Arni avait antidaté en juin 2016 une augmentation de salaire avec effet rétroactif au 1er août 2014 . Il avait signé un document avec une fausse date, celle du 18 novembre 2015.
Licenciement contesté
L'affaire LNM avait conduit Olivier Arni à devoir se retirer de ses fonctions de conseiller communal et de président du conseil d'administration à l'automne 2017. Auparavant, en janvier 2017, la société s'était séparée de Jean-Jacques Wenger, à la suite d'un audit ayant relevé de nombreux manquements.
L'ex-directeur conteste son licenciement qu'il considère comme abusif. Une procédure est en cours au niveau civil. «Mon client a connu une longue descente aux enfers depuis janvier 2017», a déclaré son avocate Béatrice Haeny. Selon elle, c'est un «miracle» qu'il ait retrouvé un emploi de directeur aux Ateliers Phénix de Neuchâtel. «A cause de la pression du Conseil communal de la Ville qui n'était pas favorable à ma nomination, mon contrat n'est d'ailleurs que d'une année», a ajouté Jean-Jacques Wenger.
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