«Je me dégoûte moi-même»L'ex-gardien d'ambassade écope de 13 ans pour espionnage
ATS
17.2.2023 - 14:05
C'est la conclusion d'une affaire qui mêle vidéos volées, faux espions russes et argent. Décrit comme «antibritannique» et pro-Poutine, un ancien agent de sécurité de l'ambassade britannique à Berlin a été condamné vendredi à 13 ans et deux mois de prison pour espionnage au profit de Moscou.
17.02.2023, 14:05
ATS
David Ballantyne Smith, 58 ans, qui comparaissait depuis lundi devant la Cour criminelle de l'Old Bailey à Londres, avait été pris en flagrant délit de transmission d'informations sensibles à l'ambassade de Russie à Berlin.
«Vous avez établi un contact régulier avec quelqu'un à l'ambassade de Russie et ce contact vous a permis de transmettre des documents que vous aviez obtenus illégalement», a déclaré le juge Mark Wall en expliquant sa décision.
«Vous avez été payé par la Russie pour votre trahison», a-il ajouté, insistant sur le fait que la Russie était, «et est toujours, considérée comme un pays inamical».
À l'annonce du verdict, l'ancien militaire, vêtu d'un pull et d'un jean bleu, est apparu concentré, les mains tenant le casque audio lui permettant de bien entendre la décision du juge.
Il avait plaidé coupable de huit chefs d'accusation et a notamment reconnu avoir violé la loi sur le secret officiel.
Durant son procès, il a justifié ses actes par la volonté de «donner une petite gifle à l'ambassade», parce qu'il estimait qu'elle ne le traitait pas bien, mais le juge Mark Wall avait rejeté ses arguments.
Même si aucun document transmis n'était hautement classifié ou ne contenait d'informations militaires, ils auraient pu mettre en danger du personnel de l'ambassade ou encore affaiblir le Royaume-Uni lors de futures négociations commerciales, a insisté le juge vendredi.
Il a aussi estimé que David Smith avait commencé à collecter ces documents dès 2018 et qu'il les a conservés «dans l'objectif de pénaliser d'une manière ou d'une autre les intérêts britanniques».
«Donner une leçon»
Cet homme marié à une Ukrainienne repartie vivre dans l'est de son pays en 2018 et qui travaillait à l'ambassade britannique à Berlin, avait été repéré par les autorités britanniques et allemandes après avoir envoyé en 2020 une lettre contenant les coordonnées de certains personnels de l'ambassade britannique à un membre du personnel militaire à l'ambassade russe à Berlin.
Il avait également fait plusieurs vidéos d'endroits sensibles dans le bâtiment de l'ambassade, et 800 euros d'argent liquide avaient été retrouvés chez lui sans qu'il puisse en expliquer de manière crédible l'origine, avait souligné le parquet.
Un piège, impliquant deux faux agents russes, avait été mis au point pour le prendre sur le fait et il avait été arrêté en août 2021.
Les enquêteurs avaient retrouvé à son domicile des documents sensibles, dont des lettres de ministres adressées au Premier ministre de l'époque Boris Johnson.
Le parquet avait aussi souligné que M. Smith avait «tenu des propos anti-Occident et anti-Otan à d'autres employés et avait affirmé son soutien» au président russe Vladimir Poutine.
Il possédait dans son appartement des souvenirs russes, notamment un chien Rottweiler en peluche grandeur nature portant un chapeau militaire. Une caricature de Vladimir Poutine tenant la tête de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel avait aussi été trouvée dans son casier sur son lieu de travail.
Entendu mardi, le prévenu, extradé en avril 2022 au Royaume-Uni, avait assuré qu'il voulait «donner une leçon à l'ambassade», mais ne pas avoir été payé pour cela.
«Maintenant que j'ai eu un an et demi pour regarder en arrière, je me dégoûte moi-même et j'ai honte de ce que j'ai fait», avait-il déclaré.
Le juge Wall a refusé vendredi de considérer les «remords» de David Smith, les qualifiant «d'auto-apitoiement», au regard des conséquences de ses actes.