Extinction Rebellion Manifs dans le monde pour «la plus grande crise de notre époque»

ATS

23.8.2021 - 19:45

Des milliers de militants d'Extinction Rebellion (XR) se sont réunis lundi à Londres pour le lancement de deux semaines de manifestations. A Oslo, le même groupe a mené des actions contre la politique pétrolière norvégienne, conduisant à 29 arrestations.

Des milliers de membres d'Extinction Rebellion ont manifesté lundi à Londres, dont ce manifestant, arrêté par la police
Des milliers de membres d'Extinction Rebellion ont manifesté lundi à Londres, dont ce manifestant, arrêté par la police
KEYSTONE

Ces militants écologistes appellent les gouvernements à agir d'«urgence» contre le changement climatique. A Londres, armés de drapeaux ou de pancartes avec des slogans comme «la planète avant le profit», les manifestants ont convergé vers Trafalgar Square, dans le centre de la capitale, où une fanfare et des discours étaient prévus.

Surveillés par un important dispositif policier, certains ont bloqué les rues menant à la place. D'autres y ont déployé une gigantesque table rose, sur laquelle une banderole appelle les dirigeants mais aussi les citoyens à se «mettre à la table» des négociations pour sauver la planète.

«Alors qu'inondations, incendies et famines éclatent dans le monde entier, il est clair que le dérèglement climatique est déjà là et qu'il faut agir de toute urgence», a estimé le mouvement dans un communiqué. Et d'affirmer que «tout le monde» a «son mot à dire» sur «la plus grande crise de notre époque».

Certains participants avaient amené leur propre chaise ou table roses afin «d'inviter les gens à travers la ville à parler du climat et de l'urgence écologique», précise Extinction Rebellion. Ce réseau d'activistes, formé au Royaume-Uni en 2018, utilise régulièrement la désobéissance civile pour mettre en lumière l'inaction des gouvernements face au changement climatique.

Cette marche constitue le coup d'envoi de deux semaines d'actions, manifestations, conférences et formations prévues dans la capitale anglaise.

Dernière chance

Les manifestants réclament notamment que le gouvernement britannique cesse tout investissement dans les combustibles fossiles, alors que le Royaume-Uni doit accueillir en novembre le sommet de l'ONU sur le climat COP26, à Glasgow (Ecosse). De nombreux militants écologistes estiment que cette rencontre constitue la dernière chance pour les dirigeants mondiaux de s'accorder sur des politiques radicales afin d'éviter un trop important réchauffement de la planète, après «l'avertissement sévère» début août du GIEC.

Selon ce rapport des experts climat de l'ONU, la planète devrait atteindre le seuil de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030, soit dix ans plus tôt qu'estimé.

En 2019, XR avait réalisé une série d'actions-chocs au Royaume-Uni et dans le reste du monde. Après des incursions dans le centre financier de Londres, la police avait interdit les manifestations dans la capitale britannique et avait arrêté en dix jours 1828 personnes.

Actions coups de poing

A Oslo, des dizaines de militants, parfois déguisés en ours polaire ou en inquiétantes figures noires, ont bloqué l'entrée du ministère du Pétrole et de l'Energie derrière une banderole «Interdisez le pétrole, la vie avant les profits», certains s'introduisant dans le bâtiment. Parallèlement, d'autres militants ont provisoirement bloqué la circulation sur un carrefour important de la capitale norvégienne.

Par ces actions coups de poing, invoquant l'urgence climatique, XR réclame la fin de la prospection pétrolière et le démantèlement progressif de la production d'or noir dans le pays scandinave, plus gros exportateur d'hydrocarbures d'Europe de l'ouest.

La police norvégienne a annoncé 29 arrestations de militants ayant refusé d'évacuer la voirie. Des actions de désobéissance civile sont annoncées pour toute la semaine à Oslo.

«Aussi longtemps que la demande sera là»

Si le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a estimé que le rapport du GIEC «sonne le glas» des énergies fossiles, la Norvège continue d'attribuer des licences d'exploration pétrolière dans ses eaux.

«Nous livrerons de l'énergie au monde aussi longtemps que la demande sera là», assurait en juin la ministre du Pétrole, Tina Bru. «Le gouvernement maintiendra par conséquent une politique pétrolière qui facilite une production rentable de pétrole et de gaz dans le cadre de la politique climatique norvégienne».

Lundi, Mme Bru, qui dit partager les inquiétudes des contestataires, a jugé leurs méthodes antidémocratiques. «L'instant est si critique que c'est notre dernier recours», s'est défendue une militante, déterminée à passer la nuit dans la salle d'accueil du ministère du Pétrole.

L'avenir du pétrole est au coeur de la campagne des législatives du 13 septembre en Norvège. Certains – petits – partis réclament également la fin de l'exploitation pétrolière.