«Je préfère un animal»Faire un bébé? Trop cher, disent les Chinois alors que la population décline
Relax
21.1.2024 - 10:49
(AFP) – «Je préfère élever un animal de compagnie»: de nombreux jeunes Chinois hésitent à fonder une famille, pour des raisons notamment financières, tandis que le gouvernement cherche à stimuler la natalité pour éviter une crise démographique.
ETX Studio
21.01.2024, 10:49
21.01.2024, 10:55
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Le déclin de la population s'est accéléré en 2023, selon des chiffres officiels publiés mercredi. Le géant asiatique a perdu en un an plus de deux millions d'habitants sur un peu plus d'1,4 milliard d'individus.
Conscient depuis plusieurs années du problème, le gouvernement a assoupli sa politique de limitation des naissances, autorise désormais tous les couples à avoir trois enfants, offre davantage d'allocations et appelle à procréer.
Mais tout cela n'arrive pas, pour l'heure, à enrayer la crise économique en devenir: le nombre d'actifs diminue tandis que celui des retraités, en plein essor, fait peser un fardeau de plus en plus lourd sur le système de retraite.
«Mes amis qui ont un emploi stable, une carrière stable (...)vont commencer à vouloir des enfants», déclare à l'AFP Xiaopeng, 26 ans, qui travaille à Shanghai.
«Personnellement, je préfère élever un animal de compagnie (...) Elever un enfant, c'est un peu plus difficile, en raison de tous les problèmes pratiques auxquels tu dois faire face», souligne-t-il.
En Chine, la naissance d'un enfant intervient après des dépenses déjà importantes: les hommes doivent généralement acheter un appartement afin de trouver une épouse, puis les familles du couple doivent payer la cérémonie de mariage.
- «Ni mariage, ni enfant» -
Une fois l'enfant né, ses parents voudront lui trouver la meilleure école possible et des cours privés, très chers, afin de maximiser ses chances de trouver un bon travail sur un marché de l'emploi très concurrentiel.
En 2019, le coût moyen de l'éducation d'un enfant en Chine, de la naissance à 18 ans, s'élevait ainsi à 485.000 yuans (62.000 euros), selon le cabinet pékinois YuWa Population Research.
Cela représentait près de sept fois le PIB par habitant du pays cette année-là, bien plus qu'aux Etats-Unis (4,11) ou en Australie (2,08).
«Les jeunes générations ont une mentalité très différente aujourd'hui vis-à-vis de la parentalité et ne veulent généralement pas avoir beaucoup d'enfants», indique à l'AFP le démographe chinois indépendant He Yafu.
«Ni mariage, ni enfant» est devenu un slogan populaire sur l'internet chinois, où des milliers de personnes échangent leurs points de vue et cherchent à se rassurer sur leur mode de vie – en rupture avec les traditions.
«Êtes-vous prêt à faire autant de sacrifices juste pour avoir le plaisir d'entendre quelqu'un vous appeler 'maman'?», demandait récemment une utilisatrice sur le réseau social Douban.
Une mère de famille trentenaire, Mme Cao, raconte qu'un grand nombre de ses amis plus jeunes, pourtant en couple avec deux revenus, ne souhaitent pas avoir d'enfants. Pour des raisons surtout économiques.
«Avant d'avoir un enfant, il faut déjà penser à son éducation. Les gens veulent évidemment que leurs enfants aillent dans les meilleures écoles», déclare-t-elle à l'AFP.
- Hommes moins impliqués -
Les frais de scolarité sont abordables en Chine. Mais les écoles accordent la priorité aux enfants ayant une adresse à proximité. Conséquence: les prix des logements situés aux alentours des bons établissements sont très élevés car les parents sont prêts à les payer chers.
Contrairement à beaucoup de mères en Chine, Mme Cao peut compter sur l'aide de son mari pour s'occuper des enfants.
Mais les femmes actives consacrent en moyenne 154 minutes par jour à s'occuper des membres de leur famille, soit le double des hommes, selon un rapport de l'ONU.
Malgré les efforts des autorités pour encourager les pères à participer à l'éducation des enfants, le congé paternité n'est que de 14 jours en Chine – contre environ trois mois pour le congé maternité.
«Être enceinte, c'est vraiment épuisant», confie Mme Xiang, 28 ans, dans un hôpital du centre de Shanghai où elle et son mari sont venus en consultation. Elle attend son premier enfant.
Après l'accouchement, elle envisage de prendre une aide à domicile, voire de séjourner dans un hôtel spécialisé dans l'accueil des jeunes mamans, où elles bénéficient de soins et repas spéciaux.
Cette tradition du repos de 30 jours suivant l'accouchement, solidement ancrée en Chine, peut parfois pousser à dépenser des milliers d'euros.
Les jeunes d'aujourd'hui sont toutefois rationnels et prennent en compte «dans sa globalité» le coût d'un enfant, estime Mme Cao.
«Il ne suffit pas de dire qu'on va avoir un enfant et ensuite le faire (...) Cela nécessite beaucoup de ressources mentales et financières.»