Fausses accusations du Point «Un double enfumage», externe et interne

AFP

27.6.2022 - 12:19

Les fausses informations sur le couple de députés Garrido-Corbière diffusées par le Point ont été «inventées» par des intervenants encore inconnus, puis répercutées par un journaliste qui a «fondu un plomb», a déclaré lundi le directeur de l'hebdomadaire, Etienne Gernelle.

L'avocate et conseillère régionale LFI d'Ile-de-France, Raquel Garrido, et le député LFI Alexis Corbière, le 24 mai 2022 à Paris
L'avocate et conseillère régionale LFI d'Ile-de-France, Raquel Garrido, et le député LFI Alexis Corbière, le 24 mai 2022 à Paris
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27.6.2022 - 12:19

«Il y a un double enfumage» dans cette affaire comparable à «un accident industriel», a affirmé M. Gernelle sur la radio Europe 1. Au départ, il y a «des gens qui ont essayé de monter une affaire qui n'existait pas», a dit le patron de presse dans ses premières explications détaillées sur cette erreur qui a placé son magazine dans la tourmente.

«Et puis il y a l'enfumage interne, avec un journaliste qui (...) a perdu la raison, a fait n'importe quoi et a enfumé sa hiérarchie», a-t-il poursuivi, en insistant sur le fait que les affirmations de l'article «étaient fausses».

Le 23 juin, le Point a dû retirer de son site un article mis en ligne la veille, qui accusait indûment le couple de députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière d'avoir exploité une employée sans papiers. M. Gernelle avait présenté ses excuses aux deux députés, qui avaient réclamé le licenciement de l'auteur de l'article, Aziz Zemouri. Celui-ci a été mis à pied et convoqué à un entretien préalable à un possible licenciement.

«S'il avait dit la vérité sur la nature des documents qu'il avait et la manière dont il les avait obtenus, jamais le papier n'aurait été publié», a assuré M. Gernelle. M. Zemouri s'appuyait notamment sur des SMS qui se sont révélés faux.

«Interrogations»

Selon son patron, le journaliste «a probablement fondu un plomb par indignation» en pensant que cette affaire était vraie. Après avoir été «dans le déni», M. Zemouri a «reconnu que tout ça était un enfumage» et «est très mal», a poursuivi le directeur du Point.

«Qui a fabriqué ces textos, qui a inventé cette affaire, façonné cette histoire? On enquête dessus (...) Pour l'instant, on n'a aucune certitude, on a des pistes très sérieuses. Évidemment on publiera tout ça dès que ce sera prêt», a dit M. Gernelle, selon qui neuf journalistes du Point, dont lui-même, travaillent sur cette contre-enquête.

Selon lui, les fausses informations «étaient arrivées à Aziz Zemouri avant les législatives» mais leur publication dans le Point «a été repoussée».

«Ca a été un réflexe général de se dire "il n'y a pas d'urgence", et il n'y en avait d'autant pas que c'était faux», a poursuivi M. Gernelle, en reconnaissant qu'«il y avait eu beaucoup d'interrogations avant publication».

La transmission de ces faux au journaliste du Point avait-elle pour but d'influer sur les élections? «Je ne le sais pas pour l'instant», a répondu M. Gernelle, selon qui «il y a beaucoup de brume dans cette affaire».

Raquel Garrido, 48 ans, a été élue députée de Seine-Saint-Denis face au président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde au deuxième tour des législatives le 19 juin. Alexis Corbière, 54 ans, a été réélu dès le premier tour le 12 juin, également en Seine-Saint-Denis.

En juin 2021, Le Point et M. Zemouri avaient été condamnés pour diffamation après un article de ce dernier, condamnation confirmée en appel. Il qualifiait d'ancienne «call-girl» l'actrice Sand Van Roy, qui accuse le cinéaste Luc Besson de viols et agressions sexuelles.

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