Procès de l'attentat de Nice «L'audience est levée» - décision attendue le 26 mai

ATS

5.1.2023 - 18:01

Le procès de l'attentat de Nice s'est définitivement achevé jeudi, au terme de l'audience civile consacrée à la recevabilité des quelque 2600 parties civiles souhaitant être reconnues comme victimes de l'attentat qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais.

Le procès des attentats de Nice s'est tenu à Paris.
Le procès des attentats de Nice s'est tenu à Paris.
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Keystone-SDA

La cour d'assises spéciale fera connaître sa décision le 26 mai.

«L'audience est levée», a annoncé peu avant 14h00 le président de la cour Laurent Raviot après avoir pris soin de souhaiter «bon courage» aux deux condamnés présents à l'audience, Endri Elezi et Mohamed Ghraieb. «Merci à tous et bonne continuation», a-t-il conclu en s'adressant à l'ensemble des parties présentes.

Le procès de l'attentat de Nice s'était ouvert le 5 septembre. En l'absence de l'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, abattu par la police après sa course meurtrière à bord d'un camion de 19 tonnes, la cour a jugé huit personnes et les a condamnées à des peines allant de deux à 18 ans de prison.

L'audience civile en vue de valider ou pas les constitutions de parties civiles, ouvrant la voie à de possibles réparations, s'est ouverte mardi après une pause de trois semaines.

Au cours de cette audience, une trentaine d'avocats de parties civiles se sont relayés à la barre pour convaincre la cour de valider les demandes de constitutions de parties civiles de leurs clients.

Si l'un des enjeux est d'ouvrir la voie à d'éventuelles indemnisations pour les préjudices subis, la reconnaissance du statut de partie civile est également hautement symbolique pour nombre de personnes, traumatisées par l'attentat et qui entendent être reconnues comme victimes.

«Une victime pas reconnue aura plus de mal à se reconstruire. A travers la reconnaissance, il y a la reconstruction de l'individu. Ne pas être reconnue comme victime, cela veut dire ne pas être réparée», a plaidé l'avocate de parties civiles Olivia Chalus-Penochet.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) conteste la recevabilité de 224 parties civiles et réclame des précisions ou des justificatifs concernant 369 autres.

«La fin d'une grande histoire»

Même s'il a élargi la zone d'exposition au danger, le Pnat continue de contester le statut de victimes aux personnes qui se trouvaient sur la plage ou dans les rues adjacentes à la promenade des Anglais ou aux «témoins malheureux» de l'attaque depuis des balcons ou des terrasses ainsi qu'aux secouristes, pompiers et policiers notamment, qui sont intervenus après l'immobilisation du camion.

«Le parquet a élargi le périmètre géographique, ce qui permet d'accepter de nouvelles parties civiles. Mais il refuse d'intégrer la plage et des rues perpendiculaires, on a du mal à comprendre», a commenté, depuis Nice où il suivait la retransmission des débats, Patrick Prigent, 60 ans, policier municipal niçois, lui-même partie civile et vice-président de l'association Life for Nice.

Dans ses réquisitions, l'avocat général Jean-Michel Bourlès a admis que «la situation était plus complexe que celle imaginée au départ», notamment car «les personnes ne sont pas statiques».

L'avocat de parties civiles Frédéric Bibal rappelle que «le but du terroriste est de diffuser l'effroi dans toute la société, à partir d'un coeur». «Plus l'acte est intense, plus la diffusion sera large. Nous sommes convaincus qu'au-delà de la stricte zone de danger, il y a un effroi insoutenable qui blesse des personnes qui n'étaient pas en danger physique», a-t-il soutenu à la barre.

Depuis Nice, la comédienne Amélie Amani-Joly, 52 ans, blessée lors de l'attaque, estime que pour les parties civiles qui seront rejetées, ce sera «une deuxième souffrance, une humiliation, car elles ont vécu la chose en direct, comme les autres».

En sortant de la «salle des grands procès» du palais de justice de Paris, l'avocate niçoise Olivia Chalus-Pénochet, référente des avocats des parties civiles auprès de la cour, ne peut cacher son «émotion».

«C'est la fin d'une grande histoire de quatre mois où l'on a mis beaucoup de nous-mêmes (...) Nous avons vu des choses extrêmement émouvantes et nous les porterons toujours en nous», a-t-elle confié à l'AFP.

Seuls les deux accusés condamnés pour association de malfaiteurs terroriste, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb, ont fait appel et un nouveau procès devrait avoir lieu à une date encore indéterminée.