«A la mesure de la gravité»Fourgon braqué à Chavornay: un homme condamné à 12 ans de prison
sj
19.1.2024 - 17:48
Un homme qui avait participé en 2018 au braquage d'un fourgon blindé à Chavornay (VD) avec prise d'otage de la fille d'un des convoyeurs a été condamné vendredi à 12 ans de réclusion par la cour d'assises à Lyon (F). Trois autres malfaiteurs ont déjà été condamnés.
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19.01.2024, 17:48
19.01.2024, 18:29
ATS
Son ADN avait été retrouvé sur une des malles ayant contenu une partie du butin de 25 millions de francs que transportait le fourgon braqué le 8 février 2018. L'affaire a déjà été jugée par la cour d'assises du Rhône en mars 2023. Mais Mektoub B. n'avait pu comparaître alors en raison de son état de santé et son cas avait été disjoint.
Vendredi, cet homme de 49 ans, a été reconnu coupable d'avoir participé à l'organisation du braquage et à la séquestration simultanée de la fille du conducteur du fourgon, du fait notamment qu'il avait volé la voiture de sport utilisée par les malfaiteurs pour prendre la fuite. La condamnation dépasse la réquisition faite par l'avocat général, de 10 ans de prison ferme.
«C'est une peine à la mesure de la gravité» de ce qu'ont subi les victimes, a estimé Me Frédéric Lalliard, représentant des parties civiles. Il a souligné que la peine sanctionnait son «rôle important» dans le braquage.
Seize ans pour le cerveau
Condamné par contumace à 16 ans de réclusion criminelle en mars 2023, le cerveau du hold-up, Mehdi A., 40 ans, est actuellement incarcéré en Tunisie après une condamnation dans une affaire de faux documents. Sa demande d'extradition ayant été validée, il pourrait être jugé à nouveau, selon l'avocat des parties civiles.
Le cerveau a été jugé coupable de vol à main armée en bande organisée et de séquestration. L'avocat général avait requis 20 ans de prison.
En mars 2023, la cour d'assises avait aussi condamné à six ans d'emprisonnement Yusuk K., 32 ans, pour complicité, et quatre ans de prison – dont deux avec sursis – contre Pascal G., 48ans, pour recel de 2,5 millions de francs.
Un acquittement et un mort
Un quatrième homme, initialement poursuivi pour association de malfaiteurs, a été acquitté. Mis en examen dans un autre dossier de vol de métaux précieux avec séquestration, il reste toutefois en détention. Le sixième homme identifié et présumé participant est décédé dans un règlement de comptes.
L'enquête avait établi qu'au moins six malfaiteurs avaient commis le braquage et la séquestration simultanée de la fille du conducteur du fourgon, pour faire pression sur ce dernier.
Sur un butin de 25 millions de francs, seuls 2,5 millions ont été retrouvés après une dénonciation anonyme, dans une malle enterrée dans le garage d'une maison située dans l'Ain.
Otage
Le procès avait été marqué par le témoignage glaçant de Sarah B., 26 ans, la fille du conducteur du fourgon, surprise à son domicile lyonnais par deux faux plombiers le 8 février 2018 au soir.
«J'étais terrorisée. Mon instinct de survie m'a dit qu'il fallait faire ce qu'ils me demandaient», avait-elle raconté. Meurtre, viol, trafic d'organe, elle a redouté de nombreux scénarios jusqu'à ce que ses ravisseurs lui demandent d'appeler son père, alors au volant de son fourgon blindé. Ils l'utilisent comme moyen de pression, pour le forcer à débloquer les portes du véhicule sans alerter son entreprise.
Quelques jours après le braquage, alors que les investigations battent leur plein, Sarah B. avait été placée en garde à vue, les enquêteurs ayant, dans un premier temps, des doutes sur le rôle joué par son père.
Condamnations préalables
Deux Genevois, impliqués dans cette affaire, avaient été préalablement condamnés par la justice vaudoise. Les deux trentenaires n'avaient pas pris part à l'assaut lui-même, ni séquestré la fille d'un des convoyeurs.
Mais selon les juges, ils avaient bel et bien joué un rôle indispensable et décisif. Ils avaient été définitivement condamnés par la Cour d'appel à onze ans de prison pour l'un et cinq ans et demi pour l'autre.
Pour mémoire, le braquage de Chavornay fait partie d'une série de raids spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terre vaudoise entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne, Daillens, La Sarraz et Nyon. Des braquages qui ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a durci les règles pour le transport de fonds.