Fabienne Fischer dans le viseurGenève: «Au lieu de servir la population, l'ex-conseillère d'Etat s'est servie»
za, ats
4.6.2024 - 09:39
A Genève, l'ex-conseillère d'Etat Fabienne Fischer a utilisé des ressources publiques pour sa campagne électorale de 2023. Telle est la conclusion de la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil rendue publique mardi.
za, ats
04.06.2024, 09:39
04.06.2024, 13:20
ATS
«Au lieu de servir la population, l'ex-conseillère d'Etat s'est servie», a déclaré devant les médias la députée socialiste Jennifer Conti, présidente de la sous-commission «Ressources publiques et campagnes électorales», lors de la présentation de son rapport. La sous-commission a été constituée en août, suite à des révélations médiatiques.
Fabienne Fischer avait pris les rênes du Département de l'économie et de l'emploi (DEE) le 30 avril 2021, après avoir battu Pierre Maudet dans une élection partielle. Dès le début, «elle sort du cadre de ce qui est attendu d'un magistrat», en demandant notamment à un fonctionnaire de gérer ses réseaux sociaux personnels, a expliqué Jennifer Conti. Ce collaborateur va lui rappeler les règles.
«Un cas de népotisme»
Malgré cela, deux communicantes du DEE et un autre fonctionnaire ont travaillé pour sa campagne personnelle qui était dirigée par son conjoint. Une confusion des rôles entretenue par la magistrate qui leur a demandé de répondre à sa place au questionnaire d'une plateforme d'aide au vote, alors qu'elle disposait de deux conseillères personnelles.
S'intéressant au processus de recrutement des deux communicantes, la sous-commission a découvert que la procédure n'avait pas été respectée. Une des communicantes «est, selon trois sources différentes, une amie de longue date de la magistrate», a relevé Mme Conti, ce qui constitue «clairement un cas de népotisme». Cette personne ne travaille plus à l'Etat, a fait savoir la socialiste.
Mme Fischer n'a pas non plus respecté l'environnement de contrôle à l'Etat lors de l'attribution d'un mandat, 17 jours avant le 2e tour de l'élection, à l'association Monnaie Léman portée par le bureau d'étude de son chef de campagne et conjoint.
Autre conflit d'intérêts, la magistrate a ordonné d'octroyer, malgré le préavis négatif de ses services, une subvention déguisée en mandat à une association dans laquelle son conjoint est actif.
«Dégât d'image considérable»
La sous-commission a rencontré de nombreux obstacles, comme le fait que quatre personnes-clés ont refusé d'être auditionnées. Elle a dû attendre six mois pour que le Conseil d'Etat autorise l'audition des experts de la cellule enquête et investigation, suite à la transmission très incomplète de documents en application de la loi sur l'information du public, l'accès aux documents et la protection des données personnelles (LIPAD).
Ces faits n'auraient pas été connus «sans lanceurs d'alerte et si les médias n'avaient pas joué leur rôle de garde-fou», a salué Jennifer Conti. Faute de pistes concrètes sur la situation dans d'autres départements, la sous-commission a renoncé à étendre ses investigations. Face à «ce dégât d'image considérable», l'Etat doit renforcer la transparence, estime la commission.
En lien avec cette affaire, la Cour des comptes travaille sur un audit sur les mandats donnés par l'administration cantonale à des tiers et sur un audit transversal des services de communication des départements. Une dénonciation pénale a aussi été déposée par le désormais conseiller national Daniel Sormanni (MCG) pour gestion déloyale des intérêts publics et enrichissement illégitime.