Trafic de filles mineuresGhislaine Maxwell: coupable de crimes sexuels
ATS
29.12.2021 - 23:48
L'ex-mondaine britannique Ghislaine Maxwell a été reconnue coupable mercredi par un tribunal de New York d'une série de crimes sexuels, notamment de trafic de jeunes filles mineures entre 1994 et 2004. Après une semaine de tergiversations, le jury a rendu son verdict.
29.12.2021, 23:48
30.12.2021, 08:31
ATS
Mme Maxwell, 60 ans, était jugée depuis fin novembre par le tribunal fédéral de Manhattan pour six chefs d'accusation, en particulier celui d'avoir fourni des mineures à son ancien compagnon, le financier Jeffrey Epstein mort en prison en 2019, pour qu'il en abuse sexuellement. Elle encourt des dizaines d'années de prison.
Poursuivie pour six chefs d'accusation de crimes sexuels, elle a été reconnue coupable pour cinq d'entre eux. «Très déçue par le verdict», son avocate Bobbi Sternheim a annoncé à la presse son intention de faire appel.
Après 40 heures de délibérations étalées sur cinq jours, «un jury à l'unanimité a reconnu Ghislaine Maxwell coupable de l'un des pires crimes que l'on puisse imaginer – faciliter et prendre part à l'agression sexuelle d'enfants», a tonné le procureur fédéral du tribunal de Manhattan, Damian Williams.Il a dénoncé des «crimes perpétrés avec son partenaire et complice de toujours, Jeffrey Epstein», lequel s'est suicidé dans une prison de New York en août 2019, avant même d'être jugé pour crimes sexuels.
Aucune date n'a encore été fixée pour le prononcé de la peine de Ghislaine Maxwell.
«Courage des filles»
«Le chemin de la justice a pris trop de temps. Mais la justice a été rendue aujourd'hui», s'est félicité le procureur. Il a salué le «courage des jeunes filles – devenues des femmes», quatre victimes qui ont témoigné pendant trois semaines contre Mme Maxwell.
«Jane», «Kate», «Carolyn» et Annie Farmer, 42 ans, la seule à s'exprimer sans pseudonyme, ont dévoilé une partie de leurs vies abîmées par des relations sexuelles forcées avec Epstein – notamment des massages sexuels – alors qu'elles avaient entre 14 et 17 ans, souvent en présence de Maxwell.
À l'énoncé du verdict, Mme Maxwell, fille préférée du magnat de la presse Robert Maxwell (mort en 1991) et figure de la jet-set européenne et américaine, était entourée par son frère Kevin et ses soeurs Isabel et Christine.
Elle est sortie la tête basse de la salle d'audience, flanquée d'agents de sécurité. Ses avocats ont simplement demandé à la juge Alison Nathan de s'assurer que la sexagénaire recevrait une troisième dose de vaccin contre le Covid dans sa prison de Brooklyn.
Ghislaine Maxwell, qui a eu 60 ans le jour de Noël et qui est à la fois britannique, française et américaine, est incarcérée depuis son arrestation à l'été 2020 dans le nord-est des Etats-Unis, un an après le suicide d'Epstein.
Pression sur le jury
Après trois semaines de débats, le jury – six femmes et six hommes – a eu toutes les peines du monde à s'entendre à l'unanimité sur un verdict. À tel point que les spéculations sont allées bon train sur un possible acquittement, voire un nouveau procès.
La juge Nathan a même dû mettre la pression sur le jury en s'alarmant du «pic astronomique» des contaminations au variant Omicron du Covid-19 à New York qui aurait pu repousser l'issue du procès au delà du Nouvel an si l'une des parties au procès était tombée malade.
L'accusation a dépeint Mme Maxwell en «prédatrice sophistiquée» qui agissait en toute connaissance de cause pour attirer et séduire à l'époque des jeunes filles, parfois de 14 ans, afin qu'elles aient des relations sexuelles contraintes avec Epstein dans ses résidences de Floride, New York ou du Nouveau-Mexique.
L'ombre de célébrités
L'accusée, elle, a plaidé non coupable et ne s'est exprimée qu'une seule fois au procès pour réaffirmer qu'elle était innocente. Elle a paru souvent plutôt détendue, conversant avec ses avocats qui n'ont eu de cesse de dire au jury que leur cliente n'était jugée que parce qu'Epstein était décédé.
Outre ce multimillionnaire mort à 66 ans, figure de la jet-set financière new-yorkaise, les ombres d'autres célébrités ont plané sur ce procès: le prince britannique Andrew, un proche d'Epstein, fait l'objet d'une plainte à New York pour «agressions sexuelles» il y a 20 ans, déposée par une Américaine aujourd'hui quadragénaire, Virginia Giuffre.
Saluant le verdict, Mme Giuffre a rappelé «avoir vécu l'horreur des agressions de Maxwell» et a rendu hommage à «toutes les autres filles et jeunes femmes qui ont souffert entre ses mains et dont elle a détruit les vies». Elle a dit espérer que d'autres que Maxwell «rendent des comptes».
Les noms également des anciens présidents américains Bill Clinton et Donald Trump ont été évoqués en raison de leur présence à des fêtes avec le couple Epstein-Maxwell à New York ou en Floride, dans les années 1990, photos à l'appui.
Enfin, côté français, l'ex-agent de mannequins Jean-Luc Brunel, ami d'Epstein, a été inculpé et écroué à Paris en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles.