Grand Prix de littérature suisse La Grisonne Leta Semadeni l'emporte!

bu, ats

16.2.2023 - 10:35

Le Grand Prix de littérature suisse est attribué cette année à la Grisonne Leta Semadeni. Le Prix spécial de médiation revient lui au projet «Roman d’école». Sept auteurs sont encore distingués, dont les romands Fanny Desarzens, Eugène et Anne-Sophie Subilia.

16.2.2023 - 10:35

Autrice de poésie, de prose courte, de romans et de livres pour enfants, Leta Semadeni, 78 ans, a écrit presque toute son œuvre aussi bien en romanche qu'en allemand, peut-on lire jeudi dans un communiqué de l'Office fédéral de la culture. Dans son approche, elle ne transpose pas simplement un texte dans l'autre langue mais le réécrit en jouant avec le style propre à chacune des langues.

Traduisant en français, italien, espagnol, tchèque, anglais et russe, Leta Semadeni séduit un large public. Elle a remporté en 2011 le Prix Schiller pour le recueil de poésie «In mia vita da vuolp/In meinem Leben als Fuchs», le Prix suisse de littérature en 2016 avec son roman «Tamangur» et le Prix Josef Guggenmos en 2020 pour ses livres pour enfants.

Son dernier livre, «Amur, grosser Fluss», a été publié aux éditions Atlantis en 2022, et la même année elle a déposé ses archives aux Archives littéraires suisses à Berne.

Ecrire un roman à l'école

Le Prix spécial de médiation récompense un projet initié en 2005 par le fondateur de la maison de la littérature de Zurich Richard Reich et la gestionnaire culturelle Gerda Wurzenberger: un écrivain chevronné accompagne des élèves de 13 à 15 ans pour écrire un roman en commun.

Après le succès connu en Suisse alémanique, le projet a été repris en Suisse romande en 2009 et il a été lancé en 2017 au Tessin et dans les Grisons. Aujourd'hui, près de 200 «romans d'école» peuvent être découverts et commandés sur le site Roman d'Ecole – Schulhausromane (romandecole.ch).

Ces deux prix sont dotés de 40'000 francs chacun.

Trois romands primés

Sept auteurs sont encore distingués, dont deux Romandes et un Romand. Fanny Desarzens pour «Galel» (Slatkine), Eugène avec «Lettre à mon dictateur» chez le même éditeur et Anne-Sophie Subilia pour «L'Epouse» (Zoé). Ces prix sont accompagnés chacun de 25'000 francs.

Selon l'Office fédéral de la culture, Fanny Desarzens, 30 ans cette année, signe avec «Galel» une «lumineuse parabole qui relie Ramuz à aujourd'hui». La diplômée en arts visuels de la HEAD à Genève raconte dans ce livre une histoire d'amitié, de silence et de regard entre trois hommes qui ont en commun l'amour de la montagne.

En 2020, sa nouvelle «Lignine» est lauréate du concours littéraire organisé à l'occasion des 60 ans de la revue Choisir. Son deuxième roman, «Chesa Seraina», est paru en janvier 2023.

L'écriture d'Eugène, qui enseigne depuis 2006 à l'Institut littéraire de Bienne, n'a pas non plus laissé le jury indifférent. Dans «Lettre à mon dictateur», une missive adressée à l'ancien dirigeant roumain Nicolae Ceausescu, l'écrivain de 54 ans offre un beau moment d'équilibrisme littéraire. Il tient le lecteur sur la crête entre la grande histoire et la petite, celle de ce garçon roumain débarqué en Suisse à six ans.

Prestigieuses sélections

Avec «L'Epouse», Anne-Sophie Subilia, 40 ans, a déjà fait parler d'elle puisque son roman a été sélectionné pour les Prix Femina et Médicis l'an dernier. Son roman raconte quelques mois de la vie d'une femme venue rejoindre son mari délégué du CICR à Gaza en 1974. A ses côtés, la narratrice, qui se sent étrangère et désoeuvrée, va tenter de se créer une place.

Diplômée de l'Institut littéraire de Bienne, Anne-Sophie Subilia vit à Lausanne, comme les deux autres Romands primés cette année, après avoir étudié la littérature française et l'histoire à l'Université de Genève.

Les prix suisses de littérature 2023 saluent encore le travail de la St-Galloise Lika Nüssli, 50 ans, pour son roman graphique sur les enfants placés «Starkes Ding» (Edition Moderne). Il paraîtra en français le 5 mai chez Atrabile dans une traduction de Camille Logoz.

Lioba Happel, une autrice allemande de 66 ans qui vit entre Lausanne et Berlin, est primée pour «POMMFRITZ aus der Hölle» (Edition pudelundpinscher). Les deux autres lauréats sont la Tessinoise Prisca Agustoni, 48 ans, pour «Verso la ruggine» (Interlinea) et Jachen Andry, un écrivain zurichois de 66 ans qui a déménagé enfant dans les Grisons, avec «be cun rispli» (editionmevinapuorger).

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