«blockout2024» Guerre à Gaza: appels au boycott des stars restées silencieuses

ATS

14.5.2024 - 07:34

Sur les réseaux sociaux, les appels à bloquer les comptes de célébrités influentes s'intensifient contre les vedettes restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Les chanteuses Beyoncé et Taylor Swift ou encore la star de téléréalité Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne.

Beyoncé fait partie des stars visées par l'appel au boycott. 
Beyoncé fait partie des stars visées par l'appel au boycott. 
KEYSTONE

Et la vague de réprobation prend de l'ampleur depuis la récente tenue en grande pompe du gala du Met, grand-messe annuelle de la mode à New York à laquelle a participé le gratin de l'industrie du spectacle.

Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» cumulait lundi plus de 30'000 publications. Des vidéos égrenant les noms des invités du gala et les autres personnalités à «bloquer» recensaient des milliers de «likes».

«Quand ils bombardaient Rafah où il y a des milliers d'enfants, on entendait davantage parler de la tenue de Zendaya que de ce qui se passait» dans cette ville de la bande de Gaza, dénonce une internaute du nom de Shompa. «En les bloquant, vous les frappez au portefeuille».

«C'est en train de marcher»

Selon le site spécialisé Social Blade, Kim Kardashian a perdu plus de 814'000 abonnés sur Instagram en un mois, Selena Gomez plus d'un million, l'acteur Dwayne Johnson dit «The Rock» plus de 397'000 et Beyoncé environ 700'000.

«Ils savent qu'ils auraient dû en parler depuis longtemps, mais maintenant que nous avons initié ce mouvement, ils commencent à briser le silence. C'est en train de marcher. Continuez à bloquer!», se réjouit sur TikTok une influenceuse nommée Muna.

La chanteuse Lizzo a publié une vidéo dans laquelle elle invite sa communauté à collecter des fonds pour aider un médecin à Gaza à mettre sa famille à l'abri, pour le Soudan ou le Congo.

Sous sa publication, un «merci» de l'une de ses abonnées, puis une pluie de commentaires négatifs: «Je vais continuer de la bloquer», «c'est de la connerie [...] Elle fait juste cela, car elle est sur la liste».

Depuis le conflit à Gaza déclenché par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, des militants propalestiniens et pro-israéliens exhortent les célébrités à prendre position sur les réseaux sociaux.

«Très délicat»

Pour David Jackson, chercheur en sciences politiques spécialiste de la mobilisation des jeunes, ces appels s'expliquent en partie par l'implication traditionnelle des célébrités aux Etats-Unis dans la sphère politique et le fait que les réseaux sociaux donnent aux internautes l'impression de connaître personnellement leurs idoles.

«Ne pas prendre position sur une question importante ou prendre une position impopulaire peut conduire à une plus grande désapprobation du public» envers une vedette, dit l'expert à l'AFP.

Or «ce conflit est très, très délicat à gérer pour une célébrité», souligne Natasha Lindstaedt, professeure à l'université d'Essex qui a étudié le militantisme des célébrités. «Et même des déclarations qui semblent pouvoir être acceptées universellement peuvent contrarier les gens», poursuit-elle.

L'actrice américaine Susan Sarandon a ainsi été remerciée par son agence UTA après avoir pris la parole lors d'un rassemblement propalestinien en novembre. L'humoriste Jerry Seinfeld s'est retrouvé récemment sous le feu des critiques pour s'être rapproché d'Israël.

Marie-Antoinette

Ce récent mouvement de boycott est parti d'une vidéo, depuis lors supprimée, dans laquelle la créatrice de contenus Haley Kalil se filmait avec en fond sonore un passage du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola. On y voit la reine de France lancer «let them eat cake!» ("qu'ils mangent de la brioche!").

Cette phrase célèbre, qui symbolise la condescendance des puissants envers les plus pauvres, a enflammé les réseaux sociaux alors que la population palestinienne de la bande de Gaza ravagée est menacée par la famine.

«Il est temps de bloquer toutes les célébrités, les influenceurs et les riches qui n'utilisent pas leurs ressources pour aider ceux qui en ont cruellement besoin», lance l'influenceuse Rae, dite «Lady from the outside», appelant à mettre en place une «guillotine numérique» contre ces personnalités.

L'indignation des internautes a été attisée par la démesure du gala du Met la semaine dernière, où selon le New York Times, un couvert coûtait 75'000 dollars, une table entière 350'000 dollars.

Difficile pour autant d'évaluer l'impact financier du mouvement sur les célébrités, «à moins qu'elles ne soient complètement boycottées», estime Mme Lindstaedt. «Mais dans le cas de Taylor Swift ou de Beyoncé il n'y a aucune chance que cela arrive».