«Légèreté blâmable» Elle décède des suites d’un accouchement difficile - Gynécologue condamné avec sursis

ss, ats

4.9.2023 - 19:28

Le Tribunal de police de la Côte a condamné lundi à Nyon (VD) un médecin de 53 ans à une peine de 30 jours-amendes à 500 francs avec sursis pendant deux ans pour l’homicide par négligence d’une patiente. En 2017, cet homme avait opéré une jeune femme suite à une césarienne à complications sans en assurer le suivi avec la rigueur requise.

Se basant sur la bonne évolution de sa patiente, le prévenu l’avait autorisée à quitter l’hôpital au surlendemain de son accouchement difficile. Dans les jours suivants, la malheureuse avait développé une infection qui lui a été fatale (photo d'illustration).
Se basant sur la bonne évolution de sa patiente, le prévenu l’avait autorisée à quitter l’hôpital au surlendemain de son accouchement difficile. Dans les jours suivants, la malheureuse avait développé une infection qui lui a été fatale (photo d'illustration).
KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

4.9.2023 - 19:28

La disparition tragique de cette mère de trois enfants, âgée de 31 ans, était survenue le 23 juillet 2017 à l’aube, trois semaines après son accouchement par césarienne avec complications à l’hôpital de Morges. Lesquelles lui avait valu d’être opérée en urgence par l’accusé.

Lors du procès, qui s’est tenu la semaine dernière, le Ministère public avait précisément requis la peine prononcée à l’encontre du prévenu. Quant à la défense, elle avait plaidé l’acquittement.

230’000 francs de tort moral

A l’énoncé du verdict, «une peine symbolique» selon la Cour, le quinquagénaire est apparu impassible. Le médecin, qui gagne quelque 54'000 francs par mois, est aussi condamné à verser un total de 230’000 francs pour tort moral au veuf de la victime, à ses trois filles de 6, 10 et 13 ans, à ses parents et à son frère.

L’avocate du veuf estime que «ce verdict est justifié et qu'il reconnaît la faute du médecin concerné, même si cette peine est évidemment peu au regard de la souffrance endurée...»

«Légèreté blâmable»

L’évolution de la patiente après l’opération était rassurante, mais, selon les règles de l’art en matière de médecine, il aurait fallu garder un haut niveau de vigilance concernant son uretère gauche. Selon le juge, la situation nécessitait donc de recueillir un avis urologique, ce qui n’a pas été fait.

Le Tribunal estime ainsi que le gynécologue «a fait preuve de légèreté et d’un manque d’effort blâmable», même si une succession d’évènements malheureux ont aussi joué contre lui.

Une expertise accablante

Pour mémoire, se basant sur la bonne évolution de sa patiente, le prévenu l’avait autorisée à quitter l’hôpital au surlendemain de son accouchement difficile. Dans les jours suivants, la malheureuse avait développé une infection rénale qui lui a été fatale et qu’un suivi adéquat aurait dû permettre d’éviter.

Les points de suture, posés par le prévenu et qui avaient entraîné un rétrécissement de son uretère gauche, ont joué un rôle central dans cette infection. Selon une expertise urologique, réaliséP pendant l’instruction, si le cas de cette patiente avait été suivi avec la rigueur requise, le décès aurait pu être évité avec une probabilité de 95%.

Les parties ont dix jours pour faire appel de cette sentence auprès du Tribunal cantonal.

ss, ats