Harcèlement de rue1 femme sur 4 a déjà décliné une opportunité d’emploi par peur de se faire agresser
Relax
19.4.2024 - 18:31
(ETX Daily Up) – En France et ailleurs dans le monde, le harcèlement de rue reste répandu. Une récente enquête réalisée par la marque l'Oréal Paris rappelle que 75% des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel dans un espace public au moins une fois dans leur vie. Un fléau qui a de nombreuses conséquences sur le quotidien des femmes, y compris sur leur vie sociale et professionnelle.
ETX Studio
19.04.2024, 18:31
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Sifflement, insultes, gestes déplacés, attitudes oppressantes… Le harcèlement de rue que subissent les femmes reste hélas très répandu. Selon une enquête Yougov publiée en mars 2022, près de six sondées sur dix (57%) changent de trottoir lorsqu’elles aperçoivent quelqu’un au loin, tandis qu'une femme sur deux confie avoir déjà été agressée verbalement dans la rue. Ce fléau est d’autant plus fort qu’il n’a pas des conséquences uniquement à l'instant clé où les victimes le subissent, mais également sur leurs choix de vie. C’est ce que démontre une récente étude de l’Oréal Paris, réalisée dans plus de vingt pays répartis sur les cinq continents et dont les chiffres sont mis en lumière à l'occasion de la semaine de lutte contre le harcèlement de rue (14-21 avril).
Selon l'enquête, une femme sur deux confie s'être fermée à des opportunités, par peur de se retrouver dans des situations propices au harcèlement de rue. Pour chaque situation évoquée, la part de femmes âgées de moins de 35 ans s'avère toujours plus importante. Tout âge confondu, une femme sur quatre a par exemple déjà refusé une offre d’emploi par crainte de se faire agresser et une femme sur six a déjà renoncé à un cursus universitaire pour cette même raison. Chez les sondées de plus de 35 ans, décliner une proposition de job ou faire une croix sur une formation concerne respectivement une femme sur trois et une femme sur quatre.
La peur de travailler loin de chez soi ou à des heures tardives peut expliquer pourquoi ces femmes finissent par renoncer à de telles opportunités. «Le harcèlement de rue restreint la manière dont les femmes peuvent gérer leur agenda, car il limite leurs activités et donc leur potentiel. Le harcèlement de rue prive certaines femmes de leur liberté de travailler pour payer leurs études, ou à l'inverse de s'inscrire à des cours du soir», souligne Delphine Viguier-Hovasse, Directrice Générale Internationale de L’Oréal Paris. Mais ces restrictions ne concernent pas uniquement les activités liées à la vie étudiante ou la vie professionnelle. Près d'une femme sur deux (41%) confie avoir déjà refusé de participer à des événements sociaux tels que des sorties au restaurant, dans des bars ou dans des clubs.
«Le harcèlement de rue n'est jamais de votre faute»
En France, comme dans les autres pays, le harcèlement de rue est tellement répandu que 87% des femmes qui le subissent ont adopté plusieurs stratégies d'évitement communes: 76% hésitent par exemple à sortir tard le soir, 64% essaient de ne pas sortir seules et 60% adaptent leur tenue vestimentaire. Un travail de sensibilisation auprès du grand public (et donc de potentiels témoins) semble également plus que nécessaire: 52% des personnes interrogées pensent par exemple que les femmes sont parfois responsables de situations de harcèlement sexuel dans les espaces publics, en raison de leurs attitudes, de leur comportement ou de leur apparence.
Des croyances erronées, mais tenaces, qui ont pour effet de renverser la culpabilité des victimes. C'est précisément à ce mécanisme que la campagne lancée par l'Oréal Paris dans les transports en commun de plusieurs villes de France s'attaque. Intitulée «le harcèlement de rue n’est jamais de votre faute», cette opération de sensibilisation lancée le 8 mars dernier met à mal les préjugés qui renforcent la stigmatisation des victimes de harcèlement de rue.
«Il y a urgence à agir»
En 2020, l'Oréal Paris a lancé, avec l'aide de l'ONG Right to Be et de la Fondation des Femmes, le programme de formations «Stand Up«, qui vise à aider chacun à intervenir «en toute sécurité, que l'on soit victime ou témoin de harcèlement de rue». Déployé dans plus de quarante pays à travers le monde, ce programme se base sur la méthodologie des 5D développée par Right to Be: «Distraire, Documenter, Déléguer, Dialoguer et Diriger». «Les hommes et les femmes sont formés, parce que tout le monde doit faire partie de la solution», précise Delphine Viguier-Hovasse. Avant d'ajouter: «Il n’y a pas de culture qui encourage le harcèlement de rue, le problème est mondial et les chiffres sont globaux. Le harcèlement est le même partout. Il y a donc urgence à agir».