Kosovo Hashim Thaçi plaide non coupable

ATS

9.11.2020 - 19:20

«L'acte d'accusation est totalement dénué de fondement, et je plaide non coupable de tous les chefs d'accusation», a déclaré Hashim Thaçi.
«L'acte d'accusation est totalement dénué de fondement, et je plaide non coupable de tous les chefs d'accusation», a déclaré Hashim Thaçi.
Source: KEYSTONE/AP/Jerry Lampen

L'ancien président du Kosovo Hashim Thaçi, inculpé de crimes de guerre lors du conflit contre les forces serbes, a plaidé lundi non coupable. Il s'exprimait lors de sa première apparition devant un tribunal spécial à La Haye, aux Pays-Bas.

«L'acte d'accusation est totalement dénué de fondement, et je plaide non coupable de tous les chefs d'accusation», a déclaré M. Thaçi, 52 ans, ancien chef politique de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) et inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés durant la guerre d'indépendance (1998-1999).

Il est apparu vêtu d'un costume gris, chemise bleu clair et cravate rouge au cours d'une audience lors de laquelle ont été énumérés les différents chefs d'accusation retenus contre lui. Il a promis de «collaborer étroitement avec la justice»,

Peu de temps après l'annonce de sa démission jeudi, M. Thaçi avait été transféré au centre de détention du tribunal spécial (KSC), qui siège aux Pays-Bas, aux côtés de trois autres suspects.

Près de 100 meurtres

Les quatre hommes sont soupçonnés de près de 100 meurtres, de disparitions forcées, de persécutions et de tortures, des actes qui auraient été commis entre mars 1998 et septembre 1999.

L'ancien président kosovar a réfuté tous les chefs d'accusation pesant contre lui : «Je les ai compris, je les ai entendus aujourd'hui, je les ai lus, et je ne suis d'accord avec aucun d'eux», a-t-il lâché.

Son avocat, David Hooper, s'est ensuite plaint du traitement réservé à son client, affirmant qu'il était «honteux» que M. Thaçi ait été menotté à l'extérieur du tribunal. La défense a l'intention de demander sa libération conditionnelle.

«Réécrire l'histoire»

Au coeur de la vie politique kosovare depuis deux décennies, M. Thaçi a constamment proclamé son innocence, accusant la justice internationale de «réécrire l'histoire». Ceci dit, il a promis de «collaborer étroitement avec la justice».

La guerre du Kosovo, opposant forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise, a fait plus de 13'000 morts, des Kosovars albanais pour la plupart. Elle s'est terminée quand une campagne occidentale de frappes aériennes, au printemps 1999, a contraint les forces serbes à se retirer.

Au sortir de la guerre, Hashim Thaçi déposa les armes pour endosser les habits de l'homme politique, ce qui conduisit Joe Biden, alors vice-président des Etats-Unis, à voir en lui le «George Washington du Kosovo».

Hashim Thaçi, qui était président du Kosovo depuis 2016 et avait auparavant été Premier ministre, avait assuré qu'il démissionnerait de ses fonctions si les accusations de crimes de guerre dont il fait l'objet étaient confirmées par une inculpation formelle.

Etape préliminaire

Trois autres suspects ont été transférés à La Haye à ses côtés: l'ancien porte-parole de l'UCK Jakup Krasniqi, un des plus proches alliés politiques de M. Thaçi, Kadri Veseli, ex-patron du renseignement de la guérilla, ainsi qu'une des figures marquantes de l'UCK, Rexhep Selimi.

La comparution initiale de M. Krasniqi a également eu lieu lundi. Celles de M. Veseli et de M. Selimi sont prévues respectivement mardi et mercredi.

Instance de droit kosovar

Le KSC est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux et chargée d'enquêter sur des crimes commis par l'UCK pendant et après le conflit de 1998-1999, principalement à l'encontre de Serbes, de Roms et d'opposants kosovars à la guérilla.

La plupart des habitants du Kosovo, territoire qui a déclaré en 2008 son indépendance jamais reconnue par la Serbie, considèrent le conflit comme une «guerre juste» contre les forces de Belgrade.

La première apparition de M. Thaçi a fait la une des journaux du Kosovo et était diffusée en direct sur les chaînes de télévision.

«Ce n'est pas juste. Les Serbes étaient le camp qui commettait des crimes, nous tuant pendant qu'ils (le tribunal) arrêtaient ceux qui se battaient pour le Kosovo», lâche Doruntina Begu, 41 ans, infirmière à Pristina.

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