«brutal, archaïque, sans scrupule et lâche», Il écope de 9 ans pour avoir tenté d'assassiner sa fille de 4 ans

gf, ats

13.1.2023 - 16:17

La justice argovienne condamne un homme à neuf ans de prison pour avoir tenté d'assassiner sa fille de 4 ans. En 2019, il a jeté l'enfant au sol deux fois de suite dans un centre commercial avant d'être maîtrisé. L'Irakien doit être expulsé de Suisse durant 13 ans.

Le père de famille a jeté sa fille de 4 ans au sol par deux fois de suite, le 17 août 2019, dans ce centre commercial de Brugg/AG (archives).
Le père de famille a jeté sa fille de 4 ans au sol par deux fois de suite, le 17 août 2019, dans ce centre commercial de Brugg/AG (archives).
ATS

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Le 17 août 2019, l'accusé âgé de 53 ans s'est disputé avec la mère et avec la grand-mère de l'enfant dans un centre commercial à Brugg (AG). Dans la foulée, il a soulevé sa fille en bas âge au-dessus de sa tête et l'a jetée à terre à grande force, deux fois de suite. Des passants ont finalement maîtrisé le père de famille.

Grièvement blessée, l'enfant a survécu à l'agression. Elle a subi notamment plusieurs fractures du crâne. Quelques jours plus tôt, l'homme avait été frappé d'une interdiction de périmètre.

Thérapie ambulatoire

Dans son jugement rendu vendredi à Schafisheim (AG), le Tribunal de district de Brugg a reconnu le prévenu coupable de tentative d'assassinat, lésions corporelles, menaces et insultes. Outre la peine de prison, l'homme écope aussi de 150 jours-amende à 10 francs. Il devra aussi verser des réparations à sa fille et à son ex-compagne.

Le quinquagénaire se trouve en détention depuis trois ans et demi. Il devra y suivre une thérapie ambulatoire, ont décidé les juges. Son expulsion du territoire sera aussi valable dans l'ensemble de l'espace Schengen.

L'accusation avait exigé près de 20 ans

Concernant la durée de la peine de prison, la Cour n'a pas suivi l'avis du Ministère public qui réclamait une sanction bien plus lourde, de 19 ans et neuf mois. La défense avait, elle, demandé que la peine n'excède pas 3 ans et demi pour lésions corporelles sans intention de tuer et insultes.

En fixant la peine, le tribunal a tenu compte de circonstances atténuantes, liées au trouble de la personnalité dont souffrait l'accusé au moment des faits. En revanche, il n'a relevé aucun véritable regret de la part de l'accusé durant son procès.

Survie, par chance, à une froide agression

L'accusé a commis un acte «brutal, archaïque, sans scrupule et lâche», a souligné le président en prononçant le jugement. Il a ainsi «volé une enfance insouciante à sa fille». Cette dernière a eu «une chance inimaginable, doublée d'un ange-gardien, de ne pas avoir subi des blessures mettant immédiatement sa vie en danger». C'est pourquoi la Cour n'a retenu que des lésions corporelles et non pas des lésions corporelles graves.

Selon le tribunal, le père de famille avait, au moment de son acte, l'intention de tuer. Il a agi avec froideur et perfidie contre son enfant sans défense et qui n'avait aucune idée de ce qui lui arrivait. Les conditions du chef d'accusation de tentative d'assassinat sont donc remplies.

Intelligence diminuée et agressivité

Arrivé en Suisse en 2001, sans formation ni certificat scolaire, le prévenu est originaire du Kurdistan irakien. Il y a combattu dans sa jeunesse dans une milice armée kurde. Menacé d'expulsion en 2008, il avait alors fait recours contre son renvoi avec succès.

L'expertise psychiatrique a relevé une diminution de ses capacités intellectuelles, mais il n'a pas conclu à un traumatisme lié à la guerre. L'homme présente un comportement agressif et menaçant en cas de conflit. La police avait donc déjà eu affaire à lui avant son acte, pour des faits de violence.