80 ans après le Débarquement «Il embrasse très bien» - Un mariage pas comme les autres en Normandie 

AFP

8.5.2024

L'histoire d'amour entre Harold Terens et Jeanne Swerlin est plus belle «que celle de Roméo et Juliette»: l'ancien combattant américain et sa fiancée se marient en juin en France, en plein 80e anniversaire du Débarquement des troupes alliées lors de la Seconde Guerre mondiale.

L'histoire d'amour entre Harold Terens et Jeanne Swerlin est plus belle «que celle de Roméo et Juliette».
L'histoire d'amour entre Harold Terens et Jeanne Swerlin est plus belle «que celle de Roméo et Juliette».
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Agé de 100 ans, celui qui a reçu la Légion d'honneur française en 2019, de la part du président Emmanuel Macron, sera de nouveau glorifié le 6 juin, lors des célébrations des 80 ans de l'opération militaire qui a contribué à la défaite de l'Allemagne. Deux jours plus tard, le couple se mariera à Carentan-les-Marais, tout près des plages où des milliers de soldats ont débarqué en 1944.

«C'est une histoire d'amour comme vous n'en avez jamais vue», se targue avec sourire l'ancien combattant, lors d'un entretien avec l'AFP, dans la maison de Jeanne Swerlin à Boca Raton, en Floride.

Dans cet havre ensoleillé du sud-est des Etats-Unis, le couple se lance des regards amoureux, se prend la main et s'embrasse comme au premier jour. Harold Terens «est une personne incroyable», confie sa future épouse de 96 ans. «J'aime tout chez lui. Il est beau et embrasse très bien».

Joyeux et vif d'esprit, l'ancien combattant est aussi doté d'une mémoire prodigieuse. Dates, villes et événements: il se souvient de tout sans hésitation. Un livre d'histoire vivant.

Peu après son 18e anniversaire, le Japon bombarde la base navale américaine de Pearl Harbor. Comme beaucoup de jeunes Américains, il veut s'engager dans l'armée.

Harold Terens devient expert en morse, alphabet codé utilisé par les militaires pour transmettre des textes souvent chiffrés. A 20 ans, il part sur un navire américain jusqu'en Angleterre, où il est chargé des communications terre-air d'un escadron des fameux avions de chasse américains P-47 Thunderbolt.

De l'Angleterre à l'Ukraine

«Nous étions en train de perdre la guerre, car nous perdions beaucoup d'avions et de pilotes», se souvient-il. «Ces pilotes étaient des amis et ils les ont tués. Ils étaient tous jeunes».

Sa compagnie perd la moitié de ses 60 avions lors du Débarquement et il se porte ensuite volontaire pour transporter de Normandie à l'Angleterre les prisonniers de guerre allemands et les troupes alliées libérées.

Un jour, il reçoit une enveloppe avec l'instruction de ne pas l'ouvrir avant d'arriver à une certaine destination. Il commence un périple jusqu'en Ukraine alors soviétique, en passant notamment par Casablanca, Le Caire, Bagdad ou Téhéran.

Quand il arrive en Ukraine, un officier russe l'informe qu'il participe à une mission secrète. Harold Terens doit fournir en bombes, carburant et nourriture des avions américains décollant d'Angleterre et attaquant des champs pétrolifères nazis en Roumanie.

L'opération dure 24 heures, jusqu'au moment où les Allemands découvrent la base ukrainienne et l'attaquent. Le jeune militaire américain réussit à s'échapper. Contractant la dysenterie, il survit grâce à l'aide d'une famille de fermiers locale.

De retour en Angleterre, il évite la mort une nouvelle fois, quand on lui refuse un verre dans un pub qui s'apprête à fermer. Déçu, il quitte l'établissement qui sera peu après bombardé par les Allemands.

Une première femme et un deuil

Après la guerre, il se marie avec Thelma, sa première épouse. Ils restent mariés pendant 70 ans et ont trois enfants. Harold Terens travaille dans une entreprise britannique. Puis, à la retraite, le couple s'installe en Floride. Thelma décède en 2018. Il est dévasté: «Trois ans à m'apitoyer sur mon sort et pleurer la mort de mon épouse».

Mais, en 2021 un ami en commun lui présente Jeanne Swerlin, une femme, elle aussi veuve, et qu'il lui décrit comme éblouissante. Mais pas de coup de foudre entre les deux. Lors de leur première rencontre, Harold Terens la regarde à peine. Au deuxième rendez-vous, tout change et ils deviennent inséparables.

«Je n'ai jamais aimé quelqu'un comme cette femme», s'enthousiasme-t-il. «Elle illumine ma vie. Elle fait en sorte que tout soit beau, que la vie vaille la peine d'être vécue».

Ils se marieront lors d'une cérémonie où la petite-fille de l'ancien militaire chantera le tube «I will always love you» de Whitney Houston. Son arrière-petite-fille dispersera des pétales de fleurs sur le sol. «J'ai tout», estime Harold Terens. «Je suis probablement la personne la plus chanceuse du monde».