Biden déclare l'état d'urgenceBiden déclare l'état d'urgence - 4 morts et 159 personnes manquantes en Floride
ATS
25.6.2021 - 15:29
L'Amérique redoutait un bilan catastrophique vendredi après l'effondrement spectaculaire d'un immeuble résidentiel près de Miami, le nombre de morts comme celui des personnes manquantes s'étant alourdis. Les secouristes poursuivent leur course contre la montre.
Keystone-SDA
25.06.2021, 15:29
25.06.2021, 18:40
ATS
Au moins quatre personnes ont trouvé la mort dans cette catastrophe pour l'heure inexpliquée, survenue aux premières heures de jeudi.
En tout «120 personnes ont été localisées (...) mais le nombre de personnes dont nous sommes sans nouvelles est monté à 159», a déclaré dans une conférence de presse Daniella Levine Cava, la maire du comté de Miami-Dade.
«Nous confirmons une hausse du bilan des morts qui est désormais de quatre», a-t-elle ajouté tout en assurant que les recherches des décombres se poursuivaient car les autorités ont «encore un espoir de retrouver des personnes vivantes».
Pompiers et unités cynophiles s'activent ainsi toujours dans les ruines de cet immeuble situé au sein du complexe Champlain Towers South dans la ville de Surfside au sud-est des Etats-Unis. Des bruits ont été entendus émanant des gravats, sans que les sauveteurs soient sûrs qu'ils étaient d'origine humaine.
Biden déclare l'état d'urgence
Le président Joe Biden a déclaré l'état d'urgence vendredi afin de fournir une assistance fédérale pour les opérations de secours et de relogement d'urgence des rescapés.
Selon le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, «presque un tiers des disparus (...) sont étrangers». «Nous travaillons avec les consulats de divers pays en Amérique latine pour aider les membres des familles des victimes qui ont besoin de venir aux Etats-Unis à obtenir des visas», a-t-il tweeté jeudi.
La famille de la Première dame du Paraguay concernée
Parmi les disparus figurent neuf Argentins, trois Uruguayens et six Paraguayens. La soeur de la Première dame du Paraguay, Silvana Lopez Moreira, et sa famille sont concernés, a confirmé le ministre paraguayen des Affaires étrangères, Euclides Acevedo.
Les douze étages se sont écroulés vers 01H30 du matin (05H30 GMT), dégageant selon des témoins un grand nuage de poussière sur plusieurs pâtés de maisons.
«J'étais dans un sommeil profond, et j'ai entendu un grand fracas, que j'ai pris pour un crash et de la foudre. Mais ça a continué, pendant 15-20 minutes je dirais», a témoigné Barry Cohen, 63 ans, un habitant de l'immeuble effondré.
Nicolas Fernandez, un Argentin vivant à Miami, a rapporté à l'AFP que des amis de sa famille logeaient dans le complexe. «Je n'ai pas de nouvelles d'eux. Je ne sais pas s'ils sont vivants ou si...», a balbutié le jeune homme de 29 ans.
Une opération de secours dangereuse
Les opérations de secours ont continué sans relâche durant la nuit de jeudi à vendredi, et ce malgré une tempête qui s'est déclenchée vers 22H00 locales charriant de fortes pluies.
Les secouristes «sont extrêmement motivés par la perspective de retrouver des gens. Il nous faut les obliger à effectuer leurs rotations, cela montre combien leur motivation est forte», a insisté la maire Daniella Levine Cava.
«Les opérations sont effectuées avec un très fort risque pour ces individus. Des débris leur tombent dessus alors qu'ils font leur travail», a-t-elle précisé.
55 appartements touchés
L'effondrement de toute une aile de ce complexe donnant sur l'océan a touché environ 55 appartements.
Surfside accueille une importante communauté juive et des rabbins ont été mobilisés pour apporter du soutien aux résidents juifs évacués et à leurs proches.
La ville nichée au nord de Miami Beach compte près de 2.500 habitants juifs pour une population de 6.000, rapportait en 2018 l'agence de presse juive Jewish Telegraphic Agency.
En plus de «chambres d'hôtel», les résidents évacués reçoivent par ailleurs «des médicaments, couvertures et vêtements» après avoir été évacués au milieu de la nuit, a précisé Mme Levine Cava.
l'intégrité de l'immeuble en question
L'immeuble qui s'est effondré jeudi à Miami faisait l'objet de travaux de remise aux normes. Il s'était légèrement affaissé, au moins dans les années 1990, selon une étude, alors que se multiplient les questions sur les causes permettant d'expliquer un tel drame rarissime.
Des travaux de remise aux normes qui doivent avoir lieu tous les 40 ans selon la règle en vigueur dans ce comté étaient en cours avant l'écroulement du bâtiment, notamment sur son toit, a-t-on appris dès jeudi matin auprès de responsables locaux qui semblaient toutefois écarter la possibilité que ces rénovations aient pu causer le sinistre.
L'attention s'est ensuite portée sur une étude de 2020 montrant que cet immeuble a subi un affaissement «très subtil» dans les années 1990, à une vitesse d'environ 2 millimètres par an entre 1993 et 1999.
Affaissement très lent
L'un des auteurs de l'étude, Shimon Wdowinski, professeur à la Florida International University (FIU), a toutefois confié sur CNN ne pas savoir «si l'effondrement était prévisible». «En soi, l'affaissement des sols ne causerait pas l'effondrement d'un immeuble», explique son université dans un communiqué paraphrasant le chercheur.
«Mais dans ce cas, le signal (d'affaissement) est très localisé sur cet immeuble. Cela signifie que ce n'est pas forcément l'immeuble qui s'est enfoncé dans le sol. Cela peut être l'immeuble qui s'est enfoncé sur lui-même, s'il y avait des dégâts structurels dans le bâtiment», a-t-il expliqué vendredi sur CNN.
L'affaissement des sols mesuré à Miami est beaucoup plus lent que dans d'autres régions du monde aussi étudiées par M. Wdowinski, comme Mexico, qui s'affaisse de 38,1 centimètres par an – soit près de 2000 fois plus vite -, selon l'université.
«Nous n'y avons pas accordé trop d'importance», a confié M. Wdowinski à USA Today, estimant peu probable que les responsables de la ville aient eu connaissance de l'étude avant l'effondrement.
Réaction en chaîne
Mais quelques millimètres, «quand ils s'additionnent sur de nombreuses années, ça fait un chiffre élevé», explique Matthys Levy, professeur d'ingénierie à l'université de Columbia, cité par USA Today.
Et lorsqu'une partie du bâtiment s'effondre, cela crée souvent une réaction en chaîne, comme lors des attentats du 11 Septembre 2001 à New York, relève-t-il. «Ça ne s'arrête pas, c'est impossible à arrêter. (...) Il n'y a pas d'élément (dans la structure) assez solide pour retenir l'écroulement», décrit M. Levy, qui évoque un mécanisme de «cascade».
Les médias américains rapportent également qu'une plainte avait été déposée en 2015 par le propriétaire d'un bien dans l'immeuble, selon qui un mur extérieur était touché par des fissures et dégâts des eaux.
Longue enquête
La recherche des causes du drame devrait quoi qu'il arrive s'étirer en longueur. «Dans ce genre de cas, les ingénieurs spécialistes des structures (...) examinent les plans, la façon dont l'immeuble a été construit, prélèvent des échantillons d'acier, de ciment, examinent les signes de corrosion», a décrit un autre expert de la FIU, Atorod Azizinamini, spécialiste en infrastructure.
Un processus qui «prend du temps» et ne sera pas terminé au bout de quelques «jours» ni «semaines».