Harcèlement sexuel Inculpation de Ramadan pour viol examinée

ATS

17.1.2019 - 23:23

Inculpé le 2 février 2018, Tariq Ramadan a ensuite passé neuf mois en détention provisoire, jusqu'à mi-novembre dernier (archives).
Inculpé le 2 février 2018, Tariq Ramadan a ensuite passé neuf mois en détention provisoire, jusqu'à mi-novembre dernier (archives).
Source: KEYSTONE/AP/MICHEL SPINGLER

La cour d'appel de Paris examinait jeudi la demande de l'islamologue suisse Tariq Ramadan de retirer les inculpations de viols dont il fait l'objet. Cela deux mois après sa remise en liberté.

Ce dernier, absent à l'audience, est accusé de deux viols, qu'il conteste fermement : le 9 octobre 2009 à Lyon (centre-est) par une femme surnommée "Christelle" dans les médias et au printemps 2012 à Paris par une ancienne salafiste devenue militante laïque.

Inculpé le 2 février 2018, M. Ramadan a ensuite passé neuf mois en détention provisoire, jusqu'à mi-novembre. Quelques semaines plus tôt, au cours d'une spectaculaire volte-face, le prédicateur de 56 ans avait admis une relation sexuelle avec chacune d'elle, consentie selon lui, après des mois de dénégations.

Il avait été poussé à ce changement de stratégie par des SMS exhumés d'un ancien téléphone de "Christelle", alors qu'il ne reconnaissait jusqu'alors qu'un "jeu de séduction" à distance.

Témoignage fragilisé

La récente analyse de l'abondante correspondance de Tariq Ramadan avec les deux femmes par les enquêteurs de la brigade criminelle a fragilisé leur témoignage, selon des documents dont l'AFP a eu connaissance.

En premier lieu, la datation d'un SMS de Christelle où elle écrit que Tariq Ramadan lui a "manqué" dès qu'elle a "passé la porte" est au coeur des débats.

A-t-il été envoyé après les faits, comme le soupçonnent les enquêteurs selon un procès-verbal consulté par l'AFP, ou plusieurs semaines avant, à la suite d'un jeu érotique sur Skype, comme l'affirme la défense ?

L'avocat de Christelle, Eric Morain a dénoncé jeudi à l'AFP les conclusions de "la brigade criminelle qui n'a jamais entendu ni vu une seule plaignante" et se prononce "avant même que ma cliente s'explique sur ces messages". "C'est l'opinion des juges qui importe dans le dossier, rien d'autre", a-t-il ajouté.

Messages analysés

Des messages de l'autre plaignante, envoyés après la rencontre de 2012 et transmis cet automne aux magistrats par la défense de M. Ramadan, ont également été analysés par les policiers. Ils contiennent des propositions sexuelles explicites mais également des reproches de violence et de manipulation.

Pour les enquêteurs, cette femme "est ambivalente, elle évoque une nouvelle fois la violence dont il peut faire preuve, mais dit qu'elle est attirée par ce genre de relations", écrivent-ils dans un autre document.

La cour d'appel de Paris prévoit de se donner un peu moins de deux mois pour délibérer. Elle rendra sa décision le 14 mars.

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