Tempête Daniel Inondations meurtrières en Libye: au moins 3800 morts à Derna

ATS

13.9.2023 - 18:35

La Libye est encore sous le choc mercredi après des inondations provoquées par la tempête Daniel qui ont fait au moins 3800 morts dans la ville côtière de Derna, dans l'Est du pays. Des corps enveloppés dans des couvertures jonchent les rues.

Le Croissant-Rouge libyen est mobilisé pour venir en aide aux victimes de la catastrophe.
Le Croissant-Rouge libyen est mobilisé pour venir en aide aux victimes de la catastrophe.
ATS

Keystone-SDA

Selon le porte-parole, le lieutenant Tarek al-Kharraz, 3840 morts ont été recensés dans la ville à ce stade, dont 3190 ont déjà été enterrés. Au moins 400 étrangers, essentiellement des Soudanais et des Egyptiens, figurent parmi les victimes.

Au moins 30'000 personnes qui vivaient dans cette ville de 100'000 habitants ont été déplacées, a indiqué de son côté l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), et les incertitudes demeurent sur le nombre exact de victimes de la catastrophe.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux par la chaîne de télévision d'Etat Al-Wataniya al-Libya montrent un paysage apocalyptique à Derna avec des rues dévastées, des arbres fauchés, des bâtiments rasés et des personnes qui soulèvent les draps recouvrant des corps gisant sur un trottoir pour tenter de les identifier.

La ville n'est plus accessible que par deux entrées au sud (sur sept habituellement), des pannes d'électricité généralisées et des perturbations du réseau de télécommunication y limitent les communications, selon l'OIM.

Outre Derna, 3000 personnes ont été déplacées à al-Bayda et plus de 2000 à Benghazi, d'autres villes situées plus à l'Ouest.

«Des milliers» de morts

Alors que le pays est enfoncé dans le chaos depuis la mort du dictateur Mouammar Khadafi en 2011, divisé entre l'Est et l'Ouest, les autorités des camps rivaux évoquent «des milliers» de morts.

Un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a fait état, lui, d'un nombre «énorme» de morts, avec 10'000 disparus.

Depuis le grand tremblement de terre qui a secoué la ville d'al-Marj (est) en 1963, c'est la pire catastrophe naturelle que connaît la Cyrénaïque, province orientale de la Libye.

«Enorme explosion»

Dimanche après-midi, la tempête Daniel a atteint la côte orientale de la Libye, touchant la métropole de Benghazi avant de se diriger vers l'Est en direction des villes du Jabal al-Akhdar (nord-est), comme Shahat (Cyrène), al-Marj, al-Bayda et Soussa (Apollonia) mais surtout Derna.

Quelques heures plus tard, les deux barrages sur Wadi Derna, qui retiennent les eaux de l'oued qui traverse la ville, ont lâché. Des témoins ont indiqué à des médias libyens avoir entendu une «énorme explosion» avant que des torrents puissants n'atteignent la ville, débordant sur les rives, emportant les ponts et des quartiers entiers avec leurs habitants vers la Méditerranée.

Forte mobilisation

Des corps ont commencé dès mardi à être rejetés par la mer qui a viré de couleur en devenant marron comme la boue.

Dans le pays comme à l'étranger, la mobilisation est forte pour aider les victimes, même si les secours arrivent encore au compte-goutte.

La Commission européenne a annoncé mercredi l'envoi d'aide de l'Allemagne, la Roumanie et la Finlande vers Derna dans le cadre du mécanisme de protection civile de l'Union européenne (UE). L'UE indique aussi avoir débloqué une première enveloppe de 500'000 euros pour répondre aux besoins les plus urgents des Libyens.

La Jordanie a envoyé un avion rempli d'aide humanitaire, a indiqué de son côté l'Organisation caritative hachémite jordanienne, et le ministère italien de la Défense a annoncé mercredi le départ d'un navire et de deux avions de transport militaires pour acheminer des experts et du matériel logistique de première nécessité.

Danger des munitions non explosées

«Compte tenu de l'ampleur et de la complexité des besoins, il est impératif qu'une approche bien coordonnée et multi-agences soit déployée pour offrir une aide rapide et efficace aux communautés touchées», a souligné pour sa part le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU.

De son côté, un responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a mis en garde contre le danger lié à la contamination par les armes de la guerre, en raison des crues qui ont «déplacé des munitions non explosées dans des zones auparavant exemptes de contamination».

Cela fait courir «davantage de risques pour les survivants et les personnes chargées de l'aide humanitaire», a ajouté Erik Tollefsen dans un tweet.