Internement confirmé La septuagénaire qui a tué un enfant reste dangereuse

me, ats

29.3.2022 - 18:12

La Cour d'appel de Bâle-Ville a confirmé mardi l'internement d'une femme de 76 ans qui a tué un enfant de sept ans en mars 2019 à Bâle. Le tribunal a accordé des dommages-intérêts aux parents de la victime, ce que les juges de première instance avaient refusé.

L'internement prononcé en première instance a été confirmé mardi, car la septuagénaire pourrait commettre de nouveaux actes de violence en raison de ses problèmes psychiques. (image d'illustration)
L'internement prononcé en première instance a été confirmé mardi, car la septuagénaire pourrait commettre de nouveaux actes de violence en raison de ses problèmes psychiques. (image d'illustration)
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29.3.2022 - 18:12

Comme le tribunal pénal, la Cour d'appel a considéré que toutes les conditions sont requises pour une condamnation pour assassinat. La septuagénaire n'est toutefois pas responsable de ses actes en raison de troubles psychiques.

L'accusée n'est donc pas punissable. L'internement prononcé en première instance a été confirmé mardi, car la septuagénaire pourrait commettre de nouveaux actes de violence en raison de ses problèmes psychiques.

Réparation pour tort moral

Contrairement au jugement de première instance, la Cour d'appel a approuvé en partie les demandes financières des parents de l'enfant assassiné. Elle leur accorde des dommages-intérêts de 12'447 francs et une réparation pour tort moral de 123'666 francs. Le jugement n'est pas encore entré en force et peut faire l'objet d'un recours au Tribunal fédéral.

Le meurtre a été commis de manière «particulièrement impitoyable», a déclaré la présidente du tribunal. «L'acte atroce remplit tous les critères d'un assassinat». La prévenue «a planifié son acte de manière implacable». Elle n'a à aucun moment pensé à la souffrance de la famille, mais seulement à ses propres intérêts.

Recours de l'accusée et de la famille

La prévenue avait fait recours contre le jugement de première instance d'août 2020, car elle s'opposait à la décision d'internement. Les parents de l'enfant avaient aussi fait appel en raison de la décision de ne pas leur accorder de dommages-intérêts et de réparation pour tort moral.

En première instance, la femme avait déclaré qu'elle n'a pas de problème psychique et qu'elle n'est pas irresponsable. À la fin des audiences, elle avait profité de ses 60 minutes de temps de parole pour attirer l'attention sur les manquements dont ont fait preuve les autorités.

Refus de la psychothérapie

Jeudi, la septuagénaire a déclaré qu'elle refuse les médicaments et la psychothérapie. Elle a affirmé ne pas avoir prémédité son acte, mais qu'il avait été commis sous le coup de la colère. Elle a une nouvelle fois évoqué son conflit avec les autorités qui l'aurait poussée à tuer. Elle a parlé de «dossiers falsifiés», de «chantage», de «fraude», de «manipulation». Elle n'a pas dit un mot sur le crime.

L'avocat de la défense a demandé la levée de l'internement et l'acquittement. Il a rejeté les expertises psychiatriques, qu'il a jugées «pas convaincantes», et un diagnostic «erroné». Le Ministère public a demandé la confirmation du jugement de première instance s'agissant de l'internement.

Poignardé en pleine rue

Les faits remontent au 21 mars 2019, vers 12h40. Un écolier âgé de sept ans a été poignardé en pleine rue à Bâle alors qu'il rentrait à la maison. Le garçon a succombé à ses blessures. Le crime a créé une vive émotion dans la cité rhénane et dans toute la Suisse.

Selon l'acte d'accusation, la septuagénaire s'est approchée par derrière de l'enfant qu'elle ne connaissait pas avec l'intention de le tuer. Elle lui a donné un coup de couteau à la gorge et l'a gravement blessé.

Elle a ensuite quitté les lieux. Dans l'acte d'accusation, il est précisé qu'elle a alors envoyé un SMS à plusieurs personnes. Environ une heure après le crime, elle s'est présentée «calme et sereine» chez le procureur et lui a remis l'arme avec laquelle elle avait tué l'enfant.

Attaque minutieusement planifiée

Selon le procureur, l'accusée a minutieusement planifié son attaque. La femme souffre d'une affection délirante chronique, soit une forme de quérulence très grave. Ce trouble s'est développé progressivement et a été diagnostiqué par trois expertises psychiatriques avant le crime.

Les démêlés judiciaires de son compagnon, décédé en 1999, seraient le déclencheur de ce problème psychique, selon les expertises. La prévenue et son compagnon ont été expulsés de force de leur appartement à Allschwil (BL) en 1992. Le couple s'est retrouvé temporairement sans toit.

Lettres avec des menaces de mort

Pendant des décennies, l'accusée a écrit des lettres toujours plus virulentes aux autorités. Ces courriers remplissent plus de dix cartons à bananes, selon l'acte d'accusation. Dès 2002, ces lettres comportaient souvent des menaces de mort.

Dès 2016, les menaces sont devenues plus fréquentes. La septuagénaire évoquait souvent un acte de violence qui pourrait se produire à tout moment si ses demandes pour qu'on lui restitue des biens lui appartenant n'étaient pas satisfaites.

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