Israël-Hamas Adjani et Béart en tête d'une marche silencieuse à Paris 

AFP

19.11.2023 - 19:11

Derrière une grande banderole blanche et sans aucun slogan, plusieurs milliers de personnes dont les actrices Isabelle Adjani et Emmanuelle Béart, ont marché en silence dimanche à Paris pour la paix au Proche-Orient et contre la haine.

Les deux actrices étaient en tête du cortège -- 3.600 personnes selon la préfecture de police -- qui s'est élancé sous le soleil du parvis de l'Institut du monde arabe (Ima) pour rejoindre symboliquement le Musée d'art et d'Histoire du judaïsme.

A leurs côtés, se trouvaient les actrices Julie Gayet, Ariane Ascaride, la chanteuse Yael Naïm, la journaliste Laure Adler, la réalisatrice Yamina Benguigui et la comédienne Lubna Azabal, vue récemment dans «Le bleu du caftan», à l'origine de cette initiative.

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak s'est mêlée aux manifestants, pour la plupart âgés, certains portant des brassards blancs, pour «être aux côtés de ceux qui s'engagent (...) dans ce mouvement de la société civile sans banderole, sans slogan, dans le silence, dans la dignité». 

«Ce n'est pas une marche de silence, c'est une marche en silence», a déclaré la ministre à l'AFP.

Cette manifestation a été déclenchée par un «texte puissant», a-t-elle rappelé, en référence à une tribune signée par près de 600 artistes, qui appelle à «porter la voix de l'unité» et à ne pas prendre position dans le conflit.

«Les gens sont là pour apaiser. Ils ne pensent pas forcément la même chose. Je soutiens à fond cette manifestation d'unité», a déclaré Jack Lang, le président de l'Ima, en tête de cortège. 

Portant écharpe et bonnet blanc, Isabelle Adjani a brandi pendant le défilé un exemple du livre «Planète en guerre, planète en paix» avec en couverture une colombe et une jeune femme derrière les barbelés. Elle a refusé de s'exprimer. 

«Nous avons opté pour une neutralité absolue en réponse au bruit des armes, à la vocifération des extrémismes», a déclaré au quotidien Libération Lubna Azabal, présidente du collectif «Une autre voix», à l'origine de cette marche.

Les jeunes réticents

Cette manifestation se tient une semaine après la marche contre l'antisémitisme, suivie par 100.000 personnes à Paris.

Samedi, des mobilisations pro-palestiniennes pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza ont rassemblé des milliers de manifestants à travers la France.

Critiquées pour leur silence face à la guerre Israël-Hamas, les personnalités de la culture ont choisi de manifester «en silence», «une autre façon de s'exprimer parce qu'on n'y arrive pas», a résumé sur la chaîne France 5 l'actrice Julie Gayet, également membre du collectif.

«On a l'envie de pouvoir exprimer notre tristesse et notre sidération depuis le 7 octobre. L'idée est d'avoir une autre voix, de ne pas choisir un camp à détester», a-t-elle souligné encore sur RTL. 

Lubna Azabal, qui dénonce également «les injonctions à choisir son camp», a reconnu avoir eu du mal à attirer les jeunes visages de la musique et du cinéma qui «ont peur de perdre» leurs abonnés sur les réseaux sociaux et «être étiquetés y compris dans le cadre d'une initiative aussi fédératrice». 

«Je ne veux pas laisser la haine l'emporter, et c'est justement le sens» de cette marche, a pour sa part déclaré au quotidien Le Parisien la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui qui a perdu deux membres de sa famille dans les attaques perpétrées le 7 octobre en Israël et sans nouvelles de trois proches pris en otage.

L'armée israélienne estime que quelque 240 personnes ont été prises en otage dans la bande de Gaza au cours de l'attaque sans précédent du Hamas sur le territoire israélien, le 7 octobre. Celle-ci a fait environ 1.200 morts, principalement des civils, selon les autorités israéliennes.

En représailles, Israël bombarde sans répit la bande de Gaza et mène depuis le 27 octobre une opération terrestre dans le but «d'anéantir» le mouvement islamiste au pouvoir dans le territoire palestinien. Ces frappes israéliennes sur Gaza ont fait plus de 12.300 morts dont 5.000 enfants et 3.300 femmes, selon le ministère de la Santé du Hamas.