«Quand Netanyahu a annoncé le reconfinement, j'ai pensé me tuer!«, lance Yaël, une Israélienne venue manifester jeudi soir à Tel-Aviv contre le nouveau confinement général du pays. Celui-ci a été imposé pour faire face à une résurgence de la pandémie de coronavirus.
Dans quelques heures à peine, vendredi à 14h00 l'Etat hébreu basculera en «seger clali», un «confinement généralisé» de trois semaines qui coïncide avec le début des fêtes juives – Rosh Hashana (nouvel an), Yom Kippour (jour du pardon) et Sukkout (fêtes des cabanes)-- qui s'étirent jusqu'au 11 octobre.
Pour Yaël, 60 ans, employée de bureau dans un cabinet d'architecte qui a justement perdu son poste en raison de la crise, le rebouclage de l'économie israélienne annoncé dimanche soir par le Premier ministre Benjamin Netanyahu n'augure rien de bon.
«Les gens sont déprimés»
«L'économie chute, les gens perdent leur emploi, sont déprimés. Et pour quoi? Pour rien», souffle-t-elle lors d'une manifestation anticonfinement qui a réuni entre 300 et 400 personnes jeudi soir à Tel-Aviv.
Les Israéliens avaient en général accepté sans rechigner le premier confinement en mars-avril, qui avait coïncidé avec la Pâque juive, mais cette fois-ci le ras-le-bol, l'incompréhension et la colère sont patents.
«L'Europe retourne progressivement à la normale et nous, Israël, nous retournons en arrière», déplore Yaël.
Pays de neuf millions d'habitants, Israël a officiellement enregistré plus de 172'000 cas de coronavirus, dont 1163 décès, depuis le début de la pandémie.
L'Etat hébreu est le pays avant recensé le plus fort taux de contamination ces deux dernières semaines, selon un comptage mondial réalisé par l'AFP.
Drapeau rouge
«Le système de santé a levé le drapeau rouge la semaine dernière(...) Nous avons tout fait pour tenter de trouver un équilibre entre les besoins de santé et les besoins économiques, mais nous sommes témoins d'une hausse inquiétante des contaminations et du nombre de malades graves ces deux derniers jours», a déclaré M. Netanyahu dans une allocution télévisée jeudi soir.
Il a ajouté qu'il n'hésiterait pas, si nécessaire, à durcir les mesures de confinement perçues comme un coup de massue par une partie de la population.
«C'est une mesure agressive, qui dévaste l'économie et qui n'est pas utile pour stopper l'épidémie. La seule raison pour laquelle le gouvernement impose un reconfinement, c'est qu'il est complètement perdu (...), qu'il a complètement échoué à gérer le coronavirus», a répliqué le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un entretien à l'AFP.
Pas à plus de 500 mètres
Les Israéliens ne pourront pas se rendre à plus de 500 mètres de chez eux, hormis pour aller au marché, à la pharmacie ou au travail, s'il s'agit d'une profession jugée essentielle.
Des exceptions sont prévues, comme pour se rendre à des «funérailles ou à une circoncision», a précisé jeudi le ministère de la Santé, qui a aussi imposé des restrictions sur les lieux de culte.
Les synagogues sont en général remplies lors des deux jours de Rosh Hashana et surtout de Yom Kippour. Mais cette année, les fidèles pourront prier dans les synagogues en fonction de la taille de l'édifice.
Synagogue fermée
Pour la première fois de son histoire, la grande synagogue de Jérusalem n'accueillera pas les célébrations du Nouvel an juif en raison des restrictions imposées pour lutter contre l'épidémie.
Ce nouveau confinement devrait aussi stopper les manifestations du samedi soir devant la résidence officielle du Premier ministre, rue Balfour à Jérusalem. Depuis l'été, des milliers d'Israéliens s'y réunissent une fois par semaine pour dénoncer la gestion, sanitaire et économique, de la pandémie par le gouvernement.