Nouvel ADN sur une balle Italie: Faut-il rouvrir le dossier du «monstre de Florence»?

SDA

29.7.2024 - 20:48

Un ADN inconnu relierait trois des huit doubles meurtres attribués au «monstre de Florence», Pietro Pacciani, un maniaque qui a ensanglanté les collines autour de la capitale toscane de 1968 à 1985. C'est du moins ce qu'a constaté l'hématologue italien Lorenzo Iovino, selon «La Repubblica».

Pietro Pacciani a été arrêté le 17 janvier 1993 sous l'accusation d'être le meurtrier des huit couples. Il est décédé en 1998. (Photo d'archives)
Pietro Pacciani a été arrêté le 17 janvier 1993 sous l'accusation d'être le meurtrier des huit couples. Il est décédé en 1998. (Photo d'archives)
Keystone

Lorenzo Iovino, qui travaille à Seattle où il s'occupe de greffes de moelle osseuse, a mené ses recherches en tant que consultant pour l'un des avocats des plaignants, l'avocat Vieri Adriani, qui assiste les familles des deux dernières victimes du «monstre de Florence», Nadine Mauriot et Jean Michel Kraveichvili, un couple de Français tué dans le Scopeti en septembre il y a 39 ans.

Les études ont été menées à partir d'une balle - nommée V3 - découverte en juin 2015: elle a été trouvée logée dans l'oreiller de la tente de Mauriot et Kraveichvili.

Le deuxième ADN n'est pas compatible avec celui des victimes

Sur cette pièce retrouvée des décennies après le double meurtre, une équipe dirigée par le généticien Ugo Ricci a identifié en 2018 un profil génétique récurrent, remontant par la suite à celui de l'expert en balistique qui avait effectué les examens dans le passé, mélangé à un second profil partiel inconnu.

Iovino, en analysant les séquences d'ADN rapportées dans la consultation de Ricci, est arrivé à des conclusions qui, selon le journal «La Repubblica», seraient potentiellement sensationnelles.

Les voici : «Le deuxième ADN de la pièce à conviction V3, dit l'hématologue, n'est non seulement pas compatible avec celui des victimes et du deuxième expert balistique qui avait manipulé la pièce, mais il n'est pas non plus compatible avec celui de certains suspects, ni avec les traces d'ADN d'autres personnes inconnues isolées par Ricci sur le pantalon de Jean Michel et sur la tente».

Un lien avec deux autres crimes ?

La séquence, précise le consultant, se retrouverait aussi en partie sur les balles retrouvées dans deux autres doubles meurtres, ceux des Allemands Horst Wilhelm Meyer et Jens-Uwe Rüsch, tués le 9 septembre 1983 à Giogoli, et de Pia Rontini et Claudio Stefanacci, décédés à Vicchio (Florence) il y a exactement 40 ans, le 29 juillet 1984.

«Certains meurtres n'ont pas fait l'objet d'un jugement, et les jugements eux-mêmes ont émis l'hypothèse d'une pluralité d'acteurs. C'est pourquoi il serait essentiel d'exploiter pleinement les résultats du conseil génétique déjà effectué».

Les restes de deux autres victimes seront-ils exhumés ?

«Si c'est la signature du monstre, commente l'avocat Vieri Adriani à La Repubblica, il est nécessaire de faire toutes les comparaisons possibles avec les résultats disponibles et avec le profil des personnes qui ont fait l'objet d'une enquête au fil du temps».

L'avocat annonce ensuite une autre démarche : «Si les parents nous en donnent l'autorisation, nous demanderons au parquet d'exhumer le corps de Stefania Pettini», tuée à Borgo San Lorenzo (Florence) le 14 septembre 1974 avec son compagnon Pasquale Gentilcore.

«Nous savons, d'après le rapport du médecin légiste, qu'elle a pu se débattre avec le meurtrier, poursuit l'avocat, il n'est pas impossible de penser que des échantillons biologiques ont été laissés sous ses ongles, par exemple».