Littérature Jacques Chessex disparaissait il y a 10 ans

ATS

6.10.2019 - 10:05

Disparu il y a dix ans, Jacques Chessex revient sur le devant de la scène. L'écrivain vaudois, décédé le 9 octobre 2009, fait l'objet d'un festival cette semaine au Centre culturel des Terreaux à Lausanne, tandis que son éditeur publie des nouvelles inédites.

Jacques Chessex est décédé à 75 ans, victime d'une crise cardiaque en pleine conférence publique à Yverdon-les-Bains, où il s'exprimait sur l'adaptation théâtrale d'une de ses oeuvres, «La Confession du Pasteur Burg». C'est justement cette pièce qui sera jouée mercredi, 10 ans jour pour jour après sa mort, et dimanche.

Le Centre culturel des Terreaux projettera également vendredi un film, «Jacques Chessex, écrire devant l'Eternel», co-réalisé par l'un des fils de l'écrivain. Le lendemain, ce sont deux figures du barreau genevois, Yaël Hayat et Marc Bonnant, qui partageront la scène pour proposer une plaidoirie fictive intitulée «Le procès de Jacques Chessex».

Nouvelles inédites

Une «halte Jacques Chessex» – soit une table, un banc et un arbre – aurait aussi dû être inaugurée cette semaine dans son village de Ropraz (VD). Cet événement a toutefois été reporté au printemps prochain pour ne pas empiéter sur le festival des Terreaux.

L'éditeur parisien du Vaudois, Grasset, a également marqué le coup. Il a publié mercredi dernier «Passage de l'ombre», un recueil de 17 nouvelles, dont 10 inédites. Jacques Chessex n'avait laissé aucune indication sur la publication de ces nouvelles, a expliqué son fils Jean dans une interview à la RTS. «Nous avons finalement décidé que c'était le bon moment pour les sortir», a-t-il dit.

Jean Chessex a ajouté qu'il était encore en possession de manuscrits de son père. «C'est marqué dessus qu'il ne faut pas les publier. Mais il ne les pas détruit non plus. Nous verrons ce que nous en ferons à l'avenir», a-t-il relevé.

Oeuvre sulfureuse

Chapeautées par les deux fils de l'écrivain, Jean et François, les différentes commémorations organisées cette année visent à rendre hommage à l'une des voix les plus marquantes de la littérature romande. Romancier, mais aussi poète, critique et professeur de lettres à Lausanne, Jacques Chessex a laissé une oeuvre considérable qui a autant suscité la polémique que l'admiration.

Pourfendeur de la bien-pensance, le natif de Payerne n'a eu de cesse de sonder les zones obscures des êtres humains, de mettre en scène des personnages tenaillés par les remords et fascinés par la mort. Le Vaudois s'était notamment fait une spécialité d'entremêler érotisme et mysticisme dans ses écrits.

Son livre le plus connu demeure «L'Ogre», pour lequel il a reçu le Goncourt en 1973. Il est d'ailleurs, à ce jour, le seul Suisse à avoir décroché le plus prestigieux prix de la littérature francophone. «Portrait des Vaudois» (1969), «Carabas» (1971), «Le Rêve de Voltaire» (1995), «Le Vampire de Ropraz» (2007) ou «Un Juif pour l'exemple» (2009) figurent également parmi les oeuvres qui ont le plus contribué à sa réputation.

Primé plusieurs fois

Guère attiré par les mondanités, Jacques Chessex était parfois surnommé l'ermite de Ropraz, petit village du Jorat où il avait élu domicile et choisi d'être inhumé. Le Vaudois se rendait néanmoins plusieurs fois par mois à Paris, notamment depuis 1996, date de son accession au jury du prix Médicis.

Outre le Goncourt, qu'il a aussi reçu pour son oeuvre poétique en 2004, Jacques Chessex a obtenu de nombreuses distinctions, dont le prix Schiller, le Grand Prix du rayonnement français de l'Académie française, le Ruban de la Francophonie, le Grand Prix du langage français ou encore le Prix Jean-Giono. Son goût pour la provocation ne l'a pas non plus empêché d'être fait Chevalier de la Légion d'honneur en 2002.

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