Zurich «Carlos» condamné à 6 ans et 4 mois de prison

La Cour suprême du canton de Zurich a condamné mercredi le jeune délinquant zurichois connu sous le nom de «Carlos» à 6 ans et 4 mois de prison. Il a été reconnu coupable d'avoir attaqué et blessé des codétenus et des membres du personnel de la prison.

La Cour suprême a ainsi modifié la peine infligée par le tribunal de district de Dielsdorf. En première instance, le jeune homme âgé de 25 ans avait été condamné à une peine de 4 ans et 9 mois prison commuée en thérapie stationnaire en milieu fermée, ce qu'on appelle un «petit internement».

Le jeune délinquant récidiviste s'est fait connaître du grand public en août 2013 sous le pseudonyme de «Carlos» que la télévision alémanique lui a attribué dans le cadre d'un reportage. L'émission avait révélé les coûts élevés de l'encadrement mis en place pour sa réinsertion, suscitant un tollé qui avait entraîné l'abandon du projet.

Le jugement de la Cour suprême n'est pas encore entré en force. Le procureur et le prévenu peuvent encore faire appel auprès du Tribunal fédéral.

Provocations et insultes racistes

Durant le procès, l'accusé a affirmé qu'il avait été provoqué à plusieurs reprises par le personnel de la prison et qu'il avait été insulté de manière raciste. Ses avocats ont affirmé que ses conditions de détention sont de la torture. Il est maintenu en isolement au pénitencier de Pöschwies (ZH).

La Cour suprême a renoncé à imposer une thérapie. Le prévenu a déclaré lui-même qu'il n'en voulait pas. Il ne peut pas être forcé. L'enfermer pour le restant de sa vie comme l'a demandé l'accusation n'est pas proportionné, a souligné la Cour suprême.

«Ce n'est pas un meurtrier, un violeur ou un pyromane. C'est un cogneur», a déclaré le président du tribunal. «Carlos» est en détention depuis environ trois ans et demi. Il lui reste trois ans à purger. Le Ministère public a déjà ouvert une nouvelle procédure pour 30 autres délits.

Rapporteur de l'ONU sur la torture

Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture Nils Melzer est intervenu auprès du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) concernant les conditions de détention de «Carlos». Dans sa lettre au DFAE, il demande que le régime de détention du jeune délinquant soit assoupli.

Selon les normes fixées par l'ONU, la détention en isolement ne doit être utilisée que dans des cas exceptionnels et en aucun cas pour une durée supérieure à 15 jours. «Mais nous en sommes presque à trois ans» dans le cas de «Carlos», a déclaré lundi Nils Melzer à la radio alémanique SRF.

Le département de justice du canton de Zurich a pris acte des déclarations du rapporteur spécial de l'ONU. «Nous constatons que Nils Melzer porte des accusations sans avoir entendu l'accusé. Ceci est contraire au droit et préjudiciable», a écrit lundi le département.

Visites et appels téléphoniques

Selon le département, le communiqué du rapporteur de l'ONU «contient des erreurs factuelles». Contrairement à ce qu'affirme Nils Melzer, le détenu a le droit de recevoir des visites de sa famille chaque semaine. Il a aussi le droit de faire deux appels téléphoniques par jour avec sa famille et un nombre illimité avec ses représentants légaux.

«Carlos» ne porte plus d'entraves aux mains et aux pieds depuis qu'il dispose d'une cellule avec sa propre cour de promenade, précise le département de justice. La Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) a en outre été invitée à effectuer une visite au pénitencier de Pöschwies. Elle aura lieu le 2 juillet.