Un nouveau pic de chaleur intense frappe la France vendredi, avec jusqu'à 42°C dans le Sud-Ouest, prélude à une canicule durable qui va faire tirer la langue à la population et faire souffrir la végétation.
Face à cette vague de chaleur qui devrait durer jusqu'au milieu de la semaine prochaine, Météo-France a placé 45 départements en vigilance orange canicule, sur une large bande allant des Pyrénées à la frontière belge, en passant par le Centre et la région parisienne mais épargnant les côtes atlantique et méditerranéenne.
Le mercure a déjà commencé à grimper jeudi, avec 37°C à Bordeaux et Toulouse, et le thermomètre n'est pas redescendu dans la nuit en-dessous de 20°C dans de nombreuses stations.
Vendredi s'annonce encore plus étouffant, avec des maximales entre 37 et 40°C sur une large moitié du pays, et des pics jusqu'à 42°C localement en Occitanie, Pays-de-Loire, Poitou-Charentes et Aquitaine.
A Bordeaux, le «Miroir d'eau» de 3.500 m2 en bord de Garonne, devenu depuis 14 ans un rendez-vous de fraîcheur couru de la population, devrait être pris d'assaut, même s'il est privé depuis jeudi de sa fonction brumisateur, Covid oblige. Adultes et enfants pourront quand même s'allonger ou patauger dans le fin tapis d'eau.
Dans certaines villes comme Nancy, les parcs sont ouverts plus tard en soirée pour profiter d'un îlot de fraicheur.
Ce pic de vendredi ressemble à la courte vague de chaleur de la fin de semaine dernière où la barre des 40°C, autrefois extraordinaire, a été allègrement franchie dans de nombreuses stations du sud de la France.
Episode durable
Cependant, ce nouvel épisode sera «durable», contrairement au précédent pic. Ces canicules à répétition sont un des marqueurs les plus clairs du réchauffement de la planète.
Avec en plus des nuits parfois caniculaires, cela fait peser un risque beaucoup plus important sur les organismes les plus fragiles.
Le ministère de la Santé a donc ouvert sa plateforme téléphonique «canicule» (0800 06 66 66) pour répondre aux questions de la population, appelée à se protéger de cette chaleur qui peut être mortelle. Même si des progrès ont été faits depuis les 15.000 morts de 2003, près de 1.500 décès ont été imputés aux canicules de l'été 2019.
«Se protéger et protéger ses proches, veiller sur les plus fragiles, respecter des recommandations simples : l'épisode caniculaire qui débute implique la prudence de chacun et la vigilance de tous», a souligné le Premier ministre Jean Castex sur Twitter.
Restrictions d'eau
La moitié nord du pays ne sera pas épargnée par cette canicule. Ainsi, Lille pourrait vivre une série «inédite» de cinq jours à plus de 35°C, avec des nuits «tropicales» (supérieures à 20°C).
Séquence encore plus longue de 6 jours au-dessus de 35°C à Paris. «Ce serait du jamais vu en dehors de 2003 (9 jours en août) depuis 1873», a twitté le prévisionniste de Météo-France François Jobard.
Pour faire face à cette chaleur, la SNCF doit activer vendredi son plan canicule, qui prévoit une surveillance renforcée des matériels et infrastructures. Elle appelle aussi les voyageurs à bien s'hydrater.
Mais cette situation exceptionnelle, rappellent les autorités sanitaires, ne dispense pas des gestes barrières et du port du masque, obligatoire dans de plus en plus d'espaces, pour lutter contre la propagation du Covid-19.
«La France tient bon, les Français doivent tenir bon», a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran interrogé sur la difficulté de concilier ces mesures anti-Covid avec la chaleur.
Cet épisode ne devrait pas atteindre l'intensité des deux canicules exceptionnelles de 2019, marquées par un record absolu à 46°C, ni la durée de celle de 2003, selon Météo-France.
Mais il fait suite au début d'année (janvier-juillet) le plus chaud jamais enregistré depuis 1900. Et pour les sols et les végétaux, il se superpose à un assèchement déjà très prononcé, après notamment le mois de juillet le plus sec depuis au moins 1959.
Un véritable défi pour les agriculteurs, déjà lourdement frappés par les sécheresses exceptionnelles de 2018 et 2019. Et un risque accru de départ de feux.
Face à cette situation, des restrictions d'usage de l'eau ont été prises dans 72 départements touchés à des degrés divers, selon le site officiel Propluvia.
Pollution à l'ozone
Cette vague de chaleur s'accompagne également dans certaines régions d'une pollution à l'ozone, polluant classiques des canicules qui pénètre facilement les voies respiratoires. Paris a ainsi mis en place dès jeudi la circulation différenciée.
Les humains ne sont pas les seuls à souffrir de cette chaleur. Au parc animalier de Sainte-Croix à Rhodes (Moselle), des «douceurs rafraichissantes», de grands glaçons aux fruits ou au poisson, sont distribuées aux ours, lémuriens, gibbons et ratons laveurs.
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