Ils les forçaient à mendier Jugés pour traite d'êtres humains ils contestent les faits

mf, ats

22.4.2024 - 18:57

Un père et son fils, de nationalité bulgare, sont jugés depuis lundi pour traite d'êtres humains par métier par le Tribunal correctionnel de Genève. Ils sont accusés d'avoir recruté des personnes vulnérables pour les obliger à mendier, notamment à Genève et Lausanne, confisquant à leur profit une grande partie de l'argent qu'elles récoltaient.

Un des fils de l'accusé est assis du côté des parties plaignantes. Il aurait été contraint par son père de faire la manche depuis l'âge de 11 ans (image d'illustration).
Un des fils de l'accusé est assis du côté des parties plaignantes. Il aurait été contraint par son père de faire la manche depuis l'âge de 11 ans (image d'illustration).
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On reproche aux deux prévenus d'avoir aussi exploité des membres de leur propre famille. Ainsi, un des fils de l'accusé est assis du côté des parties plaignantes. Il aurait été contraint par son père de faire la manche depuis l'âge de 11 ans. Les prévenus contestent les faits qui leur sont reprochés.

«Je me suis toujours préoccupé de mes enfants et n'ai jamais rien fait à personne», souligne le père devant les juges. L'homme de 52 ans ne comprend pas pourquoi il se trouve en détention préventive depuis plus de deux ans. L'ancien berger explique vouloir rentrer en Bulgarie une fois tournée la page de cette affaire.

L'homme a sillonné l'Europe avec les siens. Pour lui, mendier était notamment un moyen d'entretenir sa famille et de rembourser les dettes que ses trois fils ont contractées. Le patriarche arrive en Suisse en 2019. Il fait ensuite des allers-retours avec son pays à cause de la crise sanitaire.

Plus tranquille en Suisse

En Suisse, explique-t-il, la mendicité a été libéralisée, on y est plus tranquille. Le prévenu au casier judiciaire compliqué, selon les mots de la présidente du tribunal, a fait plusieurs séjours en prison, notamment pour des vols. Après la chute du communisme, il était devenu très difficile de gagner de l'argent, relève-t-il.

Le prévenu a fait l'objet d'une interdiction d'entrée sur le territoire autrichien pendant trois ans. La Grèce avait aussi pris une mesure similaire à son encontre. L'accusé affirme ne posséder aucune fortune. Il existe bien une maison en Bulgarie, «mais elle appartient à ma belle-soeur», indique-t-il.

«Je n'ai pas peur de mon père», affirme, de son côté, le prévenu âgé de 34 ans. Le chef de famille n'a jamais été agressif ou a maltraité «ma mère», ajoute-t-il. Pourtant, souligne la présidente du tribunal, son frère, partie plaignante dans la procédure, indique le contraire. L'accusé ne veut pas en dire plus.

Il admet juste que son père a une addiction depuis tout petit aux jeux d'argent, que ce soit les machines à sous des casinos, des cartes des jeux de dés. «Personne ne peut l'arrêter». Le prévenu affirme par ailleurs qu'il n'a «jamais donné un centime à son père de l'argent que lui rapportait la mendicité».

Le procès se poursuit mardi avec l'interrogatoire des prévenus sur les faits. Une femme qui se dit victime du duo sera également entendue par visioconférence.