«Ils jouent la montre» L'accès au corps de Navalny à nouveau refusé à ses proches

ATS

19.2.2024 - 11:05

Les proches de l'opposant russe Alexeï Navalny ont été privés d'accès à sa dépouille lundi, pour le troisième jour consécutif, a déclaré son équipe Cette dernière doute de la version des autorités russes et les accuse de «mensonge».

Lyudmila Navalnaya (R), mère d'Alexei Navalny, marche accompagnée d'avocats après avoir visité le Comité d'enquête à Salekhard, région de Yamalo-Nenets, Russie, 19 février 2024. Sa mère n'est «pas autorisée» à pénétrer dans la morgue où il pourrait être conservé à Salekhard, capitale régionale, à une cinquantaine de kilomètres de la prison où est mort officiellement M. Navalny.
Lyudmila Navalnaya (R), mère d'Alexei Navalny, marche accompagnée d'avocats après avoir visité le Comité d'enquête à Salekhard, région de Yamalo-Nenets, Russie, 19 février 2024. Sa mère n'est «pas autorisée» à pénétrer dans la morgue où il pourrait être conservé à Salekhard, capitale régionale, à une cinquantaine de kilomètres de la prison où est mort officiellement M. Navalny.
KEYSTONE

L'opposant russe et adversaire numéro un du président Vladimir Poutine est mort vendredi à 47 ans dans la prison de l'Arctique, dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie, où il purgeait une peine de 19 ans, suscitant une émotion internationale.

Mais, depuis trois jours, ses proches, qui accusent le Kremlin d'avoir tué l'opposant et de chercher à maquiller ses traces, cherchent en vain à accéder à son corps. «La mère d'Alexeï et ses avocats sont arrivés à la morgue tôt ce matin. Ils n'ont pas été autorisés à entrer», a déclaré sur les réseaux sociaux Kira Iarmich, porte-parole de Navalny.

Elle a précisé que sa mère, Lioudmila Navalnaïa, n'était «pas autorisée» à pénétrer dans la morgue où il pourrait être conservé à Salekhard, capitale régionale, à une cinquantaine de kilomètres de la prison où est mort officiellement M. Navalny.

Enquête prolongée

Selon Mme Iarmich, le Comité d'enquête, chargé en Russie des investigations criminelles, a affirmé que «les vérifications» liées à la mort de Navalny étaient «prolongées», sans précision des délais. «La cause du décès est toujours 'indéterminée'. Ils mentent, jouent la montre et ne le cachent même pas», a fustigé Kira Iarmich.

La mère de l'opposant et un avocat se sont rendus dès samedi dans la colonie pénitentiaire de haute sécurité N°3, situé dans un endroit reculé, à 2000 kilomètres de Moscou. Selon les services pénitentiaires russes (FSIN), Alexeï Navalny est mort vendredi, victime d'un soudain malaise «après une promenade».

Il était emprisonné depuis son retour en Russie début 2021, après un grave empoisonnement, et sa santé s'était détériorée. Lors de sa détention, il avait passé près de 300 jours en cellule disciplinaire, aux conditions de détention épuisantes.

Vladimir Poutine, qui ne prononçait jamais le nom de M. Navalny, n'a fait aucun commentaire sur sa mort, qui intervient un mois avant l'élection présidentielle. Le scrutin devrait voir le président russe se maintenir au pouvoir pour un nouveau mandat de six ans.

Ioulia Navalnaïa à Bruxelles

Le décès d'Alexeï Navalny a suscité une grande vague d'émotion et d'indignation en Russie et en Occident. Sa veuve et compagne de lutte, Ioulia Navalnaïa, doit rencontrer lundi à Bruxelles les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.

Avant cette réunion, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a affirmé que l'UE devait envoyer un «message de soutien» à l'opposition russe, quasiment anéantie en Russie.

En Russie, les modestes tentatives pour rendre hommage à l'opposant, en pleine répression et campagne d'intimidation contre toute critique du pouvoir depuis le lancement de l'offensive en Ukraine en février 2022, ont été réprimées. Ce week-end, la police russe a arrêté dans des dizaines de villes des centaines de personnes venues déposer des fleurs et allumer des bougies en l'honneur de M. Navalny.

Alexeï Navalny était le représentant de l'opposition le plus marquant en Russie, où il avait acquis une grande popularité, notamment au sein de la jeune génération, grâce à ses enquêtes fouillées sur la corruption sous le régime de Vladimir Poutine.