GrèceL'acteur Dimitris Lignadis comparaît pour viols sur mineurs
ATS
3.3.2022 - 16:53
L'ancien directeur du Théâtre national de Grèce, Dimitris Lignadis, accusé de viols sur trois mineurs et un jeune adulte, a comparu jeudi devant la cour d'assises d'Athènes lors du premier procès #MeToo dans le monde du spectacle grec.
Keystone-SDA
03.03.2022, 16:53
ATS
Cette affaire retentissante a secoué l'opinion publique grecque lors de sa révélation l'année dernière. Elle fait partie des nombreuses dénonciations d'agressions sexuelles en Grèce depuis que la championne olympique de voile Sofia Bekatorou a brisé le tabou en décembre 2020, déclenchant le mouvement #MeToo en Grèce.
Dimitris Lignadis, 57 ans, a été accusé de viols début 2021, lorsque les langues ont commencé à se délier dans les milieux du sport et du spectacle. Il encourt plus de dix années de prison.
En détention provisoire depuis un an, le célèbre comédien grec, qui était également professeur de théâtre à l'université, a été transféré de la prison de haute sécurité de Korydallos devant la cour d'assises dans le centre de la capitale grecque.
En raison des restrictions dues à la pandémie du Covid-19, le nombre des journalistes dans la salle d'audience est très limité, ce qui a été dénoncé par des médias, avocats et militants des droits de l'homme.
L'acteur avait démissionné du poste de directeur du Théâtre national d'Athènes en février 2021 après avoir été accusé de viols par trois jeunes hommes, mineurs au moment des faits, ainsi que par un quadragénaire qui dit avoir été drogué et violé dans son appartement où il avait invité le metteur en scène en décembre 2018.
«Je refuse toutes les accusations», a affirmé l'accusé à l'ouverture de l'audience en présence des quatre victimes présumées.
«La bonne victime»
L'un des trois mineurs au moment des faits a été le premier à témoigner. «L'accusé a profité de ma naïveté à l'époque et je suis devenu la bonne victime», a déclaré à la cour le jeune homme de 27 ans, qui rapporte des agressions sexuelles brutales de l'artiste à son encontre alors qu'il n'avait que 16 ans.
Venu de Suède où il vit désormais, ce jeune d'origine égyptienne a décrit, devant les trois juges et les quatre membres du jury, la soirée où il dit avoir été agressé au domicile de Dimitris Lignadis, à l'invitation de ce dernier.
Un autre plaignant, également d'origine égyptienne accuse Lignadis de l'avoir violé, à l'âge de 17 ans, dans un appartement loué à Epidaure, où se trouve le célèbre théâtre antique du Péloponnèse, «tôt le matin du 26 juillet 2015» alors qu'il «dormait», selon l'acte d'accusation.
Un autre garçon d'origine ukrainienne dit avoir «toléré» des rapports sexuels avec l'accusé «pour pouvoir rester chez lui», après lui avoir demandé l'hospitalité à l'âge de 16 ans pour échapper à sa mère alcoolique et à son père violent.
«Invention»
Lors de l'instruction, Lignadis a démenti «catégoriquement» avoir jamais invité des jeunes chez lui, avoir «consommé de la drogue» ou en avoir «proposé à quiconque». Il a affirmé ne pas avoir «fréquenté des personnes mineures» ni avoir «eu des rapports sexuels avec des mineurs chez (lui) ou ailleurs».
«Tout ceci est une invention de l'Association des acteurs grecs (...) qui, à partir du moment où j'ai pris la direction du Théâtre national en septembre 2019, était en opposition idéologique avec moi», a-t-il déclaré cité dans l'acte d'accusation.
En raison du grand nombre de témoins – 21 pour l'accusation – et de la publicité de cette affaire en Grèce, au moins dix journées d'audiences doivent être consacrées à ce procès, dont les dates seront annoncées progressivement par le président de la cour.
Ce procès s'ouvre alors qu'un entraîneur de voile est jugé simultanément à Athènes pour viol sur une enfant de 11 ans au sein de la fédération grecque de voile dans le cadre de la vague des affaires #MeToo en Grèce.