Justice GE L'assassin présumé de Semhar jugé en appel

ATS

28.1.2019 - 18:06

L'assassinat de Semhar avait endeuillé tout un quartier (archives).
L'assassinat de Semhar avait endeuillé tout un quartier (archives).
Source: KEYSTONE/MAGALI GIRARDIN

Le procès en appel de l'assassin présumé de Semhar, 12 ans, s'est ouvert lundi devant la Chambre d'appel et de révision de Genève. L'accusé, un chauffeur de taxi éthiopien de 43 ans, conteste tout et réclame son acquittement.

En première instance, l'homme avait été reconnu coupable et condamné à une peine de 20 ans de prison, assortie d'une mesure d'internement pour le viol et le meurtre de l'enfant. Il avait également été sanctionné pour des abus sexuels commis sur deux de ses ex-compagnes. Aujourd'hui, il continue de se dire innocent.

«J'ai toujours indiqué que ce n'est pas moi, j'aimais Semhar comme ma propre fille», a déclaré le prévenu devant le tribunal. Des paroles qui ont eu le don d'exaspérer la mère de l'enfant. Assise sur le banc des parties plaignantes, la malheureuse a peiné à retenir sa rage. Elle est persuadée de la culpabilité de l'accusé.

Elle connaît bien cet homme. Elle avait entamé avec lui une relation amoureuse secrète quelques mois avant l'assassinat de sa fille. L'accusé se rendait souvent à l'appartement où vivait Semhar, sa grande soeur, son petit frère et sa mère, dans le quartier de la Tambourine, à Carouge (GE). Il possédait même la clé du logement.

Un taxi qui dérange

Le jour du meurtre de Semhar, le taxi de l'accusé est localisé au bas de l'immeuble pendant une demi-heure. Pour expliquer cette présence, le prévenu invoque un rendez-vous avec l'enfant à qui il a promis de faire faire un tour en voiture dans le quartier et de l'autoriser à tenir le volant.

L'accusé dit avoir attendu Semhar en vain, puis être parti rejoindre la mère de l'enfant pour passer avec elle la soirée au restaurant. Le chauffeur de taxi a longtemps caché l'existence de ce rendez-vous à tout le monde. Même le jour et le lendemain de la disparition de Semhar, il est resté muet à ce sujet.

Ce silence interpelle la présidente du tribunal Alessandra Cambi Favre-Bulle, qui estime que cette information aurait pu servir à la police pour retrouver l'enfant. L'accusé, de son côté, ne s'explique pas son attitude. Robert Assaël, l'avocat de la mère de Semhar, est pour sa part convaincu que ce rendez-vous n'a jamais existé.

Peu d'explications

«Avouez qu'il devait justifier la présence de votre taxi à la Tambourine», insiste M.Assaël. «C'est votre imagination», lui rétorque l'accusé. Le prévenu s'est aussi montré agacé quand la présidente lui a demandé d'expliquer les raisons pour lesquelles des traces de son ADN ont été détectées dans des endroits compromettants.

Il y en avait notamment à l'intérieur de la culotte de l'enfant, sur sa hanche et sous le lit la mère, où a été découvert le corps de Semhar. «Je dormais parfois sur place», a relevé l'accusé, estimant du même coup logique que son ADN ait été trouvé dans l'appartement où vivait la jeune adolescente.

Le procureur Joël Schwarzentrub a également recouru contre le jugement rendu en première instance. Il demande que l'accusé soit condamné à la prison à vie. Semhar a été abusé sexuellement avant d'être étranglée et de mourir étouffée. Le procès en appel est programmé pour se terminer vendredi.

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