Carnet noir L'écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger est mort

ATS

25.11.2022 - 15:28

Le romancier, essayiste et éditeur allemand Hans Magnus Enzensberger, auteur notamment de «Mausolée» et de «Ah, l'Europe!», est mort jeudi à Munich à l'âge de 93 ans. Il est considéré l'un des intellectuels allemands les plus influents.

«Poète, essayiste, biographe, éditeur et traducteur, il était l'un des intellectuels allemands les plus influents et les plus connus dans le monde», salue Suhrkamp, sa maison d'édition «en deuil» qu'il avait co-fondée.
«Poète, essayiste, biographe, éditeur et traducteur, il était l'un des intellectuels allemands les plus influents et les plus connus dans le monde», salue Suhrkamp, sa maison d'édition «en deuil» qu'il avait co-fondée.
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Auteur de romans, d'essais et de drames, Erzensberger était l'un des principaux écrivains et intellectuels allemands de l'après-guerre. Son nom est associé en Allemagne à ceux de Günter Grass, Martin Walser et Heinrich Boell.

«Poète, essayiste, biographe, éditeur et traducteur, il était l'un des intellectuels allemands les plus influents et les plus connus dans le monde», salue Suhrkamp, sa maison d'édition «en deuil» qu'il avait co-fondée.

Olaf Scholz: il manquera à l'Allemagne

«Avec Hans Magnus Erzensberger, nous perdons un grand écrivain et intellectuel allemand, qui manquera à l'Allemagne», a déclaré la porte-parole du chancelier Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Berlin.

Né le 11 novembre 1929 en Bavière, M. Enzensberger a étudié la littérature, les langues et la philosophie, entre autres à Fribourg-en-Brisgau et à Paris. En 1957, il publie son premier livre, le recueil de poèmes «Défense des loups».

Très engagé dans les débats contemporains, il est notamment l'auteur de «Mausolée» (1975) et de «Ah, l'Europe!» (1987). Ses essais ("Culture ou mise en condition?"), ses poèmes et ses romans composent une critique virulente de la bourgeoisie allemande et de l'impérialisme américain.

Excellent connaisseur de la culture française, il vouait à Diderot une passion «obsessionnelle» et, chaque année, il relisait Jacques le fataliste, avait-il déclaré au journal Le Monde.

Hans Magnus Enzensberger n’a jamais adhéré à aucun parti, mais il a été un membre éminent du Groupe 47 (1947-1967). Ce clan de jeunes auteurs rassemblait une génération d’écrivains désireux de reconstruire la littérature allemande après la rupture civilisationnelle de la 2ème guerre mondiale.

Il a aussi participé à Mai 68. L'un de ses livres de souvenirs, au titre évocateur de «Tumult», rend compte de sa période dans l'opposition extraparlementaire (APO) de l'époque.

«Il ne faisait assurément pas bon être un puissant de ce monde et tomber sous sa plume irrespectueuse. Cette aversion à l’égard de toute hiérarchie est aussi illustrée par son refus d’entrer dans le monde académique», lit-on plus loin.

Une femme à Berlin

Il est aussi à l'origine en 2003 de la réédition du témoignage anonyme «Une femme à Berlin», qui décrit les nombreux viols commis par des soldats soviétiques lors de leur prise de la capitale allemande à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Tombé aux oubliettes après sa première parution en 1954 et reçu de façon glaciale en Allemagne, ce témoignage fort est devenu un succès de librairie après sa réédition.

L'écrivain a vécu dans plusieurs pays du monde, dont l'Italie. Mais sa biographie comporte de nombreuses étapes, avec des périodes passées à Cuba, en Norvège, au Mexique, aux États-Unis et à Berlin-Ouest. En 1979, il s'installe à Munich.

De nombreux prix, en Allemagne comme à l'étranger, ont récompensé l'oeuvre foisonnante de M. Enzensberger.