«Swiss Army Knife» Le célèbre couteau suisse fête ses 125 ans

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24.6.2022 - 10:31

Icône du design, l'emblématique couteau suisse célèbre cette année son 125e anniversaire. Le 12 juin 1897, le coutelier schwytzois Carl Elsener, qui fondera quelques années plus tard la société Victorinox, fait protéger par un brevet son modèle appelé «couteau d'officier suisse et de sport». 125 ans plus tard, des millions d'exemplaires sont exportés chaque année à travers le monde.

Victorinox est le premier employeur industriel du canton de Schwytz.
Victorinox est le premier employeur industriel du canton de Schwytz.
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Keystone-SDA, vj

Afin de marquer cet anniversaire, l'entreprise commercialise depuis peu une édition limitée du modèle original appelée «Replica 1897 Limited Edition». La réplique, qui se veut objet de collection produit à 9999 unités, présente les détails et le style de la version historique comportant une grande et une petite lame/lime, un tournevis, un poinçon, un ouvre-boîtes ainsi qu'un tire-bouchon.

Si des millions d'exemplaires du «Swiss Army Knife» trouvent chaque année preneur, ses débuts se révèlent bien plus modestes. En 1886, le Conseil fédéral décide d'équiper les soldats de couteaux d'ordonnance de poche. Faute de fournisseur suisse, les premiers modèles sont importés de Solingen, une ville allemande de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, berceau de la coutellerie outre-Rhin.

Quatre ans plus tard, le maître-artisan Carl Elsener, propriétaire depuis 1891 d'un atelier à Ibach, fonde l'Association suisse des couteliers avec comme objectif de fabriquer le couteau dans le pays et d'en fournir l'armée suisse. Les premiers canifs de fabrication helvétique sont livrés en octobre 1891 au Département militaire fédéral (DMF), ancêtre de l'actuel DDPS.

Marque centenaire

Il faut encore attendre six ans avant que Carl Elsener ne fasse protéger le design de son «couteau d'officier suisse et de sport» auprès de l'office fédéral de la propriété intellectuelle de l'époque. Au modèle de 1891, sont venus s'ajouter un tire-bouchon et une petite lame. En 1909, la marque prend le nom de Victoria, en hommage à la mère de Carl Elsener et dépose l'emblème de la croix et du bouclier.

Avancée majeure pour l'industrie de la coutellerie, l'invention de l'acier inoxydable (inox) et son utilisation dans la fabrication du célèbre canif amène l'entreprise de Suisse centrale à adopter en 1921 la raison sociale Victorinox, née de l'association des mots Victoria et inox. Dix ans plus tard, l'automatisation est introduite sur le site d'Ibach, notamment pour la trempe des lames.

Le couteau suisse va commencer à se faire un nom à l'échelle du globe à la fin de la 2e Guerre mondiale, les soldats américains stationnés en Europe faisant du «Swiss Army Knife» un cadeau-souvenir. En outre, depuis Lyndon Johnson, les présidents américains aiment offrir l'objet à leurs invités avec leur signature gravée en or.

En 1977, il accède au saint-des-saints du design, le modèle original étant exposé au Musée d'art moderne (Museum of Modern Art) de New York. L'année suivante, l'Agence spatiale américaine, la Nasa passe commande et le canif rejoint la liste officielle de l'équipement des astronautes. Il figure aussi dans celle de l'armée américaine et l'armée allemande est également cliente.

Deux fabricants

Jusqu'en 2013, deux fabricants produisent et exportent le couteau suisse à travers le monde. Victorinox et Wenger, à Delémont, sont les seules entreprises autorisées à le fabriquer au terme d'un décret fédéral de 1934. Les successeurs de Carl Elsener à Ibach contrôlent alors les deux tiers du marché. Le fabricant de la capitale jurassienne, dont les origines remontent à la création en 1893 de la coutellerie Paul Boéchet & Cie dans le village voisin de Courtételle, en détient le tiers restant.

En 2005, Victorinox acquiert son concurrent jurassien en difficultés financières. Maintenue dans un premier temps pour le couteau avec l'écusson rouge, la marque Wenger disparaît en 2013 pour les articles de coutellerie, celle-ci étant conservée pour les seuls montres et bagages.

Victorinox emploie près d'un millier de salariés à Ibach et y fabrique quotidiennement 90'000 couteaux de cuisines et professionnels ainsi que 45'000 canifs. L'essentiel de la production est exportée dans plus d'une centaine de pays ou achetée comme souvenirs par les touristes visitant la Suisse.

Victorinox propose plusieurs centaines de variantes du couteau suisse, de la version pour roller-skate à celle pour snowboardeur en passant par le modèle destiné aux gauchers. La concurrence est relativement importante et l'entreprise de Suisse centrale a dû se défendre contre des copies. En 1996, une société a été mise à l'amende par un tribunal de New York. Elle avait introduit et vendu aux Etats-Unis une imitation chinoise du couteau militaire suisse.

Premier employeur industriel du canton de Schwytz, Victorinox, qui produit, outre des couteaux, des montres et des bagages, aussi des parfums est contrôlé à hauteur de 90% par la fondation Victorinox, les 10% restants étant détenus par une autre fondation à but non lucratif soutenant des projets sociaux.