"Jamais vu cela" L'Espagne et le Portugal frappés par la sécheresse en plein hiver

ATS

13.2.2022 - 01:49

L'ancien village de Vilar est à nouveau visible en raison du faible niveau du fleuve Zêzere.
L'ancien village de Vilar est à nouveau visible en raison du faible niveau du fleuve Zêzere.
ATS

«Je n'ai jamais vu cela!», se désole Carlos Perdigao, 76 ans, qui vient régulièrement pêcher sur les rives du Zêzere. Le fleuve est entouré de larges bandes de terre jaune craquelée en raison de la sécheresse qui frappe la péninsule Ibérique cet hiver.

Devant lui, les ruines de Vilar, ancien village de pierre englouti par le fleuve après la construction d'un grand barrage il y a près de 70 ans, ont émergé depuis quelques semaines. Elles sont à nouveau visibles en raison du niveau très bas des eaux.

L'Espagne, comme le Portugal voisin, est frappée cet hiver par une aridité précoce et extrême en raison de la faible pluviométrie enregistrée en janvier, mois qui est déjà considéré comme le deuxième le plus sec depuis l'an 2000 dans la péninsule Ibérique, selon les agences météorologiques des deux pays.

Cette sécheresse est exceptionnelle par «son intensité, son ampleur et sa durée», indique Ricardo Deus, climatologue de l'institut portugais de la mer et de l'atmosphère (IPMA). En Espagne, «en janvier, il n'a plu que le quart de ce qu'il aurait dû pleuvoir à cette période», explique le porte-parole de l'AEMET, l'agence météorologique espagnole.

Réchauffement climatique pointé

Cette situation inhabituelle a déjà amené le gouvernement portugais à prendre des mesures d'urgence. Dans un pays où près de 30% de l'énergie consommée est d'origine hydraulique, les autorités ont été contraintes au début février d'annoncer la suspension de la production hydroélectrique de cinq barrages pour «préserver les volumes nécessaires à l'approvisionnement public».

De l'autre côté de la frontière, le ministre de l'agriculture espagnol, Luis Planas, a fait part mercredi de sa «préoccupation» face à cette situation. Les niveaux des réservoirs d'eau, dont l'apport est indispensable à l'agriculture, se situent actuellement à moins de 45% de leur capacité, d'après les autorités espagnoles, les régions les plus touchées étant l'Andalousie (sud) et la Catalogne (nord-est).

L'alternance entre les années de sécheresse et les années pluvieuses est normale dans le sud de l'Europe, mais «on observe un pourcentage d'années pluvieuses en baisse dernièrement», souligne Filipe Duarte Santos, chercheur à la faculté des sciences de Lisbonne et spécialiste de l'environnement, qui pointe du doigt le réchauffement climatique.

Ces sécheresses sont «l'une des conséquences les plus graves du changement climatique», explique-t-il. D'après lui, «tant que l'on n'aura pas fortement réduit les émissions globales de gaz à effet de serre, le problème continuera de se poser».