EspaceL'Europe spatiale à la conquête de nouvelles recrues
ATS
16.2.2021 - 20:19
Vous avez moins de 50 ans, un solide bagage scientifique et la tête dans les étoiles ? L'Agence spatiale européenne recrute sa future génération d'astronautes, appelée à voler vers la Station spatiale internationale et la Lune, avec davantage de femmes aux commandes.
Les places sont rares pour cette nouvelle sélection, la première depuis 11 ans au sein de l'Europe spatiale: entre quatre et six candidats seulement seront retenus à l'issue d'un long processus qui s'ouvrira le 31 mars avec l'accueil des postulants, et s'achèvera en octobre 2022.
Pour la précédente promotion de 2008, celle de Thomas Pesquet, seuls sept avaient franchi la ligne d'arrivée, sur plus de 8000 candidatures. «On s'attend à encore plus de candidats cette fois», a déclaré Guillaume Weerts, responsable de la gestion du centre des astronautes européens de l'Agence spatiale européenne (ESA), lors d'une conférence de presse.
Le profil recherché ? Avoir un master dans un domaine scientifique et trois ans d'expérience professionnelle. La limite d'âge a été repoussée à 50 ans (contre moins de 40 ans la dernière fois). Il faut parler parfaitement l'anglais, bien maîtriser une deuxième langue mais le russe n'est pas obligatoire – il est enseigné durant la formation.
Et bien sûr, avoir une très bonne condition physique, même si «nous ne recrutons pas des Superman, ni des Superwomen», a nuancé M. Weerts.
«On cherche des personnes qui savent rester calmes sous la pression», a complété Zineb Elomri, des ressources humaines. «S'il y a un point commun aux astronautes, c'est la curiosité», a témoigné l'astronaute italien Luca Parmitano.
Handicapés: une ouverture
Le parcours de sélection comprend plusieurs épreuves, techniques, psychologiques, médicales... qui se termineront par des entretiens d'embauche.
«Le mécanisme de sélection ne comprend aucun critère lié au sexe, et les femmes ont autant de chances de passer au travers. Je voudrais donc encourager toutes les candidates intéressées à déposer leur candidature», a lancé Guillaume Weerts.
En 2008, moins de 16% des candidates étaient des femmes. Au total, il y a 64 femmes astronautes sur les 575 de la communauté internationale, a rappelé l'astronaute française Claudie Haigneré.
«Pour la sélection de 1985, nous étions 10%. Si aujourd'hui on approche les 30-35%, ce sera déjà bien. Je suis sûre qu'on va progresser!», a confié à l'AFP celle qui fut la première femme française et européenne à voler dans l'espace.
«En 1985 quand j'ai vu l'annonce, ça a réveillé en moi un rêve d'enfant déclenché lors des premiers pas de l'Homme sur la Lune... Je n'ai pas hésité une seconde», a raconté Claudie Haigneré, qui parcourt aujourd'hui écoles et universités pour dire aux jeunes filles que «c'est possible».
Autre innovation: l'agence spatiale, qui compte 22 Etats membres, ouvre la porte aux personnes ayant un handicap physique, pour mener une étude de «faisabilité» sur l'accès des vols spatiaux aux «parastronautes».
«L'important, c'est de ne pas s'auto-censurer», a souligné pour sa part Thomas Pesquet dans un message vidéo. «Inscrivez-vous, même si vous doutez de vous !», a lancé l'astronaute français, dans la dernière ligne droite avant sa deuxième mission en orbite.
Objectif Lune
Les jeunes recrues auront vocation à voler dans un premier temps vers l'ISS, et, à l'avenir, à participer aux futures missions lunaires.
L'ESA a déjà obtenu trois sièges pour les Européens à bord de la future station orbitale lunaire Gateway, en tant que contributeur au programme. Mais les premiers vols, vers 2025, seront réservés à la génération actuelle, a précisé Didier Schmitt, responsable du programme d'exploration humaine et robotique.
«Il faut avoir été une ou deux fois dans l'ISS, parce que ça n'est quand même pas pareil d'aller à 400 km au-dessus de la Terre, et à 400.000 km autour de la Lune !», a-t-il commenté.
Le corps d'astronautes européen compte actuellement sept membres: Thomas Pesquet, les Allemands Alexander Gerst et Matthias Maurer, les Italiens Luca Parmitano et Samantha Cristoforetti, le Britannique Timothy Peake et le Danois Andreas Mogensen.
Pour la première fois, l'ESA va créer un «corps de réserve», en parallèle, au cas où de nouvelles occasions de vols, moins longs, se présenteraient.