Verdict L'humoriste Dieudonné a été reconnu coupable par le tribunal

mf, ats

8.7.2021 - 15:41

L'humoriste français Dieudonné M'bala M'bala a été condamné jeudi par le Tribunal de police de Genève à une peine pécuniaire de 180 jours amende à 170 francs le jour pour discrimination raciale, injure et diffamation. En tournée, le prévenu n'était pas présent à l'audience de jugement.

8.7.2021 - 15:41

Dieudonné, âgé de 55 ans, était poursuivi pour avoir proféré des propos négationnistes lors de son spectacle «En vérité», qu'il avait présenté à Nyon (VD) et à Genève, en 2019. À la fin d'un sketch, un des personnages de l'humoriste avait crié que «les chambres à gaz n'ont jamais existé».

L'humoriste était aussi jugé pour avoir injurié sur scène la CICAD (Communauté intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation), lui disant à d'aller se faire enculer, ainsi que d'avoir porté atteinte à l'honneur du secrétaire général de la CICAD Johanne Gurfinkiel, le traitant notamment de raciste.

Faute importante

Pour la présidente du Tribunal de police, Sabina Mascotto, la faute commise par Dieudonné est importante. L'humoriste a porté atteinte à la dignité humaine et a fait preuve de mépris à l'encontre des associations juives et de leurs membres. Son origine (franco-camerounaise) ne peut expliquer ses actes.

Dans son jugement, le tribunal reconnaît qu'il peut exister des différences dans le traitement des tragédies humaines qui ont marqué l'histoire, certaines étant moins mises en avant que d'autres, mais que ce constat ne peut justifier le fait «de minimiser l'immense souffrance du peuple juif».

Mme Mascotto a relevé que le prévenu «était seul responsable des propos qu'il tenait». Le passé de Dieudonné n'a pas plaidé en sa faveur. «Il a déjà proféré des injures raciales envers les juifs». Il a aussi fréquenté Robert Faurisson, qui était un «négationniste notoire» et Alain Soral, qui est «un antisémite notoire».

Le prévenu voue par ailleurs une haine tenace aux associations qui entretiennent le souvenir de la Shoah. Dans son spectacle où il a fait dire à un personnage que les chambres à gaz n'existent pas, il a également critiqué le procès de Nuremberg et a prononcé le mot chaud ananas (Shoahnanas).

Pour le tribunal, la phrase niant l'existence des chambres à gaz, qui tombe à la fin d'un sketch sans rapport avec les juifs ou leur génocide, doit être comprise comme un propos négationniste. Il n'est pas soutenable de l'interpréter comme une dénonciation de l'instrumentalisation de la Shoah ou une critique de l'Etat d'Israël.

Possible recours

Pascal Junod, l'avocat de Dieudonné, n'a pas exclu un recours contre le jugement du Tribunal de police. Il a souligné qu'en France, le spectacle controversé n'a pas causé de problème alors que l'arsenal pénal visant les propos racistes y est beaucoup plus développé qu'en Suisse.

Du côté des parties civiles, on se montre très satisfait. Philippe Grumbach, l'avocat de la CICAD et du secrétaire général de l'association Johanne Gurfinkiel, a souligné le courage et la détermination du Ministère public genevois dans cette affaire, qui a décidé de poursuivre et non de classer.

mf, ats