Des mythes à l’épreuve des faits La bière nous monte-t-elle plus vite à la tête quand il fait chaud?

On dit que bière sur vin est venin. Que les effets de la bière se font particulièrement ressentir au soleil. Ou encore que boire de la bière aide à combattre la gueule de bois. Les mythes entourant la bière sont légion. Un tour d’horizon des faits concrets permet de démêler le vrai du faux.

«L’eau est aussi un breuvage noble si elle est mélangée avec du malt et du houblon.» De nombreux Suisses semblent s’en tenir à ce dicton allemand; selon l’Association suisse des brasseries, chaque habitant en consomme environ 55 litres par an.

Il n’est donc pas étonnant de voir que de nombreux mythes entourent la «blonde bien fraîche». Le moment est venu de faire un tour d’horizon des faits concrets.

Affirmation: «Bière sur vin est venin…»

Evaluation: faux.

Réalité: «… Vin sur bière est belle manière.» Si, lors de votre prochaine fête, un invité débarque avec ce dicton, vous devez savoir que cet adage est faux. Des études ont montré que la gueule de bois du matin est tout aussi intense quel que soit l’alcool consommé la veille au soir. Au Moyen-Age, ces mots employés pour trinquer visaient les différences sociales.

Affirmation: la bière chaude aide à lutter contre les rhumes.

Evaluation: faux.

Réalité: la consommation de bière peut en effet créer une agréable sensation de chaleur. Le houblon et le malt apportent des huiles essentielles et des substances amères qui ont un effet antibactérien et apaisant, explique l’experte Antje Gahl. «L’alcool a en outre un certain effet "narcotique" et peut favoriser le sommeil.» Et le sommeil est connu pour être le meilleur des remèdes, n’est-ce pas?

Cette sensation agréable est cependant trompeuse, affirme Antje Gahl. L’experte conseille d’éviter la bière et l’alcool lorsque l’on est enrhumé. En effet, cela affaiblit le système immunitaire et déshydrate l’organisme. Les thés aux herbes ou aux fruits sont selon elle la meilleure alternative.

Toujours est-il que «consommée modérément, la bière peut apporter une contribution importante à une alimentation saine», indique l’Association suisse des brasseries. «L’effet positif pour la santé diminue toutefois avec une consommation de bière plus élevée.»

Affirmation: les effets de la bière sont plus marqués lorsqu’il fait chaud.

Evaluation: vrai.

Réalité: La bière ne convient pas pour se désaltérer à des températures élevées, affirment les experts. Sous un soleil brûlant, les effets de l’alcool sur l’organisme sont plus rapides et plus intenses. La tension artérielle baisse et une sensation de fatigue et de faiblesse se manifeste. Cela peut entraîner des problèmes de circulation voire une perte de connaissance. Les experts formulent également des mises en garde contre la combinaison entre alcool et baignade. En effet, les vaisseaux sanguins se dilatent et un choc thermique peut survenir, même si la température de l’eau se situe entre 20 °C et 22 °C.

Affirmation: boire de la bière aide à combattre la gueule de bois.

Evaluation: seulement à court terme.

Réalité: lorsque l’on boit beaucoup, on en paie souvent le prix le lendemain matin – avec des maux de tête ou des nausées. Un apport de liquide contribuerait à atténuer ces symptômes. «C’est possible avec de la bière», affirme Nicolas von Ahsen, médecin de laboratoire. Cependant, ce breuvage noble n’agirait qu’à court terme en retardant le mal de crâne. Les boissons riches en électrolytes, comme les jus de fruits gazeux, seraient ainsi plus appropriées, affirme-t-il.

De toute façon, comme le préconise l’Association suisse des brasseries, il est préférable d’opter pour une consommation modérée: «Les hommes adultes ne devraient pas boire plus de deux verres standard de boissons alcooliques par jour et les femmes adultes pas plus d’un verre.»

Affirmation: la bière ne peut pas devenir mauvaise.

Evaluation: vrai.

Réalité: on peut boire de la bière sans se poser de questions même si la date de durabilité minimale (DDM) est dépassée. L’alcool, l’acide carbonique et le houblon contenus dans la bière empêchent la propagation de germes nocifs, explique Holger Eichele, expert en brasserie. «Tant qu’une bouteille est étanche, il n’y a pas de risque pour la santé si la DDM est dépassée.» Cependant, explique-t-il, la couleur et le goût évoluent souvent vers des notes de sherry.

L’Association suisse des brasseries apporte toutefois des éclairages: «Comme la majeure partie des denrées alimentaires, la bière a une durée de conservation limitée. Entreposée dans un endroit frais et sombre, elle peut être conservée quelques mois sans grande perte de qualité. Au moment de la livraison par la brasserie, la bière est à parfaite maturité, et doit donc être consommée relativement vite, après un bref temps de repos.»

Affirmation: bière et sport ne font pas bon ménage.

Evaluation: en partie vrai.

Réalité: une petite bière après l’entraînement convient parfaitement. Du moins tant qu’il s’agit d’une bière à 0,0%, explique Helen Bauhaus, de l’université du sport de Cologne. Riche en glucides et en sodium, la bière sans alcool est donc tout à fait adaptée aux sportifs qui ont perdu du liquide en transpirant, indique-t-elle. Cependant, ajoute-t-elle, la bière alcoolisée doit absolument être évitée dans la mesure où elle augmente le risque de blessure et réduit la qualité du sommeil.

Affirmation: il n’y a pas de bière à Hawaï.

Evaluation: faux.

Réalité: le chanteur allemand Paul Kuhn a répandu cette rumeur en 1963 avec son air entêtant intitulé «Es gibt kein Bier auf Hawaii». Mais il va de soi que les Hawaïens n’ont pas que des cocktails colorés. Dans cet Etat américain, la brasserie Kona produit des bières aux noms mélodieux: Fire Rock, Longboard ou encore Gold Cliff.

Affirmation: la bière sans alcool ne contient pas d’alcool.

Evaluation: faux dans certain cas.

Réalité: comme toute autre bière, la bière sans alcool est brassée à partir d’eau, d’orge, de levure et de houblon. Cependant, un minuscule résidu d’alcool peut également se trouver dans la bière dite sans alcool pour arrondir le goût. «Bien que certaines bières sans alcool titrent réellement à 0,0% vol., d’autres peuvent contenir des résidus d’alcool à hauteur de max. 0,5% vol. en raison des procédés décrits précédemment», écrit l’Association suisse des brasseries,

L’association précise que la bière sans alcool doit être «pratiquement exempte d’alcool (max. 0,5% vol.)» et «obtenue soit après soustraction de l’alcool d’une bière, soit par un procédé de fabrication spécial au stade de la fermentation».