La crise du coronavirus a péjoré le niveau d'autonomie et d'indépendance des seniors dans leurs activités de la vie quotidienne, selon une étude menée par l'Association vaudoise d'aide et de soins à domicile (AVASAD). Mais elle a aussi permis de souligner leur faculté de résilience.
L'enquête analyse les conséquences de la crise sanitaire du Covid-19 sur l'évolution de l'état de santé et de bien-être des seniors. Elle a été menée en partenariat avec la Chaire UNESCO et Centre collaborateur OMS «Education & Santé», indique mardi l'AVASAD dans un communiqué.
A la fois qualitative et quantitative, l'étude a porté sur des entretiens avec 31 collaborateurs de 29 centres médicaux-sociaux (CMS) vaudois (infirmières, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, etc) et des évaluations de 1283 clients seniors de CMS (864 femmes et 412 hommes, dont 80% de seniors âgés de 76 ans et plus), réalisés entre janvier 2019 et novembre 2020.
Vie quotidienne plus difficile
La comparaison entre les évaluations réalisées avant et après le semi-confinement montre que les seniors ont vu diminuer leurs capacités à réaliser des activités de la vie quotidienne. Les courses et la préparation des repas ont été les activités les plus impactées, mais cela concerne aussi le ménage courant, la gestion financière, la gestion des médicaments, l'utilisation du téléphone et l'utilisation de moyens de transport.
Les résultats montrent également que cette péjoration est davantage marquée chez les individus les plus âgés, ainsi que chez ceux qui vivent seuls et en milieu rural. De plus, les personnes qui, avant le semi-confinement, présentaient des signaux de perte d'autonomie et d'indépendance, mais avec un potentiel de récupération, sont les plus affectées.
Avec la pandémie, ces dernières ont vu leurs capacités se stabiliser ou diminuer. L'étude confirme que les restrictions engendrées par la pandémie ont eu un impact sur le potentiel de récupération des personnes.
Comme «en temps de guerre»
De leur côté, les professionnels des CMS relèvent que les seniors ont mis en œuvre des mécanismes de résilience, se définissant comme «l'aptitude à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques». Les résultats montrent que les seniors résilients ont fait preuve d'une importante capacité à accepter la situation, à modifier leurs habitudes, à être créatifs et à mobiliser leurs ressources.
Ils ont aussi relativement bien accepté et respecté les nouvelles règles et restrictions sanitaires en vigueur, comme «en temps de guerre» selon plusieurs témoignages. Ils ont de ce fait adapté leurs activités habituelles et réduit leurs sorties à l'extérieur.
Les collaborateurs de CMS soulignent également que pour faire face aux restrictions, les seniors ont notamment développé ou exploité leurs compétences numériques en s'adaptant à de nouveaux moyens de communication (appels vidéo par exemple) pour rester en contact avec leurs proches, ou encore en utilisant des plateformes en ligne pour commander leurs courses.
Esprit de solidarité
D'autres témoignages mettent en évidence leur esprit de solidarité, comme l'exprime une personne interrogée: «Occupez-vous des autres, je peux me passer de vous (personnel CMS, ndlr), on fait un petit peu moins pendant quelques temps, ça va aller pour moi, je peux m'adapter».
Les professionnels des CMS confirment par ailleurs les constats du volet quantitatif de l'étude (sur les évaluations des seniors eux-mêmes): une péjoration de l'état de santé des seniors liée à la perte des repères et des habitudes au quotidien. «D'habitude, il sortait chercher le journal, maintenant il n'a plus la force de le faire», mentionne par exemple un collaborateur.