«Extorsion», affaire de «sextape»...La défense de Trump tente de discréditer l'avocat de Stormy Daniels
ATS
3.5.2024 - 07:07
Négociations ou «extorsion»: la défense de Donald Trump a tout fait jeudi pour discréditer l'avocat de l'ancienne star de films X Stormy Daniels, cité comme témoin, et à travers lui la transaction au coeur du procès pénal à New York de l'ancien président des Etats-Unis.
03.05.2024, 07:07
ATS
Dans cette affaire aux enjeux politiques énormes pour lui, le candidat des républicains à la présidentielle de 2024 est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables.
Elles auraient servi à dissimuler le paiement de 130'000 dollars à Stormy Daniels dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016, remportée sur le fil face à l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Cette somme avait servi à acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue avec Donald Trump en 2006, alors qu'il était déjà marié avec son épouse Melania. Une relation que Donald Trump dément.
Depuis deux journées d'audience, l'ancien avocat de l'actrice, Keith Davidson, détaille pour les jurés les dessous de cette négociation qu'il a menée directement avec l'avocat personnel de Donald Trump à l'époque, Michael Cohen.
Mais sous les yeux de l'ancien président, cravate dorée et costume bleu marine, sa défense n'a pas laissé passer l'occasion de dresser un portrait peu flatteur du témoin et de ses méthodes.
Ce dernier s'était fait une spécialité de monnayer auprès de célébrités le silence sur des secrets embarrassants, des pratiques qualifiées d'«extorsion» par l'un des avocats Donald Trump, Emil Bove, qui a assailli le témoin de questions.
Hulk Hogan
Au fil d'un échange tendu, Keith Davidson a dû concéder qu'il avait fait l'objet d'une enquête fédérale -- qui n'a abouti à aucune poursuite -- après avoir négocié la vente auprès de l'ancienne star du catch Hulk Hogan d'une «sextape» le concernant. «J'ai fait une demande financière» pour le compte de clients, «je n'ai fait aucune menace», s'est-il défendu.
L'avocat a aussi dû reconnaître qu'il avait confié à Michael Cohen: «S'il (Donald Trump) perd l'élection, et il va la perdre, on perd tout moyen de pression».
Finalement, un contrat de confidentialité avait été signé le 28 octobre 2016, à quelques jours du scrutin présidentiel. Les 130'000 dollars avaient été versés par Michael Cohen, via une société-écran. Il avait été remboursé en 2017 par la holding de Donald Trump, la Trump Organization, des dépenses enregistrées comme «frais juridiques», d'où les poursuites pour falsifications de documents comptables.
Michael Cohen, qui dit avoir agi à la demande du candidat, n'a pas encore témoigné. Tout l'enjeu de l'affaire sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces tractations en coulisses.
Jeudi, les jurés ont pu entendre un enregistrement audio, déjà connu, d'une conversation privée où Michael Cohen évoque auprès de lui un paiement pour obtenir le silence d'une autre femme, la mannequin Karen McDougal, qui affirmait elle aussi avoir eu une aventure avec le milliardaire.
Démocrates à 95%
En pleine campagne pour retourner à la Maison Blanche, Donald Trump risque dans cette affaire la première condamnation au pénal d'un ex-président américain.
Avant la reprise des débats jeudi, le juge Juan Merchan a examiné une nouvelle salve de déclarations débridées du tempétueux candidat en dehors du prétoire, vitupérant contre Michael Cohen, devenu son ennemi numéro un, ou contre les jurés, qualifiés de «démocrates à 95%». Les procureurs ont dénoncé de nouvelles violations de l'interdiction ordonnée par le magistrat d'invectiver jurés ou témoins.
Un autre avocat de Donald Trump, Todd Blanche, a défendu l'urgence de protéger sa liberté d'expression. Le sous-entendu, «c'est que le jury n'est pas équitable», s'est énervé le juge, qui a prévenu l'accusé qu'il était prêt à l'incarcérer pour qu'il cesse ses attaques. Il n'a pas statué jeudi.
De son côté, Donald Trump a de nouveau évoqué le procès sur son réseau Truth Social, mais pour démentir qu'il s'endort à l'audience, ce qui semble parfois le cas quand il s'enfonce, les yeux clos, sur son fauteuil.
Trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, Donald Trump aborde la campagne en étant inculpé dans quatre affaires, dont celle devant la justice fédérale à Washington pour des accusations de tentatives illégales d'inverser les résultats de la présidentielle remportée par Joe Biden en 2020.
Mais à force de recours et de questions procédurales, le procès à New York, d'une ampleur moindre, pourrait être le seul jugé avant l'élection du 5 novembre. Les débats reprennent vendredi.