«Comme dans les films» La défense tente d'ouvrir d'autres pistes lors du procès à Vesoul

ATS

5.12.2023 - 14:08

«Comme dans les films»: au deuxième jour du procès en appel du Chilien Nicolas Zepeda, accusé d'avoir assassiné à Besançon en 2016 son ex-petite amie Narumi Kurosaki, ses avocats ont révélé mardi des échanges «troublants» entre deux autres étudiants au moment de la disparition de la Japonaise.

En première instance, Nicolas Zepeda a été condamné à 28 ans de prison (archives)
En première instance, Nicolas Zepeda a été condamné à 28 ans de prison (archives)
ATS

Shintaro Obata était interrogé par la cour d'assises de Vesoul en qualité de témoin, en visioconférence depuis le Japon. A l'époque, il était le voisin de chambre de Narumi Kurosaki, le premier à s'inquiéter de son absence prolongée.

Les débats ont longuement porté sur les cris entendus la nuit qui a suivi la dernière apparition publique de la jeune femme, après qu'elle était rentrée dans sa résidence universitaire avec Nicolas Zepeda.

«Je me souviens d'un énorme cri, mais en provenance d'un endroit assez éloigné. Il s'agissait d'un cri féminin», explique Shintaro Obata. Aux enquêteurs, il avait parlé d'un cri provenant du bout du couloir ou du rez-de-chaussée, alors que Narumi Kurosaki et lui résidaient à l'étage.

Ces déclarations ne coïncident pas tout à fait avec la thèse portée par l'accusation pour qui les cris sont ceux de Narumi Kurosaki tuée dans sa chambre par Nicolas Zepeda, juste derrière la cloison de Shintaro Obata. Le témoin est donc questionné à plusieurs reprises par l'avocat général, Etienne Manteaux, sur la précision de ses perceptions et de ses souvenirs.

SMS présentés par la défense

Mais ce n'est pas cet aspect que soulèvent les avocats du Chilien, Renaud Portejoie et Sylvain Cormier. Interrogeant le témoin, Me Cormier revient sur un échange «troublant» de SMS entre Shintaro Obata et Arthur del Piccolo, le petit ami français de Narumi Kurosaki au moment de sa disparition.

Alors que Shintaro Obata s'inquiète de ne plus voir son amie, Arthur Del Piccolo semble vivre cette absence avec détachement, malgré sa relation d'intimité avec la jeune femme. «Je trouve que c'est rigolo en fait. On dirait qu'elle a des trucs à cacher. J'aimerais bien qu'il y ait quelque chose, comme dans les films et tout», écrit alors le Français.

Mais quand l'étudiant japonais entreprend de rédiger une note pour alerter les autorités de la disparition de Narumi Kurosaki, il se fait sermonner par Arthur del Piccolo, qui s'inquiète de savoir si le texte a déjà été présenté. «Je sais que tu veux aider, mais ça pourrait avoir un impact négatif. Je suis dur, mais tu ne dois pas faire ça», écrit-il.

«Pour une raison ou une autre, il était de mauvaise humeur quant au contenu de ce que j'avais écrit», se souvient Shintaro Obata. Une autre note sera finalement transmise aux autorités, mais «Arthur en était le rédacteur principal», précise-t-il.

Harcèlement

Trois autres étudiantes japonaises témoignent. Elles évoquent le harcèlement exercé par Nicolas Zepeda sur Narumi Kurosaki après leur rupture, survenue au début de l'automne 2016. «Elle avait des problèmes avec son ex-copain et avait du mal à se libérer (...). Il la surveillait», indique Kaori Nishida, qui connaissait la victime.

Selon les enquêteurs, grâce à cet accès aux réseaux sociaux de la victime, Nicolas Zepeda avait envoyé des messages depuis le compte de celle-ci, après sa disparition, pour retarder l'ouverture d'une enquête et quitter la France. Le corps de l'étudiante n'a jamais été retrouvé.