SingapourLa dépression, un fardeau estimé à plus de 11,7 milliards de dollars
Relax
27.4.2023 - 18:51
Les troubles de la santé mentale, qu'il s'agisse d'anxiété ou de dépression, peuvent peser lourd sur l'économie d'un pays, ne serait-ce parce qu'ils induisent une baisse de la productivité et une hausse de l'absentéisme. A Singapour, des scientifiques se sont penchés sur le sujet, et chiffrent à 11,7 milliards de dollars américains par an ce fardeau considéré comme l'un des maux du siècle, soit environ 2,9% du produit intérieur brut du pays.
ETX Studio
27.04.2023, 18:51
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Une personne sur huit présentait un trouble mental dans le monde en 2019, soit quelque 970 millions de personnes essentiellement touchées par des troubles anxieux et dépressifs, d'après des données publiées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Des chiffres qui ont considérablement augmenté après le passage de la pandémie de Covid-19, de l'ordre de 26% à 28%, toujours selon l'autorité sanitaire mondiale, et qui nécessitent une attention particulière de la part de l'ensemble des nations, que ce soit en matière de prévention, d'information, de traitement, ou même d'accessibilité aux soins. Au-delà de l'enjeu de santé publique, il s'agit également pour chaque pays de prendre en compte le poids que peuvent représenter de tels troubles. La preuve avec Singapour où l'anxiété et la dépression coûteraient chaque année pas moins de 11,7 milliards de dollars, soit 2,9% du PIB de la cité-Etat, comme le révèle une nouvelle étude menée par des chercheurs de la Duke – NUS Medical School et de l'Institute of Mental Health (IMH).
Publiées dans la revue BMC Psychiatry, ces recherches se basent sur les données d'une enquête réalisée auprès de 5.725 adultes singapouriens, entre avril et juin 2022. Après avoir déterminé la proportion des troubles anxieux et dépressifs dans la population, les scientifiques ont identifié les conséquences de tels problèmes, notamment en matière de dépenses de santé et de productivité au travail. Des résultats qui ont permis de donner une estimation du fardeau économique que pouvaient représenter l'anxiété et la dépression, à savoir près de 3% du PIB. Un chiffre conséquent qui témoigne de l'importance de mettre en place des programmes, à Singapour comme partout dans le monde, pour lutter contre les troubles de la santé mentale.
Une baisse conséquente de la productivité
Dans le détail, l'étude révèle que 14% des adultes sondés présentaient des symptômes dépressifs, et que 15% présentaient des troubles anxieux – un grand nombre étant touché par ces deux troubles de la santé mentale. Parmi eux, seul près d'un tiers (32%) a tenté d'obtenir de l'aide pour se faire soigner, et près d'un quart (24%) a consulté un professionnel de santé avisé. Les chercheurs ont également noté que 13% des personnes concernées par ces problèmes de santé mentale sont allées au moins une fois aux urgences, et que 9% ont été hospitalisées. Ils estiment à 1.050 dollars singapouriens (environ 785 dollars américains) la hausse annuelle des coûts de santé induite pour ces patients.
En parallèle, l'étude révèle que les personnes concernées par ces troubles ont manqué 17,7 jours de travail en plus par an, et ont été 40% moins productives au travail. Des données qui ont permis aux chercheurs d'estimer à 15,7 milliards de dollars singapouriens (11,7 milliards de dollars américains) le coût de cette perte de productivité liée à l'anxiété et à la dépression. Face à ces résultats, les scientifiques préconisent d'améliorer l'accès aux programmes de soutien et aux traitements, d'améliorer les connaissances en matière de santé mentale, et de généraliser la formation des professionnels de santé pour traiter ce type de symptômes.
En 2018, soit deux ans avant la pandémie, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estimait à plus de 600 milliards d'euros le coût total induit par les problèmes de santé mentale dans les pays de l'Union européenne, soit plus de 4% du PIB. Des chiffres censés avoir augmenté depuis le début de la crise sanitaire, qui montrent là encore l'importance d'agir pour prévenir certains troubles et améliorer la prise en charge des personnes concernées.