«Tu seras bientôt abattue» La dessinatrice Coco menacée de mort pour un dessin sur Gaza

AFP

12.3.2024

Tombereau d'insultes, menaces de mort... La dessinatrice française Coco, survivante de la tuerie au journal satirique Charlie Hebdo à Paris en 2015, a dénoncé mardi les violentes attaques la ciblant depuis la publication la veille dans le journal Libération d'une caricature sur la famine à Gaza.

La dessinatrice, qui a rejoint Libération en 2021, vit sous protection rapprochée.
La dessinatrice, qui a rejoint Libération en 2021, vit sous protection rapprochée.
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Le dessin mis en cause, sous la vignette «Ramadan à Gaza» et la légende «début d'un mois de jeûne», montre un Gazaoui squelettique en train de courir après des rats, tandis qu'une femme lui frappe la main en lançant «T-t-t, pas avant le coucher du soleil», au milieu de ruines où l'on distingue la main d'un cadavre.

La caricature «souligne le désespoir des Palestiniens, dénonce la famine à Gaza», bombardée sans relâche par l'armée israélienne et où l'ONU redoute une famine généralisée, «et moque aussi l'absurdité de la religion», a fait valoir Coco mardi sur X.

Elle y a publié un «petit florilège» des menaces de mort la visant elle et sa famille, ainsi que les messages antisémites reçus depuis sa publication.

«Vous n'aurez pas notre haine mais vous la méritez», a notamment commenté sur X la députée La France insoumise (LFI, gauche radicale) Sophia Chikirou, en réaction au dessin, jugé «tout bonnement immonde» par une autre députée LFI, Sarah Legrain.

Sur le même réseau, un internaute lui lance, en anglais, «cours, cours pute... Tu seras bientôt abattue. Toute la famille morte». «Ils auraient dû te liquider le 7 janvier», abonde un autre, en référence à l'attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo en 2015.

La dessinatrice, qui a rejoint Libération en 2021 et vit sous protection rapprochée, a reçu le soutien du quotidien de gauche.

«Nous condamnons, nous dénonçons avec force cette vague de menaces, injures et intimidations, certaines comprenant des menaces de mort que nous prenons très au sérieux», a déclaré à l'AFP Dov Alfon, le directeur de la rédaction de Libération, annonçant un communiqué de «soutien et de solidarité» dans l'édition de mercredi.

«Cette violence ne doit pas être banalisée», a insisté M. Alfon, sans se prononcer sur d'éventuelles plaintes.