Grève des raffineriesTotalEnergies invite les syndicats à des «négociations salariales»
ATS
13.10.2022 - 15:26
La plupart des raffineries françaises étaient toujours en grève jeudi, un mouvement qui affecte fortement la distribution de carburant et pousse le gouvernement à décréter des réquisitions de grévistes, d'autant qu'il menace de s'étendre à d'autres secteurs.
Keystone-SDA
13.10.2022, 15:26
13.10.2022, 19:09
ATS
Jeudi, néanmoins, les grévistes de la raffinerie de l'américain Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer, dans le sud-est de la France, ont décidé de lever le mouvement, quelques jours après un accord entre la direction et deux syndicats majoritaires.
Au total, désormais, cinq des sept raffineries de France sont touchées par des grèves, pour réclamer des hausses de salaires: les quatre du groupe français TotalEnergies et une d'ExxonMobil. Selon le ministère de la Transition énergétique, sept gros dépôts de carburant sont aussi touchés sur environ 200.
30% des stations-service bloquées
D'après la même source, 30% des stations-service étaient bloquées au niveau national jeudi, plus encore dans le nord du pays, mettant les nerfs des automobilistes à rude épreuve.
La syndicat CGT se préparait jeudi à lancer une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle mardi prochain, voulant étendre la grève.
Deux syndicats de la société ferroviaire SNCF ont appelé d'ores et déjà à un mouvement social mardi pour demander des hausses de salaires et protester contre les réquisitions dans le secteur de l'énergie.
Plusieurs centrales nucléaires avaient déjà été touchées mercredi par des mouvements sociaux. Devant les menaces d'élargissement du conflit, le gouvernement a fait pression sur TotalEnergies pour qu'il «augmente ses salaires».
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a souligné que le géant français, qui a engrangé 10,6 milliards de bénéfice au premier semestre grâce à la hausse des prix de l'énergie sur fond de guerre en Ukraine, avait «la capacité» et «donc le devoir» de le faire.
Bonus exceptionnel
Dans ce contexte, TotalEnergies a annoncé jeudi matin un bonus exceptionnel équivalent à un mois de salaire pour ses salariés du monde entier, doublé d'une proposition d'augmentation de 6% en 2023 pour les salariés français en grève depuis 17 jours dans les raffineries.
Le groupe a aussi invité les syndicats à des «négociations salariales collectives» ce jeudi à partir de 20h00, une première depuis le début de la grève lancée par la CGT.
Jusqu'à présent, il conditionnait l'ouverture des négociations à la levée des blocages. Mais malgré la proposition d'un bonus et d'une augmentation de 6% en 2023, les grévistes de l'ensemble des sites ont voté à la mi-journée la reconduction du mouvement.
La CGT doit «se saisir de la main qui a été tendue» pour négocier, a affirmé Bruno Le Maire, alors que le patronat s'inquiète des conséquences de la grève sur la vie économique du pays.
D'autant qu'elle s'ajoute à l'augmentation des prix de l'électricité et du gaz qui fait courir «un risque majeur» à l'industrie française, a estimé M. Le Maire, selon lequel la production industrielle française devrait baisser de 10% au 4e trimestre par rapport au 4e trimestre 2021.
La pénurie de carburant «est une catastrophe», souligne Enzo Rougès, chef d'entreprise dans l'automobile. «J'ai le problème de ne pas pouvoir ouvrir mon magasin tant que je ne suis pas au boulot. J'ai les salariés à la porte, j'ai tout le monde qui m'attend».
Les transporteurs routiers sont «sur le fil du rasoir», certains frôlant la panne sèche, a déclaré à l'AFP le secrétaire général de l'organisation professionnelle Otre, Jean-Marc Rivera.
Mercredi, le gouvernement a mis à exécution ses menaces de réquisitions chez Esso-ExxonMobil, au dépôt de carburant de la raffinerie de Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon(nord-ouest), sommé de rouvrir les vannes.
Et jeudi, il a lancé la réquisition du personnel du dépôt de TotalEnergies de Flandres (nord), bloqué par des grévistes.
Mais sur le terrain, ses réquisitions sont très mal reçues par les grévistes. «On assiste à la dictature macronienne», a réagi auprès de l'AFP Benjamin Tange, de la CGT. «Ce qui se passe, c'est la colère de plusieurs mois, plusieurs années et d'une rupture du dialogue social».