«Bye bye, à dans 17 ans!» La folle saison des cigales s'achève aux Etats-Unis

AFP

24.6.2021 - 07:09

L'une a provoqué un accident de voiture, l'autre a osé atterrir sur le cou du chef de la première puissance mondiale. Après une saison agitée, les fameuses cigales dites périodiques, qui n'émergent que tous les 17 ans aux Etats-Unis, sont en train de quitter les gros titres et la surface de la terre.

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Elles sont sorties par milliards depuis avril et mai dans plusieurs Etats de l'Est américain, comme le Maryland et l'Ohio, ainsi que dans la capitale fédérale Washington.

Pendant des semaines, elles ont vécu comme leurs ancêtres avant elles: sorties du sable à l'état de nymphes après avoir emprunté des tunnels patiemment creusés, dès que la température est montée, elles ont mué, se sont accouplées, ont pondu pour perpétuer l'espèce puis ont trépassé.

Mais pas avant d'avoir maladroitement volé d'arbre en arbre, de s'être heurtées toutes vrombissantes à des humains ou d'être tombées dans leurs assiettes – car la cigale est pataude.

Vedettes de la saison

Peut-être le point d'orgue de la cuvée 2021 aura-t-il été le 9 juin, jour du départ du président Joe Biden pour son premier voyage à l'étranger. On a alors vu le chef de l'Etat chasser l'audacieuse bête venue se poser sur son cou, la projetant au sol. «Attention aux cigales, je viens d'en avoir une, elle m'a eu!», a-t-il plaisanté auprès des journalistes.

La veille, une nuée des insouciants insectes -- si nombreux dans la région qu'ils étaient apparus sur les radars météo -- avait envahi les moteurs de l'avion qui devait transporter les dizaines de reporters accompagnant le président dans sa tournée, clouant l'appareil au sol pendant plusieurs heures. Au final, un autre avion avait dû être affrété.

Et bien que les «cicadas» soient, à l'inverse des criquets, inoffensives, elles peuvent être à l'origine de fâcheux événements. Comme à Cincinnati, dans l'Ohio.

«Historiquement, chaque fois qu'elles émergent, plusieurs accidents de voiture leur sont attribués. C'est la même chose cette année», a écrit la police de la ville le 7 juin sur Facebook.

«Ce soir, un jeune homme (...) a traversé une grosse nuée de cigales au volant. L'une est entrée dans l'habitacle par une vitre ouverte et l'a heurté au visage, le stupéfiant temporairement. Il est ensuite allé s'écraser dans un poteau électrique», a-t-elle ajouté. «Prenez soin de garder vos vitres fermées jusqu'au départ de nos petites amies aux yeux rouges», ont exhorté les forces de l'ordre. 

Questionnements existentiels

L'heure de leur départ, justement, a sonné dans plusieurs régions où on ne les entend plus chanter, et où leurs corps désormais sans vie jonchent les trottoirs. Ce n'est plus qu'une question de temps pour les autres. Pour les entomologistes, c'est le moment de commencer à évaluer la saison.

«En certains endroits, elles semblent avoir élargi leur présence, tandis qu'ailleurs, leur présence a diminué. Cela va prendre du temps de passer en revue les données», explique à l'AFP John Cooley, du département d'écologie et biologie évolutionnaire de l'université du Connecticut à Hartford, qui a lancé un projet de cartographie des cigales.

«Là où les arbres ont été arrachés et des surfaces construites, les cigales sont parties pour toujours. En revanche, là où les terrains agricoles sont redevenus des parcs ou des biens résidentiels, et où des arbres ont été plantés, il y a davantage de cigales», précise Michael J. Raupp, du département d'entomologie de l'université du Maryland.

Quant au réchauffement climatique, «il va certainement les affecter, mais on ne sait pas exactement comment», selon le Dr Cooley.

Pour le professeur Raupp, la hausse des températures va «permettre aux cigales d'élargir leur présence plus au nord», et on pourrait les voir apparaître «plus tôt dans l'année». Autre hypothèse, certaines pourraient émerger tous les 13 ans plutôt que tous les 17 ans, ajoute-t-il.

Les cigales auront en tout cas rythmé ce printemps de l'entre-deux, entre pandémie de coronavirus et libération vaccinale, et parfois poussé à des réflexions existentielles.

Car au moment où les nymphes s'enfouissent sous terre pour passer les deux prochaines décennies à se nourrir du suc de racines d'arbres, et que croît l'inquiétude sur l'état de la planète, difficile de ne pas se demander où en sera l'humanité dans 17 ans. La réponse en 2038, ou peut-être avant.