Le photographe Patrick Chauvel lors de son exposition "50 ans sur la ligne de front" en septembre 2019 à Perpignan
Un journaliste se met à couvert lors d'un bombardement à Irpin, au nord-ouest de Kiev, le 5 mars 2022 en Ukraine
Photo non datée fournie par Fox News du caméraman Pierre Zakrzewski (g) avec des collègues, à Kiev, en Ukraine
Photo non datée fournie par Fox News du caméraman irlandais Pierre Zakrzewski, du reporter américain Trey Yingst et de la journaliste ukrainienne Oleksandra Kuvshynova en Ukraine
La guerre en Ukraine, terrain miné pour les journalistes - Gallery
Le photographe Patrick Chauvel lors de son exposition "50 ans sur la ligne de front" en septembre 2019 à Perpignan
Un journaliste se met à couvert lors d'un bombardement à Irpin, au nord-ouest de Kiev, le 5 mars 2022 en Ukraine
Photo non datée fournie par Fox News du caméraman Pierre Zakrzewski (g) avec des collègues, à Kiev, en Ukraine
Photo non datée fournie par Fox News du caméraman irlandais Pierre Zakrzewski, du reporter américain Trey Yingst et de la journaliste ukrainienne Oleksandra Kuvshynova en Ukraine
Avec cinq journalistes tués en Ukraine en moins de trois semaines, le déploiement d'artillerie lourde et les frappes visant des civils font craindre à la profession un bilan particulièrement lourd, d'autant plus que de jeunes reporters, parfois peu aguerris, affluent pour couvrir cette guerre.
Les risques du métier sont connus. Mais la mort annoncée mardi de deux journalistes de Fox News – le Franco-Irlandais Pierre Zakrzewski, habitué des terrains de guerre, et l'Ukrainienne Oleksandra Kuvshynova-, peu après celle de l'Américain Brent Renaud, illustre «l'extrême dangerosité du théâtre ukrainien», selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian.
La situation sur place est «extrêmement mouvante, changeante, sans ligne de front figée depuis plusieurs jours», confie à l'AFP le reporter Sébastien Georis, envoyé à Lviv par la RTBF, dont les équipes sont invitées à «rester au maximum dans les zones les plus sécurisées».
De retour d'Ukraine, le photographe Patrick Chauvel, 72 ans, qui a suivi une trentaine de conflits, a témoigné d'une guerre «très, très compliquée à couvrir».
C'est un pays, la Russie, «qui en envahit un autre», c'est «très rare», a-t-il expliqué lundi dans l'émission «Quotidien».
Ce sont «des combats d'artillerie (...) Une bombe de 250 kilos, elle a un rayon mortel de 50-60 mètres et ça tombe à peu près n'importe où (...) Les gens sont très paranos, ils ont la gâchette facile», a ajouté le photographe de guerre, évoquant notamment la peur, du côté des Ukrainiens, des «saboteurs» ou «infiltrés» russes.
Autre particularité, le fait que les journalistes semblent être «devenus des cibles», comme l'indiquait récemment à l'AFP le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, alors que le droit international exige des forces armées qu'elles les protègent.
«Est-ce pire que pour d'autres conflits? Difficile» à dire après seulement trois semaines, dit le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Anthony Bellanger, interrogé par l'AFP.
«En revanche, je crains (...) que le bilan devienne plus que macabre», ajoute-t-il, invoquant un «terrain de guerre où l'armée russe bombarde de façon aveugle».
- Indépendants précaires et non-formés -
D'après une source diplomatique européenne, le recours à des supplétifs syriens et tchétchènes par Moscou, «avec un art de la guerre et un respect du droit international humanitaire qui n'est pas tout à fait le nôtre», pourrait encore aggraver la situation.
Au total, depuis le début de l'invasion russe le 24 février, deux reporters étrangers ont perdu la vie, et trois Ukrainiens, dont Evgueni Sakoun, tué dans le bombardement de la tour de télévision à Kiev et son confrère Viktor Doudar, mort pendant des combats près de Mykolaïv (sud), mais pas pendant son activité de journaliste, selon RSF.
Le danger est également présent avec de nombreux «gosses» qui «s'improvisent reporters de guerre», comme s'en est inquiétée sur Twitter Laura-Maï Gaveriaux, correspondante des Echos à Dubaï.
Sans vouloir «accabler» ces jeunes, la journaliste déplore auprès de l'AFP que certains partent en Ukraine sans suivre «de vraies formations à la Croix-rouge», sans assurance, ni matériel.
«En colère», celle qui se mobilise pour faire livrer des gilets pare-balles à des confrères, surpris par l'invasion russe, dénonce aussi la précarité des pigistes, certaines rédactions refusant de financer leur équipement.
Difficile de s'assurer et d'investir 440 euros pour un gilet pare-balles et 660 euros pour un casque sans garantie de voir son travail correctement rémunéré.
Fraîchement arrivé en Ukraine, l'envoyé spécial du quotidien espagnol El Mundo, Lluís Miquel Hurtado, tacle également la responsabilité de certains médias qui «n'investissent plus dans le journalisme».
Reste qu'"on ne peut pas aller la fleur au fusil à Kiev», prévient Clara Marchaud, correspondante en Ukraine pour le Figaro, collaborant également avec l'AFP. Il faut «faire ses devoirs avant d'arriver» pour ne pas prendre un logement près d'une base militaire, par exemple.
L'Unesco, consciente que des «milliers de journalistes» travaillent en Ukraine «souvent sans l'équipement de protection ou la formation nécessaires», en particulier des Ukrainiens «propulsés» correspondants de guerre malgré eux, a annoncé jeudi qu'elle fournirait un premier lot de 125 casques et gilets pare-balles siglés «presse».
Elle s'appuiera pour cela sur le centre récemment ouvert à Lviv par RSF, et sur la FIJ.
D'après RSF, sur les 46 journalistes tués dans l'exercice de leur fonction en 2021, 18 l'ont été sur des zones de conflit.