Vevey «La guerre sur verre» d'Edward Kaprov au Musée de l'appareil photo

nt, ats

23.5.2024 - 18:18

En première suisse, le Musée suisse de l’appareil photographique présente jusqu'au 18 août le travail du photographe Edward Kaprov. En 2022, il s'est rendu en Ukraine pour photographier la guerre sur verre, un choix technique particulier imposant la lenteur.

En reprenant la technique utilisée en 1855 par l'Anglais Roger Fenton pour photographier la guerre en Crimée, Edward Kaprov s'inscrit dans la lignée de l'un des premiers photographes de guerre du 19e siècle.
En reprenant la technique utilisée en 1855 par l'Anglais Roger Fenton pour photographier la guerre en Crimée, Edward Kaprov s'inscrit dans la lignée de l'un des premiers photographes de guerre du 19e siècle.
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Keystone-SDA, nt, ats

L'approche d'Edward Kaprov est «unique et saisissante», relève le musée. Il s'est emparé de la technique historique du collodion humide, qui nécessite de déplacer avec soi son laboratoire et des plaques de verre fragiles. Il a sillonné le Donbass pour photographier les soldats et les civils touchés en première ligne par un conflit pour lui «impensable et insensé».

Une camionnette pleine de matériel, une grande chambre photographique et des temps de quinze minutes pour la préparation, la prise de vue et le développement: à contre-courant de l'immédiateté de la photographie de guerre classique, le procédé impose une lenteur, un recul et une vraie rencontre avec la population.

«Je ne crois pas que la photographie puisse mettre fin à la guerre, mais elle me donne une raison de continuer à faire mon travail. De faire ce que je fais de mieux avec ma souffrance et ma compassion», explique le photographe.

Lien historique

En outre, l'usage du collodion humide tisse un lien historique important. En 1855, l'Anglais Roger Fenton partait photographier la guerre en Crimée avec cette technique à l'époque novatrice.

Edward Kaprov s'inscrit ainsi dans la lignée de l'un des premiers photographes de guerre du 19e siècle et raconte, en substance, la permanence de l'horreur de la guerre malgré l’évolution de l’histoire. «J’ai essayé de juxtaposer le passé et le présent. J'essaie délibérément de confondre le spectateur pour qu'il regarde plus attentivement», précise-t-il.

Aux côtés du travail de Kaprov, l'exposition présente des tirages originaux de grands photographes historiques comme justement Roger Fenton. Mais aussi contemporains telle Sally Mann qui a aussi traité la guerre avec ce procédé.

Idéaux brisés

Edward Kaprov est né en 1975 dans l'ex-Union soviétique avant d'émigrer en Israël au début des années 1990. Pendant plus de vingt ans, il a pratiqué la photographie documentaire en tant que photographe indépendant, collaborant notamment avec le «National Geographic», «Geo» et «El País». A travers ses travaux, il établit des liens entre les idéaux brisés de sa terre d'accueil et ceux de sa patrie d'origine.

De ses reportages sur l'armée israélienne aux manifestations palestiniennes, en passant par les orphelinats de Tchétchénie, le photographe met en lumière l'inhumanité et l'absurdité du monde. Présenté dans l’exposition, son film «Ukraine: un photographe dans la guerre» a reçu le prix Bayeux 2023 catégorie TV Grand Format – Prix international Crisis Group.

Collaboration avec l'EVAM

Enfin, dans le cadre de cette exposition, le Musée suisse de l'appareil photographique collabore avec les foyers de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM). Un projet pilote veut contribuer à l'intégration sociale des personnes migrantes ainsi qu'à leur légitimation en tant que visiteuses d'institutions culturelles. L'entrée est notamment libre pour elles.