Drogues La pandémie accélère «l'uberisation» du trafic 

ATS

9.6.2021 - 12:50

Cannabis, cocaïne, MDMA... Toujours plus puissantes, les drogues sont éminemment disponibles en Europe et la pandémie a accru la «dématérialisation» du trafic et la livraison aux consommateurs, s'alarme l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA).

Keystone-SDA

Toujours plus puissantes, les drogues sont éminemment disponibles en Europe. La pandémie a accru leur hyperdisponibilité, selon un rapport annuel européen (photo symbolique).
Toujours plus puissantes, les drogues sont éminemment disponibles en Europe. La pandémie a accru leur hyperdisponibilité, selon un rapport annuel européen (photo symbolique).
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Malgré quelques pénuries locales et temporaires, le rapport annuel de l'observatoire insiste sur l'adaptabilité des trafiquants dont l'offre a globalement résisté aux restrictions et fermetures de frontières.

Surtout, «la pandémie a accéléré l'uberisation» du marché, résume pour l'AFP Alexis Goosdeel, le directeur de l'observatoire.

Publicité sur les réseaux sociaux, commandes via messageries cryptées, livraison à domicile: déjà à l'oeuvre avant l'apparition du nouveau coronavirus, ces tendances ont été renforcées par la vie confinée.

Le rapport s'inquiète également d'une «augmentation» de l'usage de benzodiazépines, des anxiolytiques détournés de leur usage médical ou imités par certaines drogues de synthèse, possible reflet des «problèmes de santé mentale entraînés par la pandémie».

«Hyperdisponiblité»

Alors que les jeunes et les plus précaires sont particulièrement fragilisés, l'observatoire redoute «l'effet de l'hyperdisponibilité de toutes les drogues» en Europe, explique M. Goosdeel. A long terme, la crise née du Covid-19 peut favoriser leurs consommations et pousser certains vers le trafic.

Le rapport de l'EMCDDA alerte aussi sur les évolutions du marché du cannabis.

D'abord il reste de loin la première drogue utilisée en Europe, avec plus de 22 millions de consommateurs annuels parmi les 15-64 ans. Il est en outre de plus en plus fort: la teneur moyenne en THC de la résine de cannabis saisie par les forces de l'ordre oscille entre 20 et 28%, soit «le double d'il y a dix ans» rappelle M. Goosdeel qui s'alarme de «risques potentiels pour la santé mentale».

Multiples «bad trips»

Le recours aux cannabinoïdes de synthèse inquiète également l'observatoire. Ces molécules produites en laboratoire imitent l'effet planant du THC et sont souvent pulvérisées sur de l'herbe, parfois à l'insu des consommateurs. Coupables de multiples «bad trips», ils ont même parfois provoqué des décès.

Le rapport souligne aussi l'accessibilité sans précédent de la cocaïne. Les saisies européennes, qui explosent chaque année de nouveaux records, ont atteint 213 tonnes en 2019 – dernières données disponibles.

Son abondance nourrit également l'augmentation de la consommation de crack, un dérivé fumable très addictif, dans certains pays comme la France.

L'ensemble des drogues du marché sont de plus en plus produites en Europe même, relève l'observatoire: 3,7 millions de plants de cannabis ont été saisis sur le continent en 2019 et 370 laboratoires clandestins démantelés.