Santé des riverainsLa pollution sonore des avions pourrait favoriser la prise de poids
Relax
11.6.2024 - 14:29
Des chercheurs établissent un lien entre une exposition prolongée aux bruits d'avions et une augmentation de l'indice de masse corporelle aux États-Unis. Une conséquence de la pollution sonore, qui pourrait s'ajouter à la longue liste des effets délétères pour la santé des riverains.
11.06.2024, 14:29
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Pas très agréable d’entendre les avions passer au-dessus de son jardin ou depuis sa fenêtre à longueur de journée. Une situation que les personnes vivant à proximité des aéroports connaissent pourtant bien. Mais cette pollution sonore aurait un effet sur la santé méconnu: elle pourrait favoriser la prise de poids. C’est en tout cas la conclusion des chercheurs de l'école de santé publique de l'université de Boston et de l'université d'État de l'Oregon (OSU) ; qui viennent de publier une étude dans la revue Environment International. Si l'on se fie à leurs conclusions, un bruit d’avion supérieur à 45 décibels pourrait être lié à un indice de masse corporel (IMC) plus élevé et modifié dès l’âge de 18 ans. «Un niveau sonore de 45 décibels (dB) se situe juste au-dessus des sons feutrés d'une bibliothèque (40 dB) et est plus silencieux qu'une conversation typique à la maison (50 dB)», précisent les auteurs des travaux dans un communiqué.
L’étude a été réalisée aux États-Unis, à partir de données récoltées entre 1995 et 2010 auprès de 74 848 infirmières vivant autour des 90 principaux aéroports américains. Les chercheurs ont examiné les niveaux de bruit des avions tous les cinq ans au cours de cette période, en se basant sur un laps de temps de 24 heures, tout en prenant en compte les variations de bruit en fonction du jour et de la nuit. L'évolution de l'IMC à partir de l'âge de 18 ans a également été calculée. Les résultats de l'étude suggèrent que le lien entre la pollution sonore des avions et le risque de prise de poids semble plus marqué chez les personnes âgées que chez les plus jeunes adultes. Des associations plus fortes ont également été observées chez les participants vivant sur la côte ouest des États-Unis, dans les zones au climat aride, ainsi que chez les anciens fumeurs.
«Dans notre monde moderne, le bruit nous entoure continuellement et notre corps ne s'est peut-être pas adapté à cet apport constant de bruit. Le bruit influence les réponses au stress, ce qui peut déclencher une série d'événements susceptibles d'entraîner une augmentation de l'IMC et, plus tard, des maladies», suppose Junenette Peters, co-autrice de la recherche. Si les auteurs de l'étude n'ont pas établi la raison pour laquelle les anciens fumeurs semblent particulièrement concernés, ils émettent toutefois l'hypothèse concernant les disparités régionales. «Les participants à l'étude vivant dans l'ouest sont peut-être plus exposés au bruit des avions en raison de l'ouverture des fenêtres ou du type de logement, qui permettait au bruit de pénétrer davantage».
Si cette étude choisit une approche innovante en explorant un lien entre l'exposition au bruit des avions et l'obésité à l'échelle nationale aux États-Unis, elle est en revanche loin d’être la première à pointer les effets délétères de la pollution sonore des aéroports sur notre santé. La nuisance sonore de l'aviation est notamment associée à des troubles du sommeil ou à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires, telles que l'hypertension et le diabète. Une recherche française publiée en 2020 a par ailleurs établi un risque de plus forte mortalité par infarctus du myocarde chez les habitants des communes les plus exposées au bruit des avions.